Mardi 18 décembre 2018, Open Digital Education annonce un investissement de 2 millions d’euros réalisé par Educapital, fonds d’investissement spécialisé dans l’éducation et la formation et Impact Partenaires, société de gestion à vocation sociale.
Cette levée de fonds permet au réseau social de renforcer l’équipe existante et d’accélérer son développement, en particulier à l’international. À cette occasion, Open Digital Education souhaite renforcer sa mission sociale en favorisant l’implémentation de ses solutions sur les réseaux d’éducation prioritaire et en agissant en faveur de la réduction de l’illectronisme.
Pouvez-vous présenter Open Digital Education ?
C'est le premier réseau social éducatif français dédié aux écoles, collèges et lycées. Nous mettons à disposition un réseau sécurisé sur lequel la communauté éducative peut échanger, créer des contenus et partager des informations.
Notre volonté est avant tout de rendre l’élève acteur de son apprentissage. À travers des solutions simples et intuitives, nous souhaitons ouvrir aux élèves un terrain de création de contenus interactifs afin qu’ils y développent un usage responsable du numérique et des réseaux sociaux.
Créé il y a huit ans à Paris, Open Digital Education a bâti sa réputation sur cette vision pédagogique et collaborative de l’ENT (Espace numérique de travail). Aujourd’hui, le réseau rassemble 4,5 millions d'utilisateurs et est utilisé dans 21 pays (Brésil, Etats-Unis, France, Japon, Mexique…) au travers de deux solutions, l'une pour les écoles primaires et l'autre pour les collèges et lycées, disponibles dans six langues (allemand, anglais, espagnol, français, italien et portugais).
Pourquoi misez-vous sur le collaboratif depuis le début ?
Le numérique éducatif était trop souvent utilisé dans une logique verticale ou "top-down" de diffusion de contenus vers les élèves. Dès le départ, nous avons pensé nos solutions de manière à ce qu’elles se fondent avant tout sur la créativité et le travail collaboratif.
Nous mettons à disposition des applications intuitives, avec l’objectif de diffuser des usages spontanés et accessibles au plus grand nombre. L’enjeu est de placer l’élève dans une logique de contribution et d’interaction active avec son environnement.
Par la pratique, les élèves acquièrent ainsi des compétences les préparant à la vie active (collaboration à distance, communication, agilité, adaptation et créativité…) et les parents s'impliquent davantage dans la scolarité de leurs enfants.
Voici une illustration avec ce reportage réalisé le 12 décembre 2018 en Nouvelle-Calédonie : on note la remarque d’une enseignante calédonienne : "C’est un outil extraordinaire pour l’enseignant, qui change sa façon d’enseigner. Il devient d’une certaine façon spectateur du travail des enfants, tout en étant acteur en amont, et donne l’impression de ne pas contrôler tout en contrôlant."
Pouvez-vous nous en dire davantage sur vos ambitions à l’international ?
Nos premières démarches de développement à l’international ont été lancées il y a plusieurs années avec le soutien d'opérateurs tels que Business France, BPI et Cap Digital.
Elles nous ont permis d’évaluer l’intérêt que notre dispositif suscitait sur d'autres marchés. Nous rencontrons ainsi un accueil très favorable de la part des acteurs de l’éducation, publique et privée, en Amérique latine (Brésil, Colombie, Mexique).
Notre ambition est de renforcer notre capacité à nous implanter sur ces nouveaux marchés en développant rapidement notre réseau de partenaires et notre présence locale.
Par ailleurs, la mise en réseau de la communauté éducative prend une dimension particulière lorsque nous parvenons à faire interagir des élèves de différents pays au travers d’une correspondance numérique sur le réseau social éducatif.
A Aix-en-Provence par exemple, les élèves de primaire communiquent avec d’autres écoliers scolarisés à Tokyo, au Japon, à travers notre plate-forme, et ces projets de mise en relation se multiplient.
Comment êtes-vous impliqués dans la protection des données personnelles et scolaires ? Travaillez-vous avec des acteurs comme Google ?
Nous proposons un cadre sécurisé pour l’éducation, où l’on retrouve les mêmes codes qu’à l’extérieur de l’école, mais dans lequel chaque enseignant peut exercer sa pédagogie et aider les élèves à tirer le meilleur de ce que peut offrir le numérique… et à en éviter les pièges.
Nos solutions sont conformes au cadre réglementaire défini par le ministère de l’Éducation nationale – le SDET (Schéma directeur des espaces numériques de travail), à la Cnil, qui encadre le traitement de données à caractère personnel, et au RGPD (Règlement général sur la protection des données), mis en œuvre par l'Union européenne depuis mai 2018.
Nous n'affichons aucune publicité et n’exploitons d’aucune manière les données de nos utilisateurs qui sont, et ce point est important, hébergées en France. Notre politique partenariale nous oriente avant tout vers des acteurs respectueux de ces principes de confidentialité et de protection des données.
Pouvez-vous nous détailler vos collaborations avec les collectivités locales ?
Notre plateforme est aujourd'hui utilisée à grande échelle. Nous travaillons en partenariat avec :
• Des villes de taille diverse pour le primaire : Aix-en-Provence, La Ciotat, Caen, Laon, Soissons, Palaiseau, Troyes ou encore la Ville de Paris…
Au total plus de 30.000 classes utilisent la plate-forme ONE dédiée aux élèves d'écoles primaires ;
• Des départements qui généralisent notre plate-forme NEO pour leurs collèges : l’Essonne, la Seine-et-Marne, etc., parfois dans une logique de continuité pédagogique entre l'école primaire et le collège notamment à Paris et dans la Somme ;
• Des régions (telles que l’Île-de-France ou le sud des Haut-de-France) et des académies (Nantes, Mayotte, Martinique, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie) qui déploient nos offres à très grande échelle.
Grâce à un cadre technologique ouvert diffusé sous licence libre, chaque porteur de projet peut personnaliser sa plate-forme et partager de nouvelles applications avec la communauté éducative.
La Région Île-de-France a ainsi mis à contribution ses lycéens au travers du hackathon "Code ton lycée", lancé en partenariat avec l’école solidaire d’apprentissage du code Simplon.
Nous avons proposé aux lycéens de s’initier au code en imaginant de nouvelles applications pour leur réseau social collaboratif. Ce projet a suscité une participation massive de la communauté éducative et l’application lauréate développée sera prochainement ouverte à tous les lycéens de la région.
Sur quels projets travaillez-vous avec l’Éducation nationale ?
Dès son origine, le réseau social éducatif est né d’une concertation avec le ministère de l’Éducation nationale, la participation de deux laboratoires de recherche (le GRePS et le Liris) et de deux académies pilotes (Caen et Versailles) ainsi que d’un ensemble de collectivités partageant une vision nouvelle, plus participative, du numérique éducatif (la communauté Open ENT NG).
Nous travaillons par ailleurs avec les académies pour accompagner le déploiement de nos solutions sur le terrain.
Enfin, la plate-forme sert de point d’accès unique à tous les contenus disponibles pour les établissements, en particulier les ressources pédagogiques proposées par le ministère et ses partenaires (au travers par exemple du GAR, Gestionnaire d’Accès aux Ressources, ou des BRNE).
Quelles actions menez-vous dans les territoires dits "sensibles" ?
Nous menons actuellement différentes actions sur des territoires sensibles et travaillons à une stratégie bien plus ambitieuse que nous dévoilerons dans les prochains mois...
Un exemple concret que je peux vous partager : à la rentrée scolaire 2019, dans l'état du Minas Gerais, au Brésil, nous ouvrirons notre plate-forme à Equale, une ONG locale qui accompagne près d'un millier d'étudiants issus de familles à faibles revenus en les préparant aux concours d'entrée aux universités fédérales du pays.
En s'équipant de nos solutions, cette organisation pourra non seulement mettre en réseau l'ensemble de ses étudiants et enseignants, répartis sur l'ensemble du territoire, mais aussi faciliter la création et la diffusion de supports pédagogiques.
Comment analysez-vous le marché des EdTech ?
Il offre une large diversité de solutions numériques pour tous les besoins de l’éducation, donnant naissance chaque année à de nouveaux projets et services souvent très créatifs et couvrant des domaines variés : apprentissage des langues, du code, orientation des élèves, ressources numériques... Tous ne trouvent pas de débouchés car le Web regorge de contenus et l’accès au marché est relativement difficile.
L’enseignant "butine", il recherche surtout des outils simples et intuitifs pour intégrer des contenus riches en provenance de différentes sources, pour les "bricoler" ou les agencer dans une logique pédagogique propre et de les diffuser au plus grand nombre… C’est là que nous intervenons.
Quelles sont vos ambitions sur ce marché ?
Nous avons déjà mis en place plusieurs partenariats afin de lancer sur nos réseaux des projets innovants auprès de la communauté éducative.
Cette année, nous travaillons étroitement avec le CRIPS (Centre de prévention santé auprès des jeunes) afin de s’appuyer sur le réseau pour diffuser plus facilement des informations sur la santé et rendre les élèves acteurs de campagnes de prévention.
Enfin, nous souhaitons poursuivre ces logiques partenariales et enrichir le réseau social de nouvelles offres de contenu, notamment sur des thématiques comme l’orientation, l’apprentissage des langues ou encore l'éducation artistique et culturelle.