Paris-Saclay : l'UVSQ et Évry réclament leur place dans l'Université

Laura Makary Publié le
Paris-Saclay : l'UVSQ et Évry réclament leur place dans l'Université
Le nouveau périmètre envisagé de l'Université Paris-Saclay pose question, notamment pour l'UVSQ et l'université d'Évry. // ©  Philippe Guignard
Dans une lettre datée du 28 avril 2017, les présidents de l'UVSQ et d'Évry se déclarent "étonnés" et "désolés" de ne pas être inclus dans la version de l'Université Paris-Saclay dévoilée la semaine dernière par Sylvie Retailleau. Les deux établissements souhaitent faire partie de ce projet qui ne comprend plus que Paris-Sud.

Nous ne pouvons que nous désoler de la décision que vous avez prise unilatéralement [...] et nous nous étonnons de vouloir faire de l'université Paris-Sud le centre exclusif de l'Université Paris-Saclay". C'est ce qu'écrivent Didier Guillemot, président de l'UVSQ, et Patrick Curmi, président de l'université d'Évry, dans un courrier daté du 28 avril, adressé à Gilles Bloch, président de la Comue, et à Sylvie Retailleau, présidente de l'université Paris-Sud, qu'EducPros s'est procuré, en réaction au projet de transformer Paris-Sud en université Paris-Saclay.

Deux universités "historiquement engagées"

L'UVSQ et l'université d'Évry, toutes deux membres de la Comue Université Paris-Saclay, veulent intégrer le nouveau projet. "Ces deux universités sont historiquement fortement engagées de longue date dans la construction de Paris-Saclay et de l'université cible qui doit en résulter. Par ailleurs, la marque Paris-Saclay n'est la propriété d'aucun des membres de la Comue et personne ne peut en disposer sans concertation, ni accord signé", soulignent les deux présidents dans leur courrier.

Par ailleurs, l'UVSQ a envoyé un communiqué le 21 avril, afin de mettre en lumière une motion "adoptée à l'unanimité lors du conseil d'administration du 18 avril" de l'université, réaffirmant sa volonté de positionnement dans Saclay.

Pour Didier Guillemot, contacté par EducPros, "Saclay a tout intérêt à regrouper les trois universités plutôt qu'une seule". "Mieux vaut construire à plusieurs, parce que l'échéance de l'Idex est toute proche, mais aussi parce que nous sommes complémentaires en matière de thématiques. À l'UVSQ, nous avons un institut d'études politiques et une faculté de droit et de sciences politiques reconnus. Évry propose d'excellentes formations en sciences économiques ou en histoire. Cela a donc un sens, dans la perspective de la création d'une université de niveau mondial, avec un véritable spectre de formations", soutient le président de l'UVSQ.

La question sensible du classement de Shanghai

Dans la "synthèse du modèle d'université Paris-Saclay", datée du 26 avril et contenue dans le message de Sylvie Retailleau, l'UVSQ est peu évoquée, uniquement dans l'une des annexes, pointant tout d'abord que l'université "apparaît seulement dans ARWU (le classement de Shanghai) et dans les toutes dernières places". "L'intégration complète dans l'UPSaclay de l’UVSQ, établissement de grande taille, sans apporter de gain sensible sur le classement ARWU, devrait faire reculer l'UPSaclay dans THE et QS en 'diluant' les indicateurs des autres établissements, puisque cet établissement n’apparaît pas dans ces classements aujourd’hui", est-il pointé également dans le document.

Des arguments qui ne passent pas auprès de Brigitte Chauvin, représentante FSU à l'UVSQ. "Ce document est maladroit et agressif en disant que l'UVSQ n'a pas sa place dans Saclay. C'est triste, car il ne parle que de classement, et non d'enseignement et de recherche. Or, nous disposons de laboratoires de qualité et d'une force étudiante. Tout cela divise la communauté universitaire", estime-t-elle. 

De leur côté, les présidents de l'UVSQ et d'Evry soulignent dans leur lettre le fait que "le classement de Shanghai est additif". "Associer des universités du périmètre Paris-Saclay améliorerait immédiatement le rang de Saclay dans le classement de Shanghai. À titre d'exemple, l'association des universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et Paris-Sud permettrait d'arriver à un meilleur classement, vraisemblablement entre le 20e et le 25e rang", indiquent les deux présidents.

Un argument pour l'Idex ?

Autre question : celle de l'Idex, alors que la fin de la période probatoire de dix-huit mois fixée en avril 2016 approche à grands pas. "Monsieur le président Bloch, en imposant une université cible centrée uniquement sur l'université Paris-Sud et des organismes de recherche, vous vous privez d'un argument supplémentaire pour l'obtention de l'Idex. Nous soulignons par ailleurs que l'université d'Évry a structuré un projet d'Isite très bien évalué sur le fond, mais que le jury a demandé à ce que nous rejoignons l'Idex Paris-Saclay. L'opération en cours est une vraie menace sur la confiance nécessaire au fonctionnement équilibré et harmonieux de l'ensemble", déclarent Didier Guillemot et Patrick Curmi dans leur courrier.

"La seule vraie échéance aujourd'hui, c'est le dépôt du dossier de l'Idex cet automne. J'espère que l'université pourra y participer, car je suis très attaché à ce projet et j'y crois sincèrement", conclut Didier Guillemot. Pour le moment, son courrier n'a pas reçu de réponse.

Laura Makary | Publié le