SPECIAL Formations artistiques. Séverine Nomdedeu (directrice de l’ESAA) : « Nous voulons aider les designers à démontrer leur valeur économique »

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Alors que s’ouvre le Salon des formations artistiques de l’Etudiant à Paris du 28 au 29 janvier 2011 , Séverine Nomdedeu, directrice de l’ESAA (École supérieure d’arts appliqués) de Troyes (groupe ESC Troyes), revient sur les évolutions de son école de design.

Comment l’ESAA a-t-elle évolué ces dernières années ?

Au début, l’école ne délivrait que des BTS. En 2005, le groupe ESC (école supérieure de commerce) de Troyes en a vu les limites, et nous avons créé un diplôme de design à bac + 5. Nous nous étions entourés de professionnels, qui ont été unanimes sur les faiblesses du BTS. C’est un diplôme trop court, qui ne permettait pas de grande liberté pédagogique. Il y avait un référentiel imposé, qui ne s’adaptait pas aux métiers du design. Et nous voulions ajouter un côté managérial, marketing, grâce à l’ESC Troyes dont l’école fait partie. Cela nous permettait d’insuffler une culture de l’entreprise. Ainsi, les étudiants suivent des cours d’économie, de droit et de gestion dès la première année. La culture économique représente 25 % de la formation en première année. En France, les métiers du design et du marketing sont très séparés. L’idée était d’aider les designers à démontrer leur valeur économique, de leur donner une dimension supplémentaire pour faciliter leur insertion, pour leur permettre de créer leur activité en free-lance, très importante dans le design. C’est un secteur gros pourvoyeur en PME (petites et moyennes entreprises). Nous avions constaté que les élèves de BTS avaient énormément de mal à créer leur entreprise.

Et comment vous situez-vous par rapport aux écoles des beaux-arts ?

C’est très différent. Nous ne formons pas des artistes, mais des professionnels. Chez nous, les étudiants acquièrent une expérience professionnelle plus importante, avec une approche très concrète. Ils effectuent un an et demi de stage sur cinq ans. En deuxième année, ils travaillent sur des projets soumis par des entreprises. On leur apprend très tôt à devenir des professionnels. Ils maîtrisent les derniers logiciels d’infographie. Les étudiants des écoles de beaux-arts sont davantage formés sur le plan conceptuel.

Que faites-vous pour la reconnaissance de l’école, en particulier à l’international ?

L’école possède un réseau de onze universités partenaires à l’étranger. Les étudiants de quatrième année y suivent un semestre complet dans une école de design. Elle ne fait pas encore partie du réseau Cumulus (association internationale des universités et collèges d’art, de design et des médias), car elle n’est pas assez connue. C’est une école toute jeune. C’est comme le titre inscrit au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), ce sera notre grand projet cette année. Mais notre priorité est surtout d’obtenir la reconnaissance des professionnels.

Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le