Présidentielle : le match entre les programmes de Macron et Le Pen pour l'enseignement et la recherche

Amélie Petitdemange Publié le
Présidentielle : le match entre les programmes de Macron et Le Pen pour l'enseignement et la recherche
Le 24 avril Marine Le Pen et Emmanuel Macron s'affrontent lors du deuxième tout de la présidentielle 2022, EducPros décrypte leur programme pour le supérieur. // ©  SARAH MEYSSONNIER / REUTERS
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 10 avril. Les candidats de La République en marche et du Rassemblement national ont remporté respectivement 27,8% et 23,1% des suffrages. Quelles sont leurs propositions pour l'enseignement supérieur et pour la recherche ? EducPros fait le point.

Parcoursup, réforme du bac, système de bourse... quels sont les engagements d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen en faveur de l'enseignement supérieur et la recherche ? Si certaines pistes sont évoquées, les acteurs du secteur regrettent que le supérieur ne soit pas l'une des priorités des candidats.

Enrichir ou supprimer Parcoursup

Pour les lycéens, Emmanuel Macron souhaite évidemment conserver Parcoursup mais s'engage à rendre la plateforme "plus prévisible en donnant les résultats précis des années précédentes et en accompagnant mieux les familles". Il s'engage aussi à ouvrir les places nécessaires dans les filières du supérieur "qui correspondent aux besoins de la nation", notamment des BTS, BUT, et licences professionnelles.

De son côté, Marine Le Pen souhaite supprimer la plateforme. Un non-sens pour François Germinet, président de la commission de la formation et de l'insertion professionnelle de France Universités (ex-CPU). "Supprimer Parcoursup revient à ce que l'on a connu il y a 25 ans : des étudiants qui déposent un dossier pour chaque université, font la queue pendant des heures. Le système actuel est le plus efficace. Les lycéens seront stressés quoi qu'il arrive, car c'est une période stressante". Il pointe par ailleurs l'absence de proposition alternative au Rassemblement national.

Abroger ou faire évoluer la réforme du bac

Marine Le Pen souhaite également abroger la réforme du baccalauréat pour revenir aux anciennes filières. L'épreuve serait remplacée par un "examen terminal national". "A part dire qu'elle supprime ce qui a été fait avant, je ne vois pas de vision dans ses propositions. Les filières du bac avaient généré une surpuissance de la S. Des étudiants qui voulaient faire de la littérature ou des sciences politiques étaient poussés vers les maths et la physique alors que ce n'était pas leur projet. Avec cette réforme, on leur permet de se spécialiser dès la seconde et de dessiner leur poursuite d'étude en conséquence", affirme François Germinet.

Toujours au lycée, de son côté Emmanuel Macron veut réintroduire les mathématiques dans le tronc commun de l'enseignement général. Il propose aussi des demi-journées "Avenirs" de la 5e à la 3e pour découvrir des métiers afin de mieux orienter les jeunes et de lutter contre l'auto-censure.

Développer l'apprentissage, faire évoluer les programmes

Le candidat-président souhaite par ailleurs une "grande réforme du lycée professionnel", touché selon lui par un taux d’échec trop important, et développer l'apprentissage. Des propositions saluées par France Universités.

Marine Le Pen veut quant à elle "la définition systématique, par la loi, du contenu des enseignements", validé en amont par le ministre de l’Education. Elle entend supprimer "l’enseignement des langues et cultures d’origine [ELCO], véritable insulte à la culture de l’assimilation".

Augmenter les salaires des professeurs

Concernant les professeurs, Emmanuel Macron veut renforcer leur formation pour qu'ils puissent "s'approprier les meilleures innovations pédagogiques". Il propose d'augmenter le salaire de ceux qui prendront en charge de nouvelles missions, comme un suivi plus individualisé des élèves pour l'aide aux devoirs.

Marine Le Pen promet quant à elle de revaloriser leur grille indiciaire de 3% par an pendant le quinquennat. Elle souhaite par ailleurs supprimer les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation créés en 2019. Les futurs enseignants admis au Capes seraient directement formés par des pairs au sein des établissements scolaires.

Renforcer l'autonomie des universités

Sur le pan de l'enseignement supérieur, Emmanuel Macron souhaite renforcer l'autonomie des universités "pour en faire des opérateurs de recherche à part entière afin d'atteindre les standards internationaux", et leur permettre "d'être plus attractives, en attirant les meilleurs talents internationaux". Une poursuite de sa politique déjà engagée qui convient à France Universités.

Concernant la recherche, Macron veut investir dans la recherche fondamentale à hauteur de 25 milliards d’euros sur dix ans à travers la loi de programmation pour la recherche.

Réformer le système de bourses ou créer un chèque formation

Il plaide également pour une refonte du système des bourses, qu'il promet depuis des années. Pour lutter contre le non-recours, il pense à automatiser les aides comme les APL. Enfin, il prévoit un revenu d’études pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois pour les étudiants en situation de handicap.

Marine Le Pen propose de son côté un "chèque formation" bénéficiant aux jeunes et aux entreprises. Accessible à tous les 18–25 ans, il représenterait une hausse de 230 euros de la rémunération mensuelle pour tous les moins de 18 ans et de 330 euros pour les 18–25 ans.

Priorité nationale pour le logement

Sur la question du logement étudiant, Marine Le Pen veut donner une "priorité nationale" aux jeunes Français. Une proposition inquiétante pour la politologue Armelle Le Bras-Chopard. "Si les étudiants étrangers ne peuvent plus se loger, ils ne viendront plus. Or c'est une richesse pour le pays et c'est une façon de créer des alliances avec des universités étrangères". Un point également soulevé par François Germinet : "nous avons des accords de réciprocité : si nous n'accueillons plus les étudiants étrangers, nos étudiants ne partiront plus à l'international".

Le supérieur, un oublié de la campagne ?

Pour François Germinet, le programme d'Emmanuel Macron est davantage en faveur de l'enseignement supérieur et offre plus de garanties quant à la liberté académique. Cela dit, il regrette que l'enseignement prenne si peu de place dans les programmes des deux candidats.

Un avis partagé par Armelle Le Bras-Chopard. "Le programme de Macron touche principalement à son bilan, Marine Le Pen parle à peine de Parcoursup, et aucun des deux n'envisage un RSA jeune ou une garantie jeunes", souligne la politologue. Si le débat a porté sur l'école, le supérieur reste, cette année encore, un des oubliés de cette campagne.

Amélie Petitdemange | Publié le