Nicolas Sarkozy dégaine son plan pour la jeunesse

Séverine Tavennec Publié le
Lors d’un discours à Avignon, Nicolas Sarkozy a annoncé une série de mesures en faveur de la jeunesse, qui fait l'impasse sur la question du logement. Coût du plan : 500 millions d’euros.

Pas de surprise parmi les mesures phares attendues sur l’insertion professionnelle des jeunes : Nicolas Sarkozy a en effet confirmé l’extension du RSA (Revenu de solidarité active) aux moins de 25 ans. Il sera ainsi réservé aux jeunes qui ont travaillé deux ans sur une période de trois ans.

Un droit à la formation ou à l'emploi créé pour les 16-18 ans

Sinon, le chef de l’Etat donne « une priorité absolue » aux jeunes en rupture avec le système éducatif et entend « mener une guerre sans merci contre le décrochage scolaire ». Il a ainsi annoncé qu’un droit à la formation ou à l'emploi sera créé pour les 16-18 ans qui quittent le système scolaire avec l’obligation pour l'Etat de leur assurer un suivi, des conseils et une offre de formation et/ou d'emploi.

Un service public de l’orientation sera aussi mis en place et un livret de compétences sera expérimenté qui valorisera l’extra-scolaire. D’autre part, le dispositif Civis (Contrat d'insertion dans la vie sociale) qui accompagne les jeunes de 16 à 25 ans déscolarisés sera augmenté.

Les apprentis bénéficieront des mêmes avantages que l'étudiant

Le président de la République a également lancé l’idée d’un financement des études d’un jeune dans le cadre d’un « prérecrutement » par les entreprises en invitant patronat et syndicats à négocier sur le sujet. Des plates-formes régionales seront mises en place (11 actuellement à titre expérimental) chargées de repérer les jeunes, les recevoir, les informer et leur faire des offres. Le chef de l’Etat a confirmé également que les stages hors cursus seront interdits en précisant qu’il n’accepterait pas « que le stage devienne un sous-statut ». Il a évoqué aussi la  revalorisation du statut de l'apprenti, qui bénéficiera désormais des mêmes avantages que l'étudiant (voir les réactions de l'UNI et de la Fage dans l'encadré).

Trois types de dotations seront expérimentés

Sur la question de l’autonomie financière des jeunes, un dixième mois de bourse sera versé aux étudiants dont les cursus se sont ou vont s'allonger sur dix mois. Concernant l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS), son montant sera doublé à 200 € pour les jeunes, à partir de 2010. D’autre part, trois types de dotations seront expérimentés : 8 000 jeunes de 18 à 25 ans, souhaitant être autonomes, se verront attribuer 3 000 € pendant deux ans maximum pour financer certaines dépenses (formation…) mais leurs parents devront renoncer aux allocations familiales. 8 000 jeunes de 18 à 25 ans en difficulté bénéficieront d'un revenu garanti d'environ 250 euros par mois s'ils signent un accord de formation ou acceptent un emploi et enfin 6 000 jeunes de 16 à 18 ans bénéficieront d'une aide maximale de 2 500 euros s'ils reprennent une formation.

10 000 jeunes pourront effectuer un service civique

Par ailleurs, sur le chapitre de l’engagement des jeunes, le président a annoncé que 10 000 jeunes auront la possibilité d’effectuer un service civique « reconnu et valorisé », dès 2010. « L’objectif étant de parvenir à 10 % d’une classe d’âge, soit 70 000 jeunes », a précisé le chef de l’Etat. Parmi les autres mesures sont prévues : la création d'un conseil représentatif de la jeunesse et une prémajorité à 16 ans pour permettre à un jeune de créer une entreprise, de présider une association ou en être le trésorier.

La question du logement : grande absente

Rappelons que toutes ces mesures s'inspirent du Livre vert , publié en juillet 2009, qui regroupait  57 propositions issues de quatre mois de débats au sein de la commission sur la Jeunesse, présidée par le Haut Commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch. Reste un grand absent à ce plan et non des moindres : le logement sur lequel la commission avait avancé plusieurs pistes. Dur, dur quand on sait que nombre d’étudiants sont encore en attente d’une solution de logement en cette fin du mois de septembre…

Élargissement des droits des étudiants aux apprentis : réactions de l’UNI et de la FAGE

Claire Guichet, présidente de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes)

« Nous sommes satisfaits que le président de la République propose pour la première fois une tentative de politique cohérente pour la jeunesse. En revanche, même si le principe est bon, nous sommes sceptiques sur l’élargissement des droits des étudiants aux apprentis. D’autant que des disparités subsistent toujours, en matière de bourses notamment, entre les étudiants qui relèvent des régions (kinésithérapeutes, soins infirmiers…) et ceux qui sont rattachés à l’enseignement supérieur. Et nous voyons mal comment il serait possible d’élargir l’accès à la mobilité européenne à tous les apprentis alors que celui-ci n’est toujours pas démocratisé chez les étudiants. »

Rémi Martial, délégué national de l’UNI (Union nationale interuniversitaire)
« Tout le monde le dit : il faut valoriser l’apprentissage. Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy traduisent ces mots en acte. Il s’agit d’une révolution d’équité. Et ce n’est pas parce que des différences subsistent entre étudiants qu’il ne faut pas élargir leurs droits aux apprentis. Plus largement, nous apprécions la volonté forte du chef de l’Etat de définir une nouvelle politique de la jeunesse qui tourne le dos à l’assistanat. Nous sommes néanmoins réservés sur le financement envisagé pour la dotation
d’autonomie. Nous n’adhérons pas à l’idée de transférer au jeune une aide jusque là accordée aux familles. Nous resterons vigilants sur cette question »

Propos recueillis par Isabelle Maradan.

Séverine Tavennec | Publié le