Portraits d’universitaires dans tous leurs états

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« Les universitaires, ne craignons pas de le dire d’emblée, font un métier de princes… », c’est par ces mots que débute le livre d’André Cabanis et Michel Louis Martin : l’universitaire dans tous ses états (Klincksieck, septembre 2010).

Des princes que les auteurs n’épargnent pas, dans un essai de 170 pages, qui dresse le portrait de plusieurs types d'enseignants-chercheurs. Certains sont tire-au-flanc, d’autres rongés par le trac... Tous ont l’art de trouver des bonnes excuses pour ne pas être là où on les attend, qu’il s’agisse d’enseigner, de faire de la recherche, d’encadrer des doctorants ou de publier.

Des experts de la procrastination

Un chapitre très drôle est d’ailleurs consacré à tous les arguments possibles (le dépassement épistémologique, la non congruence statistique, la lacune documentaire, la malignité informatique…) pour ne jamais rendre un livre promis à un éditeur, jusqu’à ce que ce dernier se sente, in fine, coupable d’avoir voulu recueillir en texte tout fait « pour se donner la gloire et les profits d’une publication » !

Sur l’enseignement qui « fut  toujours – l’on n’ose plus trop utiliser le temps présent – la dimension la plus noble de la vocation universitaire », André Cabanis et Michel Louis Martin, eux-mêmes professeurs d’université, répertorient quelques profils stéréotypés : le maestro, le dilettante ou encore le dur didacticien…

Le portrait du dur didacticien

Le dur didacticien, par exemple, est « toujours very busy, dans la salle des enseignants avant son cours, potassant ses notes sur son portable, autrefois c’était des fiches cartonnées de couleur, ou discutant avec un collègue du dernier logiciel pour ses cours en ligne ».

Sur le plan pédagogique, il effectue toujours ses prestations « dans un environnement technique destiné à en renforcer l’impact. Autrefois, il était limité par la force des choses : d’abord craies de couleur pour le tableau noir, puis transparentes pour rétroprojecteur, avec en poche un jeu d’ampoules en cas de panne. Aujourd’hui, c’est le feu d’artifice offert par les nouvelles technologies numériques : histogrammes en relief, camemberts fluos, diagrammes en arêtes de poissons (…). Ces présentations sont préparées avec un soin de miniaturiste sur le portable qu’il traîne partout avec lui dans l’une des multiples sacoches qui lui battent les fesses, sauvegardées sur les clefs USB qu’il porte en sautoirs comme un primitif ses grigris ».

Il débarque aussi en salle de cours avec pleins de dossiers à distribuer à tel point qu’il « épouvante les services de reprographie » et devient « la peste des femmes des ménages qui retrouvent toute cette abondante paperasse dans les poubelles… ».

Mais attention la carrière des durs didacticiens ne finit pas forcément bien, à l’instar de celle d’autres spécimens d’enseignants-chercheurs répertoriés par les auteurs, et qui seraient tous présents, sous une forme plus ou moins caricaturale, dans les universités françaises.

A lire également la chronique de ce livre sur fac-story, le blog de Céline Manceau : les enseignants-chercheurs : "des nantis facultaires" .

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