Universités : moins d’étudiants en première année de licence, selon la DEPP

Fabienne Guimont Publié le
En septembre 2010, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse, sur la foi des vœux des élèves de terminale sur le portail Admission postbac, se félicitait que « les lycéens span style="font-style: italic;">[fassent] désormais de l’université un « “choix de cœur” ». Les derniers chiffres que vient de publier le service statistique de son ministère montrent une baisse continue des effectifs en première année de licence, selon la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Pour 2010 et les dix années à venir, malgré l’augmentation de bacheliers.

La note intitulée « Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2010 à 2019 » fournit de précieuses informations nuançant l’optimisme ministériel. On se souvient que les lycéens avaient été, en 2010, 12,3 % de plus à choisir la licence en premier vœu sur le site d’APB (Admission postbac). La question était alors de savoir combien se retrouveraient en réalité sur les bancs de la fac.

Première déconvenue pour l’ensemble des filières de l’enseignement supérieur : les bacheliers ont été 7.000 de moins à décrocher ce diplôme en juin 2010 que leurs camarades de l’an passé (dont 6.800 de moins en bac général). Une tendance qui se reporte très fortement sur les entrées à l’université, avec une baisse de 2,3 % des étudiants de première année par rapport à 2009. Les IUT (– 1 %), les CPGE (– 1,8 %) et les STS (– 0,1 %) pâtissent moins de cette baisse du nombre de bacheliers.

Les étudiants reviennent à l’université en master

Toutes les L1 sont concernées par la baisse en 2010, mais à des degrés variables. Si en droit (– 0,3 %), santé (– 0,5 %), sciences économiques-AES (– 1,6 %), la diminution d’étudiants en première année est peu marquée, en sciences humaines-lettres-langues (– 3,5 %) et en sciences (– 3,6 %) la tendance de fond de moindre intérêt des étudiants se confirme. Ce sont les premières années de l’université qui souffrent le plus des baisses d’étudiants. Une fois ces années passées, les étudiants reviennent en master (+ 3,5 %) et en doctorat (+ 3 %). Au total, en 2010, les universités ont inscrit 1,6 % d’étudiants supplémentaires par rapport à 2009.

Les bacheliers professionnels vont booster les effectifs des STS

Qui seront les étudiants dans dix ans, et dans quelles formations s’inscriront-ils ? Les services ministériels ont tenté de répondre à la question en projetant les tendances actuelles de baisse des poursuites d’études après le bac observée depuis 1995 et de moindre poursuite d’études à l’université et en STS des bacheliers généraux et technologiques. Ils complètent ces tendances de fond avec l’afflux programmé de bacheliers professionnels (+ 80.000 en 2019 par rapport à 2010) suite à la mise en place du bac pro en trois ans.

En 2019, 157.000 étudiants de plus qu’aujourd’hui poursuivront leurs études. En revanche, ils devraient être 1,5 % de moins qu’en 2009 à s’inscrire à l’université en première année. Les IUT (+ 6,4 %), les CPGE (+ 6,8 %) et surtout les STS (+ 14,4 % avec plus de bacheliers pro) accueilleraient plus d’étudiants à l’entrée de leurs formations. Dans les universités, les effectifs seraient toujours et de plus en plus tirés par les masters (+ 12 %) et les doctorats (+ 9,5 %). Les étudiants de licence seraient légèrement en recul de 0,9 % avec de très fortes hausses en droit (+ 32 %), sciences économiques (+ 17 %), santé (+ 12 %) et de très fortes baisses en lettres-sciences humaines et langues (– 7 %) et en sciences et STAPS (– 17 %). Les formations d’ingénieurs non universitaires gagneraient 9,4 % d’étudiants et les autres formations 7,8 %, contre 4,8 % pour l’ensemble de l’université (hors IUT).



Où sont les 50 % d’une génération diplômée ?

Dans un billet, notre blogueur Pierre Dubois juge « décevante et pour tout dire inutile » cette Note de la DEPP. « Pas de scoop, écrit-il. Plus gravement, elle ignore la loi sur l’école de 2005 et les lois de finances. » Explications dans son billet intitulé « Le chiffre ne peut ignorer la loi ».

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