Budget : une fin d'année sur le fil, pour l'université Paris 13

Morgane Taquet Publié le
Budget : une fin d'année sur le fil, pour l'université Paris 13
L'université Paris 13 a opté pour la suspension de tout recrutement et une réduction de 10 % du budget initial de fonctionnement. // ©  Myr Muratet
L'université Paris 13 doit affronter une fin d'année difficile, sur le plan financier. Le président Jean-Pierre Astruc a écrit à ses personnels pour leur assurer que les salaires seraient bien versés. Face à la dégradation de la trésorerie, l'établissement a opté pour une réduction de 10 % du budget initial de fonctionnement.

La situation financière de Paris 13 est préoccupante. C'est Jean-Pierre Astruc lui-même qui le dit. Dans un message adressé à ses personnels le 10 novembre 2017, le président de l'université francilienne évoque laconiquement les "difficultés budgétaires" rencontrées par son établissement. Mais s'il s'adresse à sa communauté, c'est avant tout pour la rassurer. "Malgré les difficultés financières que rencontre l'université Paris 13, il n'y a aucune inquiétude sur le versement du salaire des agents le mois prochain ainsi que les suivants, écrit-il. Les équipes de la présidence et moi-même travaillons avec acharnement et bon sens à retrouver un équilibre budgétaire. Des mesures d'économies sont en cours d'étude, mais en aucun cas celles-ci ne concernent les rémunérations du personnel de l'université quel qu'il soit." 

Cette prise de parole fait suite à la tenue du conseil d'administration du 20 octobre 2017. Ce jour-là, le CA adopte un budget rectificatif 2017, intégrant des mesures d'économies, raconte Florent Tétard, élu Snesup au CA et responsable du département Science et Génie des Matériaux à Paris 13. Son origine : "Une dégradation progressive de la trésorerie, qui a failli mettre l'université en cessation de paiement", explique-t-il. Lors du conseil, l'agent comptable de l'université alerte sur la situation, évoquant un arbitrage à faire entre paiement de la masse salariale ou des frais de fonctionnement. 

Insincérité de la masse salariale

Contacté par EducPros, Jean-Pierre Astruc n'a pas souhaité apporter plus de détails sur ce dossier. Mais selon Florent Tétard, les difficultés financières que traverse l'université ne sont pas nouvelles. "Il y a un an, lors du vote du budget 2017, l'opposition avait déjà alerté sur l'insincérité de la masse salariale d'État, qui n'évoluait pas d'une année sur l'autre, alors qu'il y avait 25 créations de postes. Les cotisations retraites liées à cette masse salariale ne progressaient pas... Ce qui est impossible, sinon à être face à un gel des évolutions de carrières et à aucune création de postes."

Face à ces alertes, la présidence de l'université avait fait appel à l'IGAENR en janvier 2017, pour que cette dernière mène une mission d'accompagnement et de conseil. Dans ce rapport, qu'Educpros s'est procuré, l'inspection constate que "le vote du budget initial 2017 de l'université Paris 13 comportait une erreur de prévision de la masse salariale de 3,7 millions d'euros, représentant 2,5 % du montant total de cette masse et 2,1 % du budget total. Le fonds de roulement disponible ne permettant pas d'opérer un prélèvement exceptionnel [pour revenir à un budget sincère], l'université a dû contracter ses dépenses de fonctionnement et de masse salariale, ouvrant ainsi une période d'austérité. Les questions soulevées par cette situation touchaient d'une part à la dérive constatée de la masse salariale, mais également au manque de fiabilité du processus de prévision budgétaire, conduisant à un défaut majeur de pilotage de l'établissement", écrit l'IGAENR dans ce document. 

Gel des recrutements et réduction budgétaire

Des mesures d'économies ont donc été prises afin d'assainir la trésorerie : l'université a opté pour la suspension de tout recrutement et une réduction de 10 % du budget initial de fonctionnement. "Le résultat net comptable 2017 ne sera proche de l'équilibre que si l'effort d'exécution budgétaire peut être maintenu jusqu'à la fin de l'exercice", prévient l'inspection. Début septembre, une directrice des affaires financières a été recrutée et une commission des affaires financières a été créée, comme le recommandait l'IGAENR.

S'il n'est pas unique, le cas de Paris 13 est emblématique des difficultés rencontrées par les universités. En mai 2017, un rapport de la Cour des comptes, élaboré grâce à une "grille d'alerte" conçue par la Dgesip (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle), recensait les établissements "en situation financière préoccupante". Quinze universités étaient concernées. Dans la liste, pas de trace de Paris 13.

Morgane Taquet | Publié le