Thomas Piketty (économiste) : "De 2007 à 2012, l’investissement supplémentaire dans l’enseignement supérieur aura été quasi nul"

Jessica Gourdon Publié le
Thomas Piketty (économiste) : "De 2007 à 2012, l’investissement supplémentaire dans l’enseignement supérieur aura été quasi nul"
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De 2007 à 2012, l’investissement supplémentaire dans l’enseignement supérieur aura été quasi nul, selon Thomas Piketty, professeur à l’école d’économie de Paris, invité mercredi 14 mars par l'association des journalistes éducation .

« La conclusion, c'est que cette dépense a stagné. Certes, elle n’a pas baissé, c’est déjà ça. Mais nous ne sommes pas dans la trajectoire de rattrapage revendiquée par le gouvernement », estime-t-il.

Thomas Piketty rappelle qu’en 2007, le budget consolidé de l’enseignement supérieur atteignait 21,3 milliards d’euros. Parmi cette somme, 10,7 milliards concernaient les établissements (universités, écoles), le reste étant alloué aux organismes de recherche et aux aides étudiantes. D’après le PLF (Projet de loi de finances) 2012, cette somme atteint 25,4 milliards, dont 12,5 pour les établissements.

Des hausses absorbées par l’inflation et l’augmentation du nombre d’étudiants

« On pourrait croire qu’une augmentation de 16,8 % pour les universités, c’est bien. Sauf que sur la période, on a connu près de 10% d’inflation. Du coup, on a plutôt une hausse de 6% sur 5 ans. C’est à peine mieux que la croissance du PIB sur la même période. Et il faut aussi rappeler que dans le même temps, le nombre d’étudiants a augmenté de 5%. »

Reste que ces budgets n’intègrent pas les investissements d’avenir, comptabilisés à part dans le PLF. « Cela change à peine la donne, rétorque Thomas Piketty. Sur les 12 milliards (*) de capital alloués aux universités, on table sur un rendement de 4% par an, soit 480 millions d’euros, ce qui revient à ajouter 2% au budget actuel. Cela ne change pas le diagnostic. »

Thomas Piketty met en parallèle les sommes dépensées pour les universités avec celles qui ont servi à financer la défiscalisation des heures supplémentaires, la réforme de l’impôt sur les successions ou l’ISF. "Cela représente au total 12 milliards de recettes en moins. Avec cette somme, on aurait pu doubler le budget des universités."

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