Paris 2 revient vers Sorbonne universités contraint et forcé

Camille Stromboni Publié le
Paris 2 revient vers Sorbonne universités contraint et forcé
Université Paris 2 - Assas - 2012 // ©  Camille Stromboni
Après avoir claqué la porte de Sorbonne universités, envisagé un rapprochement avec l’Institut catholique de Paris, puis ouvert des discussions avec Paris 1, l'université Paris 2 prévoit finalement de s'associer... à sa communauté d'origine ! Une décision qui n'a "aucun sens si ce n'est de respecter la loi", selon le président d'Assas, Guillaume Leyte. Explications.

Guillaume LeyteParis 2 est l'une des dernières universités à ne pas avoir déterminé avec quels autres établissements elle allait s'unir, dans le cadre de la politique de regroupements instaurée par la loi "Fioraso". Vers quelle décision vous orientez-vous ?

Notre communauté va se prononcer sur l’opportunité d’une association avec la communauté “Sorbonne universités” [qui réunit l’université Pierre-et-Marie-Curie et l’université Paris Sorbonne - Paris 4, notamment]. Une assemblée générale des personnels est organisée le 18 novembre 2014, les enseignants seront réunis le lendemain et un conseil d’administration se prononcera le 26 novembre.

Vous avez pourtant récemment envisagé d’autres options, comme l’ICP [Institut catholique de Paris] puis l’université Paris 1. Pourquoi cela n’a-t-il pas abouti ?

Concernant l’ICP, il y a eu des oppositions en interne, tandis que le ministère ne soutient pas cette possibilité, nous l’avons donc mise de côté. L'université Paris 1 a souhaité ouvrir les discussions avec nous. J’ai répondu positivement, à titre personnel. Mais d’après ce que nous avons compris, le ministère est totalement opposé à une évolution du paysage universitaire francilien. Il ne veut absolument pas que ça bouge. Paris 1 a donc préféré renoncer à cette option.

Pourquoi souteniez-vous ce rapprochement avec l'éternelle rivale du Panthéon-Sorbonne ? La question des doublons en droit n'était-elle pas problématique ?

Nous avons beaucoup de formations très proches et la conjonction de nos forces en droit me paraissait justement très pertinente, bien plus que la concurrence actuelle. Quant aux doublons, nous avons des promotions de taille assez égale, nous aurions pu doubler nos effectifs en développant des codirections de formation sans aucun problème, au contraire.

Cela aurait permis de faire émerger une très grande université juridique, la première de France, avec une forte visibilité à l’international.

Après avoir claqué la porte de Sorbonne universités, vous décidez in fine de vous y associer. Pourquoi ?

Tout simplement parce que les autres possibilités ne se sont pas concrétisées. Il n’y a, à mon sens, aucune logique, il s’agit seulement de respecter une loi qui contraint au regroupement, sans tenir compte de la réalité universitaire. C’est une obligation institutionnelle qui n’a pas de sens.

Je ne peux dire si dans dix ans, on considérera que c’était une bonne idée ou la pire des réformes, mais il me semble que pour donner du sens à une démarche, il valait mieux partir de la base, des projets, plutôt que de commencer par imposer la structure.

Il n’y a, à mon sens, aucune logique, il s’agit seulement de respecter une loi qui contraint au regroupement, sans tenir compte de la réalité universitaire.

Qu’espérez-vous néanmoins de ce rapprochement avec l'UPMC et Paris Sorbonne (Paris 4) ? Que comptez-vous faire ensemble ?

Le moins possible. Le PRES (pôle de recherche et d’enseignement supérieur) n’a pas fonctionné, nous l’avons quitté [en septembre 2013] parce que nous étions dans l’impasse et que nous nous sentions phagocytés par d’autres institutions. Je ne vois donc pas ce que nous allons faire de plus ensemble.

Nous nous engageons à envisager des coopérations. C’est surtout quelque chose qui va satisfaire le ministère, plutôt que de susciter l’enthousiasme chez nous.

Allez-vous réintégrer l’Idex [Initiative d’excellence] de Sorbonne universités ?

La situation juridique n’est pas encore très nette. Mais notre Idex prévoyait un schéma intégrateur, voire fusionnel : je préfère perdre ces quelques dotations plutôt que l’autonomie de mon établissement.

Ce soutien financier nous serait évidemment utile, mais si le prix à payer est de faire disparaître une université qui fonctionne, la question mérite d’être posée. Et ce sont les conseils de Paris 2 qui en décideront. Pour l’instant, nous envisageons de nous associer à la Comue, sans référence à l’Idex.

Quid du contrat de site, que Sorbonne universités a déjà signé, avec notamment 45 "emplois" à la clé ?

Il faut que nous signions le "volet spécifique" pour Paris 2, c’est-à-dire notre contrat d’établissement, d’ici à fin 2014. Pour le reste, je ne sais pas comment cela va se passer par rapport au volet commun de Sorbonne universités, c’est encore flou.

Camille Stromboni | Publié le