Orientation postbac : l'impact décisif du lycée d'origine

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D'après une étude du Cereq, les élèves des lycées les plus favorisés ont plus de chance de faire des études longues et sélectives. Le choix du lycée a un effet aussi important que celui de l'origine sociale de l'élève.

Les parents ont-ils raison de vouloir essayer de caser leur enfant dans un lycée doté de classes préparatoires ? Une famille modeste du 93 a-t-elle intérêt à envoyer son enfant dans un lycée du XVIème arrondissement de Paris ? Oui,  deux fois oui, répond une étude du Céreq (Centre d'études et de recherche sur les qualifications) intitulée « Orientation après le bac : quand le lycée fait la différence » *.

Un élève de condition modeste a plus de chance de choisir des études longues et une classe préparatoire s’il est scolarisé dans un établissement favorisé. Ainsi, un garçon de terminale ES, de niveau social moyen, sans mention, fera 3,1 années d’études s’il est dans un établissement défavorisé et 3,5 années d’études s’il est dans un établissement favorisé.

« Le choix d’un lycée a un effet aussi important que celui de l’origine sociale et vient même annuler le désavantage lié à des origines modestes », précise Nadia Nakhili du laboratoire des sciences de l’éducation de université de Grenoble, auteur de l’étude. 

Mieux vaut être dans un lycée qui a une prépa... pour y rentrer
    
L’influence du lycée ne s’arrête pas au nombre d’années d’études, mais aussi au choix des études. A niveau scolaire et social égal, un élève d’un établissement favorisé aura près de 30 % de chance de plus de s’orienter vers une classe préparatoire que ses homologues de lycées défavorisés. Le chiffre atteint même les 80 % quand le lycée favorisé est en plus doté d’une classe préparatoire ! 

Pourquoi ? Pour Nadia Nakhili, il s’agit d’abord « d'un effet d’émulation ». Un lycéen de niveau scolaire moyen et de milieu modeste se montrera plus ambitieux dans un lycée peuplé de "riches"que s'il est dans un lycée défavorisé. Tout simplement parce qu'il aura envie de suivre ses camarades.

Les profs sont plus ambitieux pour leurs élèves dans les lycées favorisés
    
Ensuite, plus dérangeant, les enseignants n’enseigneraient pas de la même façon selon qu’ils sont dans un établissement favorisé ou non. « Plus concrètement, ajoute la chercheuse, dans les lycées favorisés, ils formuleraient plus d’encouragements et seraient plus optimistes quant à la réussite ultérieure des élèves". Ainsi, les enseignants auraient un impact important sur le choix d’études de leurs élèves. Ils sont même, d’après elle, « au cœur du processus de prise de décision concernant l’orientation ». Et à l’inverse, être dans un lycée défavorisé peut « brider les élèves les moins favorisés. »

Il faudrait mieux répartir les classes prépas sur le territoire

Quelle conclusion apporter ? « S’il on veut réduire les inégalités, il faudra rééquilibrer la composition sociale des lycées, et rééquilibrer l’offre des classes préparatoires sur le territoire », affirme en substance Nadia Nakhili qui ajoute : « car même si le choix des études est le fruit d’histoires individuelles, l’organisation du système éducatif y est aussi pour beaucoup."


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