Publics lycéens ciblés : une communication sur mesure

Publié le
Ouverture sociale, attractivité des filières scientifiques, montée en gamme… Les objectifs des grandes écoles et des universités sont variés lorsqu’elles démarchent des publics ciblés. Après les lycéens de ZEP, d’autres profils sont visés comme les lycéens technologiques, les lycéens en réorientation ou encore les lycéens français de l’étranger. Leur approche rime avec sur mesure.

« Conventions d’éducation prioritaire », « Une grande école : pourquoi pas moi ? »… Les grandes écoles sont entrées dans la communication ciblée en visant en premier lieu les lycéens de ZEP. L’objectif ? « Le but originel et principal est évidemment de lutter contre les injustices sociales », explique Damien Cornu, président de l’association Tremplin , soutenue par l’École polytechnique, l’école normale supérieure de Paris, Télécom ParisTech et l’ENSAE ParisTech. « Mais il y a aussi un intérêt de formation des étudiants-tuteurs, qui s’exercent à enseigner. Et puis cela s’accorde avec la volonté générale des écoles de s’ouvrir à la diversité », poursuit-il. Un souci d’image donc également.

S’agissant de la méthode d’action vis-à-vis de ces lycéens, l’association mise sur le terrain. « Rien ne vaut le contact direct. Il faut aller à leur rencontre pour leur donner le goût des études et leur prouver qu’ils sont capables de réussir. Nous organisons des séances d’approfondissement scientifique, des parrainages et octroyons des bourses », mentionne-t-il.



Aller chercher les lycéens peu convoités


D’autres publics, traditionnellement exclus des études supérieures ou de certaines filières, font l’objet d’attentions particulières. Ainsi, la faculté des sciences de Paris 11 s’intéresse notamment aux lycéens… non scientifiques. Une année spéciale, la PCSO (préparation aux cursus scientifiques), permet à 120 bacheliers L, ES ou technologiques d’intégrer une licence scientifique et de devenir médecin ou ingénieur. « Peut-on exiger qu’à 16 ans tous les jeunes sachent vers quelles études, voire quels métiers, ils veulent se diriger ? s’interroge Yan Picard, le responsable du cursus. Je pense que tous n’en sont pas capables. Nous sommes là pour réparer les erreurs. » Concernant l’effort de communication, il est minime. « Nous ne prenons pas le temps de le faire. Mais nous avons 700 demandes chaque année uniquement par le bouche-à-oreille et notre présence sur admissionpostbac. Notre but n’est pas de recruter les meilleurs élèves, mais d’accompagner ceux qui ont souhaité nous rejoindre dans leur processus de réorientation. »

À l’université Bordeaux 1, c’est un par un que l’on va chercher un autre public peu convoité, les lycéens technologiques. « Attention, ce n’est pas pour les recruter à tout prix, mais pour bien les informer, insiste Isabelle Rondot, directrice du département licence. Nous rencontrons par exemple des jeunes issus de STSS qui veulent devenir vétérinaire, alors que c’est impossible ! Nous envoyons à chacun un mail nominatif leur proposant de nous rencontrer pendant l’année de terminale pour discuter de leur projet d’études et professionnel, leur conseiller des filières ou des méthodes de travail, éventuellement leur recommander une remise à niveau. Si on fait du chiffre en L1 mais qu’on mène les étudiants à l’échec, ça n’a aucun intérêt. »

Miser sur les publics méconnus

La frange d’élèves qui intéresse particulièrement Armand Derhy, le directeur de l’ESG Management School, ne fait pas partie à proprement parler des « exclus », mais plutôt des « oubliés » : il s’agit des lycéens français de l’étranger. « C’est un public conséquent parce qu’il y a 260 établissements dans le monde, souligne-t-il. De plus, les élèves n’ont souvent pas la possibilité de poursuivre après le bac dans ces structures, ils sont donc en demande de solutions. Enfin, étant donné notre programme international, ces jeunes avec une expérience à l’étranger ont un parcours très intéressant. » Au-delà de la communication en ligne – « très efficace particulièrement auprès de ces jeunes » –, Armand Derhy n’hésite pas à se déplacer en personne dans ces lycées ou les salons internationaux pour vanter son école. « L’idée n’est pas de recruter que des lycéens de l’étranger, mais d’augmenter le nombre d’inscrits au concours pour nous offrir encore plus de chances de recruter les meilleurs étudiants », relève-t-il.

Se faire connaître en inventant des filières d’excellence

Recruter les étudiants les plus brillants, c’est aussi le challenge de l’université Paris 13. Avec un handicap particulier. « Exister à côté d’écoles ou d’universités très connues, sur un territoire où la poursuite d’études est moins évidente qu’ailleurs », résume Johanne Ferry-Dély, responsable de la communication. La tactique consiste à créer ses propres filières d’excellence. « Nous avons noué des partenariats avec certains lycées pour des classes prépas en commun. C’est le cas avec le lycée Gustave-Monod d’Enghein-les-Bains ou le lycée Louise-Michel de Bobigny. Les élèves sont un ou deux jours par semaine à l’université. Ils s’adaptent à l’environnement, découvrent les cursus et, à la fin de la prépa, ils peuvent décider de rester chez nous. Cela nous permet de nous faire connaître », relate-t-elle.

Qu’il s’agisse de lycéens très convoités ou traditionnellement délaissés, l’enjeu est de trouver le moyen de communication adapté. Pour intéresser et si possible fidéliser.

Lire la suite du dossier

À l’université, étudiants riment avec financements

ESG : une communication de plus en plus « geek »

| Publié le