Réforme du lycée : la pression monte pour un ajournement

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Réforme du lycée : la pression monte pour un ajournement
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La réforme du lycée de Darcos verra-t-elle le jour dès la rentrée 2009 ? La rumeur enfle de toutes parts, en dépit des démentis formels du ministère.

Elle enfle, elle enfle la rumeur... Depuis la fin du Salon européen de l’éducation, le bruit court que Xavier Darcos, le ministre de l’Education nationale, pourrait accepter le report de la réforme du lycée, notamment concernant la mise en place de la nouvelle seconde prévue pour la rentrée 2009. L'entourage du ministre dément formellement, mais la multiplication des pressions en dit long sur le mécontement ou, au moins, l'inquiétude, des différents acteurs.

Chefs d'établissement, parents, syndicats

Ils viennent de toutes parts. De la part les chefs d’établissements, peu enthousiastes à l’idée de devoir composer des emplois du temps à tiroirs. De la part des associations de parents d’élèves qui s’interrogent sur l’orientation des jeunes, alors que le flou reste total en ce qui concerne le cycle terminal.

De la part des syndicats, qui insistent depuis le départ sur le fait qu’il faut prendre plus de temps pour mener la réforme. Le SNES-FSU (syndicat majoritaire du secondaire), qui sera reçu le 4 décembre 2008 au ministère, assure « ne pas avoir d’informations directes et concrètes », pour le moment. L’UNSA Education et le SGEN-CFDT ont également obtenu des rendez-vous avec le ministre d’ici la fin de la semaine. Indice de la volonté du ministre de calmer le jeu : Xavier Darcos a modifié son agenda pour recevoir les représentants syndicaux.  

Les professeurs de SES versus Xavier Darcos, le retour  

La pression vient également des enseignants de sciences économiques et sociales, qui reviennent à la charge. Le 3 décembre 2008, l’APSES (Association des professeurs de sciences économiques et sociales) a appelé à la grève nationale. Des centaines de personnes (1500 selon les organisateurs, 600 selon la police) ont manifesté à Paris. Le but : protester contre une réforme qui pourrait provoquer « un risque de tarissement de la série ES et de fusion avec les STG (sciences et techniques de gestion) ».

Aujourd’hui, près d’un lycéen sur deux choisit les SES comme option en seconde. Avec la réforme, les enseignants craignent que les sciences économiques – qui ne font pas partie du tronc commun – subissent de plein fouet la concurrence avec des enseignements scientifiques, proposés en « modules d’exploration ». Les professeurs s’inquiètent également de savoir si un élève pourra choisir les sciences économiques au second semestre s’il ne l’a pas fait en début d’année. 

Le ministre se pose des questions  

Résultat : sous la pression, Xavier Darcos « se pose la question » d'introduire de « l'économie » (exit l’aspect social) dans le tronc commun de la future seconde. Pourquoi un tel revirement ? D’une part parce que le ministre croit « qu'il est important de mieux comprendre la crise et la marche du monde », d’autre part parce que, le 15 novembre 2008, les lycéens « ont demandé à avoir de l'économie lors d'une journée de rencontre entre le ministre et 600 d’entre eux », a déclaré le ministère.

Ce serait, pour l'heure, la seule modification envisagée. Une ligne qui n'a guère de raisons de changer avant janvier et le probable remaniement ministériel.

La fronde des SES

En octobre 2008, les professeurs de SES avaient déjà pris la tête de la contestation anti-réforme aux côtés de leurs collègues de sciences. Les assemblées générales et les courriers aux parents d’élèves s’étaient alors multipliés. Encore plus en amont, le rapport Guesnerie, critique - sur certains aspects - à l’égard de l’enseignement de la discipline, ou les propos du ministre sur les « débouchés incertains » de la filière ES, avaient mis le feu aux poudres. 

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