Avec son nouveau modèle, l'Université Paris-Saclay se remet en ordre de marche pour l'Idex

Laura Makary - Mis à jour le
Avec son nouveau modèle, l'Université Paris-Saclay se remet en ordre de marche pour l'Idex
La nouvelle Université Paris-Saclay sera officiellement créée en 2020. // ©  Muoto architectes
L'Université Paris-Saclay a présenté son nouveau modèle le 21 novembre 2017, en présence de tous les acteurs du projet. L'objectif : créer une grande université de recherche visant à figurer au sommet des classements internationaux et qui propose licences, masters et doctorats.

Son périmètre désormais éclairci, l'Université Paris-Saclay se remet en ordre de marche, pour la conquête finale de l'Idex. Le 18 décembre 2017, la Comue déposera son dossier devant le jury international. Avec l'École polytechnique désormais sortie de l'équation, préférant mener son projet "NewUni" en compagnie de Télécom ParisTech, Télécom SudParis, l'Ensta ParisTech et l'Ensae ParisTech, le regroupement francilien a peaufiné son nouveau projet, présenté le 21 novembre 2017, en présence des représentants de la quinzaine d'établissements membres de ce nouveau cercle.

"Après de longs mois de réflexion, parfois difficiles, nous avons désormais une vision stabilisée de Saclay pour les prochaines années, avec l'idée d'une évolution vers une université de plein exercice, de classe mondiale, a déclaré Gilles Bloch, président de la Comue. Nous disposons d'un rapport stratégique qui va servir de base pour la consultation des différents conseils d'administration des établissements souhaitant s'engager dans la construction de cette nouvelle université Paris-Saclay. Ils porteront la candidature Idex en décembre. Notre ambition est de rendre ce vaste potentiel encore plus lisible, avec un nouvel établissement regroupant écoles, universités et organismes de recherche, selon un modèle en rupture par rapport à celui des universités françaises actuelles."

Université et école universitaire distinctes

Le projet a donc été dévoilé avec davantage de détails, bien qu'assez proche du document de travail publié par EducPros en septembre 2017. Le nouvel ensemble, qui verra officiellement le jour en 2020, sous statut dérogatoire de type EPSCP [établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel], séparera ses formations de type licence dans deux structures distinctes.

La première, portée par l'Université Paris-Saclay, proposera des licences avec "une sélectivité aux standards internationaux". Ces formations sélectives seront "attractives pour les meilleurs étudiants nationaux et internationaux et fortement adossées à la recherche", détaille Gilles Bloch. Les masters et doctorats seront également placés sous la houlette de l'Université Paris-Saclay, s'inscrivant "dans la continuité et le développement des efforts déployés collectivement depuis 2015".

Après de longs mois de réflexion, parfois difficiles, nous avons désormais une vision stabilisée de Saclay pour les prochaines années, avec l'idée d'une évolution vers une université de plein exercice, de classe mondiale.
(G. Bloch)

En revanche, les licences non sélectives et les formations en deux ans seront délivrées par une autre structure, interne à l'université, portant pour le moment le nom de travail EU1PPS, pour École universitaire de premier cycle Paris-Saclay. Elle regroupera notamment "des licences générales et des licences professionnalisantes, les licences de l'institut Villebon-Charpak, les formations paramédicales et les DUT", d'après le rapport.

"Cette école universitaire délivrera ses propres diplômes et proposera des formations avec une pédagogie innovante, visant la réussite du plus grand nombre", souligne Gilles Bloch. "L'objectif est de disposer d'une politique claire, visible et compréhensible de tous sur l'offre de cette école universitaire, pour mieux accompagner les étudiants et les orienter, afin qu'ils réussissent, soit en s'insérant professionnellement ou bien en poursuivant leurs études", ajoute Sylvie Retailleau, présidente de l'université Paris-Sud. Chacune de ces deux structures disposera donc de son propre public, de ses propres règles de sélection, mais se partagera les mêmes enseignants.

Une création officielle d'ici à 2020

Le nouvel établissement Université Paris-Saclay devrait être officiellement créé d'ici au 1er janvier 2020, avec "une intégration institutionnelle originale, construite autour des composantes de l'actuelle université Paris-Sud, de cinq écoles membres – CentraleSupélec, ENS Paris-Saclay, Institut d'optique Graduate School, AgroParisTech et HEC – et de l'IHES (Institut des hautes études scientifiques)", selon le rapport stratégique.

Il est précisé dans ce dernier que les écoles membres conserveront leurs personnalités morale et juridique, la responsabilité de leurs personnels, la collecte de leurs ressources propres, mais aussi la délivrance de leurs diplômes spécifiques. Un modèle qui ne sera rendu possible uniquement lorsque l'ordonnance dédiée à l'expérimentation en matière de politique de site aura été publiée.

Les deux autres universités membres du projet, Versailles-Saint-Quentin et Évry, disparaîtront pour leur part en 2025, au profit du nouvel établissement. À cette date au plus tard, l'école universitaire devra être créée.

Un projet à valider par les établissements membres

Avant cette échéance, d'autres étapes, cruciales, attendent la nouvelle Paris-Saclay : le dossier doit être entériné par les conseils d'administration des établissements membres, qui seront tous appelés à se prononcer. Le conseil d'administration de l'IHES l'a déjà approuvé "à l'unanimité", vendredi 17  novembre 2017. L'un des votes les plus importants aura lieu à l'université Paris-Sud, l'un des moteurs du projet, le 5 décembre 2017. Si l'issue du scrutin est positive, Paris-Sud s'effacera au profit de la nouvelle structure.

Cette nouvelle structure n'améliorera pas par miracle la réussite des étudiants, pas sans moyens supplémentaires, sans nouveaux locaux ou professeurs.
(Y. Lévi)

Un modèle qui inquiète certains élus des membres du personnel, à l'instar d'Yves Lévi, professeur à Paris-Sud et élu au conseil d'administration de l'université Paris-Saclay. "Ce projet franchit la plupart des lignes rouges que nous refusions de passer lors de notre élection, en 2015. Nous ne voulions pas céder aux diktats des classements, refusions la dissolution de Paris-Sud dans Saclay, ainsi que toute atteinte à la démocratie de l'université et toute forme de sélection à l'entrée. Nous exigions également des moyens. Cette nouvelle structure n'améliorera pas par miracle la réussite des étudiants, pas sans moyens supplémentaires, sans nouveaux locaux ou professeurs", souligne-t-il. Une réunion d'information aura lieu lundi 27 novembre 2017 à l'université.

Les conseils d'administration des autres établissements s'enchaîneront jusqu'au 14 décembre 2017. Avec, toujours en tête, avant la trêve des confiseurs, le 18 décembre, et l'échéance du dépôt de dossier à l'Idex.

AgroParisTech choisit finalement l’Université Paris-Saclay

Après avoir hésité entre les deux pôles formés sur le plateau, où elle déménagera en 2019, l'école a finalement tranché, pour rejoindre l'Université Paris-Saclay. Pascale Margot-Rougerie, directrice adjointe d'AgroParisTech, était d'ailleurs présente à la conférence de presse du 21 novembre 2017, en compagnie des autres directeurs et présidents des membres du regroupement. Gilles Trystram, directeur général de l'école, explique ce choix.

AgroParisTech penche finalement plutôt vers l’Université Paris-Saclay que pour le projet "NewUni", porté notamment par Polytechnique. Comment ce choix s'est-il fait ?

Gilles Trystram : Nous avons commencé par présenter les deux projets en interne, à nos différents départements : international, recherche, entrepreneuriat… C’est celui de Saclay qui a été privilégié par nos équipes. NewUni est un beau projet, avec des valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons également. Nous ne le rejetons absolument pas, mais nous avons préféré et privilégié la continuité, avec la trajectoire universitaire de l’Université Paris-Saclay, avec ses masters et doctorats, ainsi que ses grands programmes de recherche.

Le fait que Saclay laisse aux écoles membres la personnalité morale et juridique a-t-il été décisif ?

Oui, cela est même essentiel. Nous n’y serions pas allés sinon. AgroParisTech dispose de plusieurs implantations, hors d’Île-de-France, cela fait l’originalité de nos cursus, toute la recherche et l’enseignement bénéficient de ces spécificités. Il était donc déterminant pour nous de conserver notre autonomie et nos diplômes.

Quand cette préférence sera-t-elle officiellement validée ?

Le conseil d’administration de l’école se tiendra le 5 décembre prochain. C’est lui qui validera ou non ce choix. Notre conseil scientifique et notre conseil des enseignants ont déjà tous deux validé ce choix. Pour ma part, je défendrai ce projet devant lui.

Laura Makary | - Mis à jour le