Pécresse lance son plan d'investissement immobilier pour les campus

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Valérie Pécresse vient de lancer officiellement le plan Campus désormais baptisé « Opération Campus ». D’ici la fin 2008, 10 campus doivent être sélectionnés. Objectif : créer des « lieux de vie », fédérer les grands campus mais aussi acquérir une visibilité internationale.

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse a présenté le 6 février 2008 en conseil des ministres, les modalités de l’appel à projets et le calendrier de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’Opération Campus » (ex-plan Campus). Elle en a également profité pour dévoiler les membres du comité de personnalités qui sélectionneront les projets.  

Premier constat. Entre l’appel à projet et le lancement opérationnel, un an va s’écouler. Les établissements candidats doivent remettre leurs notes d’intentions avant la fin avril. Fin mai, les premiers sites seront sélectionnés. Un deuxième appel à projets aura lieu avant l’été 2008. Comme l’avait annoncé le président de la république, Nicolas Sarkozy et dans l’esprit du rapport Attali, 10 sites seront sélectionnés. De juin à novembre 2008, les lauréats devront finaliser leur projet. Puis après une dernière évaluation, le lancement opérationnel aura lieu début 2009.  

Une gestion contrainte des 5 milliards d’euros  

Les premiers travaux ne sont donc pas pour tout de suite même si au ministère de l’Enseignement supérieur, on a déjà une petite idée des sites où injecter l’argent : Toulouse 2-Le Mirail au titre des campus dégradés, le plateau de Saclay (Essonne-Yvelines) et la cité des humanités et des sciences sociales à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour les campus créés ex nihilo.  

Surtout les 5 milliards d’euros promis par Nicolas Sarkozy, ne sont pas encore dans les poches de l’Etat…Ainsi faut-il rappeler qu’en décembre dernier, la vente de 2,5% du capital d’EDF n’avait rapporté « que » 3,7 milliards d’euros. Durant l’intervalle entre la tonitruante annonce présidentielle et la mise en vente effective d’une partie du capital d’EDF, le titre avait baissé de 3%. Un milliard d’euros s’était perdu en spéculation. Le ministère des Finances procédera donc dans les jours qui viennent à une nouvelle session de titres pour atteindre les 5 milliards. Mais ce n’est pas tout…  

Le journal Les Echos rappelait en décembre 2007 que les produits des opérations de cession d’actifs sont obligatoirement cantonnés à un compte spécial dont l’utilisation est limitée par des règles très strictes. Pour pouvoir affecter les milliards d’EDF au budget courant, il faudra « au minimum », une dérogation légale en loi de finances 2009 ou en loi de finances rectificative 2008. Le lancement opérationnel ne pouvait donc démarrer que début 2009.  

8 membres pour un comité  

Jamais avare de comité, le gouvernement a choisi 8 personnalités « indépendantes, expérimentées et ouvertes sur le monde » pour sélectionner les différents projets qui parviendront au ministère de l’Enseignement supérieur. Il s’agit d’un attelage hétéroclite de chercheurs, directeurs d’établissement, patrons de groupe privé ou parapublic, haut-fonctionnaires.

S’y retrouvent Guy Aubert, physicien, ancien directeur général du CNRS, Hubert Blanc, conseiller d’Etat honoraire, ancien préfet de région, Catherine Cesarsky,  astrophysicienne, Jean-Lou Chameau, président de Caltech (Los Angeles) et ancien président de Georgiatech (Atlanta), Jacques Glowinski, chercheur de l’Inserm, spécialiste de neuropharmacologie, Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF, Gilles Pélisson, directeur général du groupe Accor et Robert Lacroix, ancien président de l’université de Montréal.  

Quatre grands critères

La philosophie de « l’Opération Campus » répond à deux objectifs : créer des « lieux de vie » et fédérer de grands campus pour accroître leur visibilité internationale. Mais aussi s’appuyer sur l’existant en répondant « aux situations immobilières les plus urgentes ».  

Le ministère de l’Enseignement supérieur a défini un cahier des charges et quatre grands critères de sélection. Tout d’abord « l’ambition pédagogique et scientifique du projet ». Celle-ci sera jugée à « l’aune des standards internationaux » comme le rayonnement de la recherche, l’insertion professionnelle, l’ouverture internationale. Viennent ensuite l’urgence de la situation immobilière et « la capacité à optimiser le patrimoine immobilier », « le développement d’une vie de campus » et enfin le caractère « structurant et innovant » du projet pour le territoire.

Le recours au PPP 

Pour financer le plan immobilier, il sera fait appel à des partenariats public privés (PPP) « qui s’appuieront sur un contrat global incluant l’investissement et la maintenance des bâtiments sur une longue durée ». Le PPP répond notamment à un objectif de « rapidité » de mise en œuvre et « d’encouragement des relations entre les établissements d’enseignement supérieur et le secteur privé », selon le ministère de l’Enseignement supérieur. Les universités devraient également bénéficier de l’aide de la CDC (caisse des dépôts et consignations) qui a promis d’y injecter 150 millions d’euros par an.  

Selon les chiffres fournis par la Rue Descartes, le quart des locaux universitaires ne répond pas aux normes de sécurité incendie, 15% des locaux sont inadaptés à l’enseignement et à la recherche et certains locaux n’ont pas été rénovés depuis 20 ou 30 ans. « La seule mise aux normes de l’ensemble des bâtiments universitaires est estimée à 12 milliards d’euros », commentait, récemment pour Educpros, un président d’université fraîchement retraité.  

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