Rapport Pochard : les enseignants très sceptiques

Fabienne Guimont Publié le

A la veille de son entretien avec le ministre de l’Education nationale, le SNES-FSU a rendu publics le 16 avril 2008 les résultats du sondage commandé à l’institut CSA sur l’opinion des enseignants du secondaire concernant les orientations du rapport Pochard. Conclusion : rien de moins qu’une provocation qui pourrait  relancer la mobilisation des enseignants si l'idée venait à Xavier Darcos de s'en inspirer pour réformer le métier d’enseignant…A moins qu'il n'ait pas envie en ce moment de provoquer encore davantage de remous dans les lycées...

Le moral miné

Les réponses au questionnaire envoyé à 500 enseignants du public dresse en préalable un état du moral des enseignants : miné. 93 % des sondés se sentent dévalorisés dans leur profession. On peut difficilement faire mieux…sauf parmi les plus anciens dans le métier, avec un pourcentage de 95 % ! Conjointement à cette détérioration, plus de la moitié des enseignants souhaitent avoir la possibilité de travailler ailleurs dans la fonction publique et 44 % se disent même prêts à l’envisager tout de suite.

Le rapport Pochard déphasé

Interrogés sur certaines des préconisations du rapport Pochard, « les enseignants se montrent réservés, pour ne pas dire sur certains points ouvertement hostiles. Il y a une forme de désespérance et d’incompréhension entre les attentes des enseignants et les propositions Pochard », concluent les auteurs du sondage. Refus d’annualisation du temps de service (à 65%), refus de l’allongement du temps de présence dans l’établissement, refus des heures supplémentaires (à 65%), refus de diminuer les horaires de cours en lycée même pour diminuer les maxima de service des enseignants (à 75%).
 
Gagner plus, plutôt que travailler moins

Les deux tiers des enseignants privilégient une revalorisation de leur rémunération avant de revendiquer une baisse de leur charge de travail. Avec un rejet à 70 %, les heures supplémentaires ne sont pas la solution envisagée. Les solutions du rapport Pochard (nouvelles indemnités…) font moins l’unanimité contre elles, avec 44 % d’enseignants s’y montrant défavorables et 88 % favorables concernant la transformation de la hors-classe comme nouvel échelon de carrière.

A la recherche de repères

La lecture des résultats du sondage laissent aussi peu de place à l’ambiguïté sur l’opinion des enseignants concernant les nouvelles modalités d’exercice du métier. Plus de trois sur quatre s’opposent à la bivalence. En revanche ils approuvent à 68 % l’idée de créer un conseil pédagogique dans les établissements…mais sont beaucoup plus réservés sur leurs modalités de mise en œuvre. Les marges de manœuvre supplémentaires laissées potentiellement au chef d’établissement tout comme le transfert des décisions au niveau local (horaires enseignements, contenu des programmes) sont très largement réprouvés.

Le nombre de postes d'abord

La rencontre avec Xavier Darcos demain risque de ne pas être sereine pour parler des chantiers sur la réforme du métier enseignant…avant même de parler de celle du lycée. «Comment rentrer dans la réforme des lycées sans que la question du nombre de suppressions de postes soit tranchée. Est-ce que 17000 d’emplois dans l’Education nationale à la rentrée 2009 sont effectivement prévus lorsqu’on parle d’un fonctionnaire sur deux non remplacés ? On veut une réponse », tonne Daniel Robien, co-secrétaire général du SNES-FSU, parlant de « sentiment de colère massive, non contrôlable ».

Fabienne Guimont | Publié le