Stéphane Cassereau (Mines de Nantes) : “Il était urgent de se positionner sur les levées de fonds”

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Stéphane Cassereau (Mines de Nantes) : “Il était urgent de se positionner sur les levées de fonds”
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L’École des mines de Nantes officialise aujourd’hui, mardi 21 septembre 2010, le lancement d’un fonds de dotation dont l’objectif est de récolter dix millions d’euros sur cinq ans. Une manière d’asseoir les ressources de l’école et de pérenniser son plan de développement. Stéphane Cassereau, son directeur, en explique les enjeux à Educpros, dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Entretien.

Quels sont les objectifs du fonds de dotation que vous officialisez aujourd’hui ?
Ce fonds va nous permettre de renforcer notre partenariat avec des industriels sur le long terme et de créer un club d’entreprises autour de l’école. Une quinzaine d’entre elles sont déjà investies, comme l’Andra, Areva, Daher, EDF, Europe Technologie, Séché Environnement et Sodifrance. Nous travaillerons avec elles en profondeur et pas seulement sur des actions ponctuelles. À terme, nous aimerions que 30 à 50 entreprises prennent part à ce fonds de dotation. Le niveau d’engagement ne sera pas le même selon les programmes auxquels elles décideront de participer, mais le ticket d’entrée minimal sera de 25 000 euros par an. Notre objectif est de récolter dix millions d’euros sur cinq ans. À ce stade, quatre millions d’euros sont d’ores et déjà acquis.

À quoi vont servir les fonds récoltés ?
À accompagner le développement de la formation et de la recherche, à contribuer à l’internationalisation de l’école, à l’égalité des chances… Les programmes financés par le fonds de dotation s’accordent avec le plan de développement de l’école et permettent de sécuriser nos ressources. La stratégie élaborée en 2008 prévoyait un doublement des ressources propres de l’école sur dix ans. En 2008, 70 % de notre budget provenait de l’État et 30 % d’autres ressources. Aujourd’hui, nous sommes à 60-40, et dans quelques années, le rapport sera inversé. Le fonds de dotation entre totalement dans cette perspective. À terme, nous pourrons également recruter des personnes en CDI sur ressources propres.

“Renforcer notre partenariat avec des industriels sur le long terme et créer un club d’entreprises autour de l’école”

Pourquoi avoir choisi de monter un fonds de dotation plutôt qu’une fondation ?
Les fonds de dotation répondent aux mêmes mécanismes que les fondations, mais ce sont des structures plus simples et plus souples. Leur statut date de 2008. Ils se créent comme une fondation et permettent de collecter de l’argent sur des projets spécifiques. C’est avant tout un véhicule pour collecter des financements de la part des entreprises.

Comment vous êtes-vous organisés pour récolter ces fonds ?
Tout se fait en interne. Nous avons mis en place une direction des relations industrielles transverses à la formation et à la recherche. Elle comprend un service “grands comptes” chargé de suivre les entreprises partenaires. Les industriels sont très sensibles au suivi que nous mettons en place. Ce n’est pas pour rien que nous utilisons les termes du privé. Un vrai changement de culture au sein de l’école.

Entre la crise économique d’un côté, et les lancements tous azimuts d’initiatives de fundraising par les établissements d’enseignement supérieur de l’autre, comment faites-vous pour convaincre les entreprises d’investir dans votre école plutôt qu’une autre ?
C’est vrai, la concurrence sur la levée de fonds s’accroît entre les établissements d’enseignement supérieur. La crise économique, elle, a ralenti les prises de décisions dans les entreprises, notamment sur les montages de chaires. Il faut donc être les premiers et proposer une offre pertinente. Avec ses 14 ans d’existence, l’École des mines de Nantes ne compte pas encore un réseau d’anciens très étendu. Nous devons donc passer par d’autres voies. Nous avons d’abord travaillé sur les chaires, en mettant en avant nos spécificités, sur le nucléaire notamment. Une première a été signée avec l’Andra, EDF et Areva sur les déchets nucléaires début 2010, une deuxième vient d’être actée avec Daher sur les matériaux avancés. Nous souhaitons en ouvrir entre cinq et sept dans les années qui viennent.

Pourquoi ne pas avoir participé à une fondation commune aux Écoles des mines et des télécoms, alors que ces structures sont en plein rapprochement ?
Le sujet a fait l’objet de débats internes. Une fondation doit s’appuyer sur un projet stratégique fort. Or le rapprochement entre les Mines et les Télécoms suscite un grand nombre de réflexions encore inabouties. De notre côté, nous estimions qu’il était urgent de se positionner du fait du plan de développement de l’école et de la concurrence. Voilà pourquoi nous avons décidé d’y aller seul, et d’y aller vite. Mais le périmètre pourra évoluer à l’avenir.

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le