Les « bachelors » allemands ont raccourci la durée des études... Le processus de Bologne a notamment eu pour conséquence, outre-Rhin, de propulser plus vite
les étudiants dans la vie active, pourtant réputés prendre leur temps. L’introduction des filières bachelors (trois années d’études, contre quatre auparavant en théorie) a en effet contribué à réduire la durée des études. Alors que pour les cursus traditionnels les étudiants allemands dépassent en moyenne le temps imparti de plus de trois semestres, les détenteurs d’un bachelor n’excèdent – selon une étude de la HRK (Hochschulrektorenkonferenz, conférence des présidents d’université) – la durée normale que d’un semestre (au total 6,9 semestres, contre 6,3 en règle générale). Seul hic à la réforme, leur niveau ne satisfait pas encore pleinement leurs futurs employeurs.
... mais peinent encore à convaincre les recruteurs. Selon la troisième enquête effectuée par le CHE (Centrum für Hochschulentwicklung, centre de recherche
sur l’enseignement supérieur) depuis l’introduction du processus de Bologne en coopération avec les DRH de quarante-trois entreprises allemandes, les universités allemandes ne préparent pas suffisamment leurs bachelors à la vie professionnelle. Cette analyse, qui porte sur les capacités à s’adapter à un contexte professionnel et sur les compétences méthodologiques, fait apparaître d’importantes lacunes chez les diplômés d’université. Il en est tout autrement des bachelors issus des Fachhochschulen (équivalents des IUT) qui font état de davantage de connaissances du terrain. Sur les trente et un établissements d’enseignement supérieur dans les disciplines économiques et techniques sélectionnés parmi les 550 ciblés par l’étude, seuls deux relèvent de l’université.
Il s’agit de la faculté de construction mécanique deSiegen et de celle d’informatique économique à Münster. Des facultés très renommées comme celle de Tübingen ou encore la RWTH d’Aix-la-Chapelle se retrouvent en revanche en queue de peloton. « Les universités traditionnelles se cantonnent encore trop souvent à l’enseignement de compétences théoriques, seules quelques-unes ont su développer des projets spécifiques aux filières bachelors et exigent de leurs étudiants des activités personnelles », constate Gero Feder keil, auteur de l’étude du CHE.
Les PME-PMI désarçonnées. Les résultats du CHE rejoignent ceux de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie, qui signale qu’un tiers des entreprises restent très « critiques » sur le niveau des bachelors. Si les grands groupes industriels connaissent le niveau par le biais de leurs filiales étrangères,
les PME-PMI habituées jusqu’alors à recruter des équivalents bac + 4 ont quelques difficultés à s’adapter. « Si ces entreprises souhaitent embaucher en recherche et développement, il faut qu’elles visent les masters », déclare, lapidaire, Margret Wintermantel, présidente de la HRK. Les universités de leur côté imputent ces lacunes à la réduction de la durée des études qui rend plus difficiles les stages à l’étranger par exemple et comprime l’enseignement théorique. D’ailleurs, comme le remarquent certains professeurs, le but de la filière bachelor est davantage de préparer les étudiants au master qu’à la vie professionnelle...
La déclaration de la Sorbonne, il y a dix ans MF |