Une réforme « allégée » pour le CNRS

Frédérique Letourneux Publié le

Le CNRS n'est pas démantelé. Le vote par le Conseil d'administration du CNRS le 1er juillet 2008 du Plan stratégique « Horizon 2020 » constitue un premier épilogue à la sourde bataille que se sont livrés les organisations syndicales et le Ministère de la recherche durant tout le printemps.

Du côté des syndicats, l'heure est plutôt à la satisfaction : la grande mobilisation de la communauté scientifique du 19 juin dernier (qui avait empêché la tenue d'un premier CA) a permis selon eux « d'éviter le démantèlement du CNRS ». Dans la négociation qui s'est engagée ces derniers jours avec Valérie Pécresse, ils ont obtenu une avancée significative sur deux points jugés majeurs.

1. Il est désormais inscrit dans le plan stratégique que « toutes les disciplines actuellement représentées au CNRS ont vocation à y rester et à se structurer en instituts », alors que Valérie Pécresse avait laissé entendre que la biologie et l'informatique auraient pu en sortir (du moins dans un système de co-tutelle).

2. Les directeurs d'instituts seront « nommés par le président du Centre sur proposition du directeur général, à l’issue d’un processus transparent et ouvert à l’international à l'image des «search committees» des plus grandes instances internationales de recherche », et non pas par le Ministère comme certaines déclarations avaient pu le laisser supposer (1).

Pourtant, les organisations syndicales ont voté contre ce texte (contre 14 voix pour) à la fois pour s'opposer à la forme prise par le débat (ils dénoncent une certaine précipitation) et pour réitérer leur vigilance. Tout se jouera en effet désormais à l'autonome quand il s'agira de déterminer le périmètre des nouvelles entités, avant la signature du contrat quadriennal prévu pour le mois de décembre 2008. Par ailleurs, il est précisé que ces instituts doivent fonctionner comme des « agences de moyens » (auprès des laboratoires des universités) et avoir « vocation à assurer les missions nationales confiées par l'Etat ». Reste à savoir quelles seront les contours de ces missions et quels seront les moyens financiers et humains débloqués pour les réaliser.

(1) « Les directeurs des instituts nationaux seront nommés par arrêté ministériel, sur proposition de la direction du CNRS », ITW de V. Pécresse, Le Monde, 21 mai 2008. 

Frédérique Letourneux | Publié le