Qu’est-ce qui caractérise la région Aquitaine en matière d’enseignement supérieur et de recherche ?
Tout d’abord la profonde modernisation des universités, mais aussi des écoles d’ingénieurs, etc. avec une ouverture vers l’extérieur. Il y avait un retard à rattraper : l’université, comme la région d’ailleurs, étaient quelque peu renfermées sur elles-mêmes. L’université est désormais au cœur de l’attractivité de l’Aquitaine. Notre point fort est le projet d’une grande université bordelaise, avec le rapprochement des établissements en cours.
Quelles sont les particularités régionales concernant les filières de formation ?
Nous avons de nombreuses filières stratégiques, dans les domaines des matériaux, de la physique, de la chimie, des neurosciences, du bois, etc. Nous sommes très axés sur les sciences exactes, et l’une des évolutions de notre région est l’attention particulière portée aux sciences humaines. Il faut obtenir un équilibre : le progrès, s’il n’est pas compris et maîtrisé, n’est pas accepté. Notre priorité, ce sont ainsi les sciences humaines, mais aussi la vie étudiante ou encore notre action contre le décrochage universitaire.
Concernant la filière du vin, la situation est paradoxale. Nous avions laissé partir toute la recherche en vigne et vin vers Montpellier, en raison notamment de la confiance dans le succès du bordeaux. Mais c’est une illusion : il est en crise depuis plusieurs années. Il a fallu recréer et regrouper les équipes dans la région, notamment avec notre Institut européen des sciences de la vigne et du vin. Nous sommes également en discussion pour l’implantation d’une école Supagro à Bordeaux. (lien vers article de VB EPLFLA).
Qu’est-ce qui distingue l’action du conseil régional dans ce secteur ?
Notre région investit massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche depuis dix ans. C’est un peu unique en France : nous consacrons 10 % du budget à ce secteur, quand la moyenne nationale est de 2,5 % environ. C’est un choix politique. On ne peut pas être dans une Europe qui a perdu des milliers d’emplois industriels, qui se retrouve en concurrence avec la Chine, et se laisser vivre. L’investissement d’avenir, c’est l’enseignement supérieur et la recherche. Concernant la vie étudiante par exemple : nous avons construit l’an dernier 30 % du logement étudiant de France en Aquitaine.
Région et enseignement supérieur : les craintes d’Alain Rousset
La région peut-elle mener une véritable politique dans l’enseignement supérieur ?
« Il est possible d’avoir une vraie politique, l’Aquitaine l’a montré. Mais cela a ses limites : la compétence est en effet entre les mains de l’État et nos moyens financiers sont faibles. Demain avec les conseillers territoriaux prévus par la réforme des collectivités, il sera impossible de tenir cette politique car chacun voudra avoir des effets visibles dans son canton. Et vous n’inaugurez pas une politique d’enseignement supérieur et de recherche avec les rubans et les ciseaux ! »
Alain Rousset : son parcours
Président du conseil régional d’Aquitaine depuis 1998, réélu en 2004 puis en 2010, Alain Rousset, 59 ans, est député (socialiste) de la Gironde depuis 2007. Président de l’ARF (Association des régions de France) depuis 2004, ce diplômé de Sciences po Paris est cocréateur et président depuis 1989 de la Cité scientifique et technologique de Pessac-Bordeaux-Unitec. Il préside, depuis 2002, l’association Priorité TGV Sud Europe Atlantique. Ancien maire de Pessac, il a également présidé la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux) de 2004 à 2007.
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Crédit photo : Hervé LEFEBVRE - Région Aquitaine
