Reconfinement : la crainte d’une dégradation des conditions d’études dans le supérieur

Etienne Gless Publié le
Reconfinement : la crainte d’une dégradation des conditions d’études dans le supérieur
Le Premier ministre, Jean Castex, lors de la conférence de presse détaillant les conditions du reconfinement. // ©  Eric TSCHAEN/REA
La Conférence des présidents d’université s’alarme du basculement des cours en distanciel et dénonce une inégalité de traitement avec les élèves de classes préparatoires qui continueront d'étudier en présentiel.

"Pour les universités et établissements d’enseignement supérieur la règle sera le distanciel", a confirmé le Premier ministre, Jean Castex, ce jeudi en début de soirée lors de la conférence de presse du gouvernement précisant les modalités du nouveau confinement entré en vigueur ce vendredi.

Les nouvelles règles pour le supérieur

Les cours magistraux et travaux dirigés devront donc à nouveau être assurés en ligne. "Seuls les travaux pratiques et les enseignements professionnels nécessitant du matériel spécialisé pourront se poursuivre en présentiel", a ajouté le chef du gouvernement. Néanmoins, "les examens et concours pourront se tenir mais avec un protocole renforcé".

Comme lors du premier confinement, les restaurants universitaires ne pourront proposer que des repas à emporter. "Les bibliothèques universitaires seront ouvertes sur rendez-vous et dans le respect d’une jauge", a encore détaillé Jean Castex. "Les activités de recherche doivent se poursuivre en télétravail quand c’est possible mais également en présentiel quand cela ne l’est pas".

Le premier confinement a aggravé les inégalités

Le basculement attendu dans le distanciel des cours à la fac inquiète déjà. "Cette mesure va frapper de plein fouet les étudiants de première année qui ont déjà souffert d’une année de terminale très difficile", a réagi la Conférence des présidents d’université (CPU) dès jeudi soir après les annonces de Jean Castex. Les présidents d’université s’alarment du nouveau risque d’accroissement des inégalités entre des étudiants "armés sociologiquement pour surmonter cette nouvelle épreuve et les plus fragiles qui risquent de décrocher irrémédiablement".

Et le risque est réel et non négligeable : publiée en septembre 2020, l’enquête de l’observatoire de la vie étudiante (OVE) portant sur le vécu des étudiants lors du premier confinement montre qu'il a accru la précarité financière des étudiants les plus modestes et détérioré leur santé psychologique et sanitaire.

Ainsi un jeune sur trois confie avoir connu un épisode de détresse psychologique durant le premier confinement. Et le basculement à distance des cours a rendu les études plus difficiles pour une majorité absolue d’étudiants. Parmi les difficultés rencontrées par les étudiants, la difficulté à organiser son temps et son travail personnel (51%), une bonne connexion Internet (39%) à égalité avec le manque d’interaction avec d’autres étudiants (39%) ou le manque de calme pour travailler (28%).

Au total, note l’étude de l’OVE, seuls 14% des étudiants déclaraient n’avoir connu aucune difficulté à étudier durant le premier confinement. Et la majorité (51%) avouait même avoir moins travaillé pendant cette période.

Étudiants de prépa favorisés ?

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé que les étudiants de classe préparatoires aux grandes écoles (CPGE) ou les élèves de BTS auront leurs cours en présentiel. Pour les cours se déroulant au lycée, c’est en effet le nouveau protocole renforcé de l’Éducation nationale qui s’appliquera à partir du 2 novembre.

La CPU n’a d’ailleurs pas tardé à dénoncer un "deux poids, deux mesures" en découvrant que les classes préparatoires pouvaient rester ouvertes. "Souvent bondées les classes préparatoires accueillent des élèves de milieux sociaux plus favorisés. Rien ne peut justifier en dehors d’un réflexe sociologique de reproduction un tel traitement“, dénonce la conférence.

Une chose est sûre : comme au premier semestre, les conditions du confinement seront un facteur déterminant de la réussite des études. C'est sans doute pour cette raison que la ministre Frédérique Vidal a justifié l'importance d'avoir privilégié une rentrée en présentiel à l'université, dans une interview sur Public Sénat, ce vendredi 30 octobre. "C’est méconnaitre l’enseignement que de dire qu’il n’aurait pas fallu faire une rentrée universitaire en présentiel", a observé la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.

"Les étudiants avaient besoin de retrouver les enseignants et les enseignants de retrouver leurs étudiants, de refaire du lien, y compris pour préparer une période comme celle dans laquelle nous allons entrer où les choses se feront à distance". Reste à présent à tout mettre en œuvre pour limiter la casse de ce second confinement...

Etienne Gless | Publié le