Mettre le financement participatif au service de la réalisation de projets pédagogiques, tel est le concept de La Trousse à projets. Pour sa première année d’activité dans cinq académies seulement, ce groupement d’intérêt public a accompagné 125 collectes, dont 80 % ont atteint leur objectif.
Le don minimum accepté est de 5 euros et le montant total fixé pour une campagne de collecte ne dépasse que très rarement le seuil psychologique de 5.000 euros. Projets à vocation artistique et culturelle, séjours à l’étranger, classes découvertes, numériques ou scientifiques… Aujourd’hui, une quarantaine de projets sont en cours de financement.
Lancée conjointement par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, l'OCCE (Office central de coopération à l'école), le Réseau-Canopé, le Crédit coopératif et le FPNE (Fonds pour le numérique à l'école), La Trouse à projets offre la possibilité aux particuliers, associations et entreprises de contribuer à la réalisation de projets construits par les enseignants et leurs élèves.
Le ministère garde la main
Si le ministère de l'Éducation nationale se tourne vers le grand public, il entend cependant garder le contrôle des projets.
Les porteurs de projets doivent ainsi renseigner l’adresse mail du chef d’établissement, de la direction de l’école et de la personne gestionnaire de la structure réceptrice des fonds (à savoir la coopérative scolaire pour le premier degré ou l’établissement, la maison des lycéens ou l’association sportive pour le second degré).
En outre, pour pouvoir être publié sur la plate-forme, le directeur d’école pour le premier degré et le chef d’établissement dans le second degré doit attester, via son espace, que le projet déposé par les enseignants a obtenu les validations pédagogiques et administratives nécessaires (IEN et DASEN pour le premier degré, conseil d’administration de l’établissement pour le second degré). Par ailleurs, celui-ci doit répondre à une charte précise.
Soulager financièrement les familles
Les donateurs (30 par projet en moyenne) sont des donateurs privés, qui versent en moyenne de 20 euros. Auparavant, pour financer les projets pédagogiques (sorties artistiques et culturelles, séjours à l’étranger, classes découvertes, numériques, scientifiques…) les familles étaient le plus souvent mises à contribution.
"L’un des objectifs de La Trousse à projets c’est précisément de soulager les familles, mais aussi de permettre à l’ensemble des élèves d’une même classe ou d’un même niveau de participer à un projet sans discrimination financière", souligne Manon Marchand, l’une des porte-paroles du groupement d’intérêt public.
Financer le fonds de distribution pour les projets "REP"
Pour ce faire, La Trousse à projets a mis en place des mécanismes de financement qui, par certains aspects, se distinguent des plateformes de crowdfunding classiques et supposément concurrentes.
Les donateurs ont la possibilité soit de soutenir un projet en particulier, via un "don fléché", soit d’opter pour un don général, qui viendra financer un fonds de redistribution destiné à soutenir des projets identifiés comme étant prioritaires, comme le fait la Fondation de France.
Le don général doit accompagner la réalisation de projets d'établissements REP + (Réseau d’éducation prioritaire renforcé), sur une zone géographiquement isolée ou qui concernent des publics spécifiques (classes Ulis, Segpa, élèves identifiés comme étant en situation de décrochage scolaire...). Les donateurs peuvent aussi soutenir un thème, un département ou un niveau scolaire plutôt qu’un projet précis.
Si le plafond de collecte n’est pas atteint, les donateurs peuvent décider d’affecter le montant de leur don au fonds de redistribution de La Trousse à projets plutôt que d'être remboursés, "ce qu’ils font dans 30 % des cas", précise Carla Verley, chargée de l’accompagnement des projets et du mécénat.
Le fonds de redistribution a par ailleurs vocation à être alimenté par des partenaires de la plate-forme numérique à hauteur de 50 % de leur objectif de collecte, comme c’est le cas de la Fondation AG2R-La Mondiale. À ce titre, elle soutient depuis mars 2018 des campagnes menées par des écoles REP+ ou situées dans des territoires isolés.
En contrepartie de leurs dons, les contributeurs ont droit à des avantages comme une invitation pour un concert ou la numérisation du carnet de voyage d’un élève pour un voyage de classe. Au-delà, "l’objectif est de créer une communauté autour d’un projet, de mettre en valeur sa dimension humaine, parfois en mélangeant des univers, souvent en ouvrant l’école vers l’extérieur", indique Manon Marchand.
Un déploiement national
Après une première année d’expérimentation, l’activité de la plate-forme prend véritablement son envol. "Nous acceptons les projets issus de toutes les académies depuis novembre 2017, dans un contexte d’expérimentation. Depuis un mois, la communication institutionnelle vers les académies a accompagné l'augmentation du nombre de projets déposés, détaille Claudie Martens, directrice du GIP Trousse à projets. Nous avons 40 projets en cours, 200 en préparation et nous recevons une quarantaine de demandes d’information par jour."
La structure qui accompagne déjà de bout en bout les porteurs de projets via un suivi personnalisé, mettra bientôt à leur disposition un centre de ressources en ligne.
"Une très grande variété de projets"
Exemple de projet : "Explorer la mémoire tsigane"
Deux classes de terminale et une classe de seconde "Accompagnement soins et services à la personne" et "Métiers de la mode et du vêtement" du lycée Ambroise-Croizat d'Auby, dans les Hauts-de-France en REP, organisent un voyage d'étude à Auschwitz dans le cadre du Concours national de la résistance et de la déportation.
L’objectif : réaliser un mémoire audiovisuel autour de la déportation et la répression des Tsiganes. Cette initiative devrait déboucher sur une œuvre historique et artistique audiovisuelle dont le personnage-objet principal sera un manteau modulable conçu dans les ateliers du bac pro "Métiers de la mode et du vêtement".
- Montant collecté à ce jour : 670 euros
- Objectif minimum : 1.500 euros
- Objectif optimum : 3.000 euros
- Nombre de donateurs : 17
Exemple de projet : "Essence de soi"
Quatorze élèves de seconde travaillent sur la confiance en soi, la motivation et l'autonomie pour progresser dans leurs apprentissages. L’idée ? Monter un projet expérimental basé sur les émotions avec les 14 élèves d'une classe de seconde baccalauréat professionnel "Chaudronnerie" du lycée polyvalent Jean-Taris de Peyrehorade (Landes).
- Montant collecté à ce jour : 235 euros
- Objectif minimum : 535 euros
- Objectif optimum : 1.200 euros
- Nombre de donateurs : 9.