UVSQ, le développement durable en pratique

Sophie Blitman Publié le
UVSQ, le développement durable en pratique
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Porté par sa présidente Sylvie Faucheux, docteur en économie de l’environnement et des ressources naturelles, le développement durable est l’une des priorités de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ). Depuis 2002, l’établissement construit une réelle politique en ce sens, qui touche directement le campus et ses bâtiments, mais aussi les formations et la recherche, ainsi que la gouvernance, avec le souci d’impliquer les étudiants dans cette démarche.

Pour un campus vert et durable

« L’UVSQ veut diminuer de 20 % sa consommation électrique »

Des bâtiments au milieu de grands espaces verts : à Saint-Quentin comme à Versailles, les campus de l’UVSQ jouissent d’un environnement agréable. « On a un peu le sentiment d’être à la campagne », sourit Grégoire, étudiant en deuxième année de médecine, sensible à la politique de développement durable mené par la présidence. « Les campus sont aérés, avec des bâtiments transparents réalisés de façon écologique : c’est écrit partout à l’accueil, souligne le jeune homme. Tous les étudiants sont clairement conscients de l’effort fait en ce sens. »

La plupart estiment également que les différents campus sont plutôt bien desservis par les transports en commun : « La bibliothèque de Saint-Quentin se situe à dix minutes à pied de la gare, témoigne Adrien, et il y a un garage à vélos assez pratique. » Pour les moins sportifs, l’université a mis en place, dès 2008, un système de covoiturage accessible sur mobile.

Depuis plusieurs années, diverses initiatives fleurissent ainsi à l’UVSQ, comme l’approvisionnement du resto U en produits locaux et la promotion de repas équilibrés dans le cadre de l’action « Assiette verte », ou la réalisation d’un diagnostic sur les émissions des gaz à effet de serre qui a donné lieu à la signature, en 2010, d’un partenariat public-privé sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Outre la rénovation d’une grande partie du parc immobilier, un système de gestion énergétique doit être adopté. L’objectif : diminuer de 20 % la consommation électrique de l’université.

En particulier, un système photovoltaïque sera installé sur les toits des bâtiments à Saint-Quentin, tandis qu’à Versailles les chaudières actuelles doivent être remplacées par d’autres, plus performantes. « Les travaux commencent en 2011 et les premiers résultats devraient être visibles d’ici à deux ans », rapporte Frédéric Louradour, vice-président développement durable.

Quant aux déchets, un diagnostic a été conduit pour organiser la collecte. Le tri sélectif doit être expérimenté sur le site pilote de Vauban-d’Alembert (sciences humaines et sociales) à la rentrée 2011 et sa généralisation est envisagée quelques mois plus tard : « Nous sommes en train de l'organiser en interrogeant les personnels et les étudiants sur leurs pratiques de recyclage », relate Marion Fleurance, vice-présidente étudiante (VPE) développement durable.


Des formations et une recherche ciblées


« On ne croit pas à des formations généralistes en développement durable »

Côté formation, une quinzaine de licences et masters se sont ouverts dans le domaine du développement durable, suivis par quelque 300 étudiants et dont les spécialités, très diverses, concernent aussi bien le tourisme, l’immobilier et les transports que le droit ou la gestion du risque.

Beaucoup de ces cursus sont proposés en alternance, ce qui correspond à la volonté de l’UVSQ d’entretenir des liens étroits avec les entreprises. Cependant, « il n’y a pas de nouveaux métiers, mais de nouvelles compétences nécessaires pour se reconvertir ou apporter des éclairages complémentaires », précise Frédéric Louradour. D’où le caractère très pointu de ces formations, d’autant que, poursuit-il, « on ne croit pas à des formations généralistes en développement durable. Sauf s’il s’agit d’en acquérir les bases. »

Tel est précisément l’objectif du nouveau diplôme universitaire (DU) que l’université va lancer à la rentrée 2011 : le « DU développement durable », destiné aux étudiants qui n’auraient pas choisi cette voie spécifique, mais veulent acquérir les fondamentaux en la matière. Au programme : 150 heures de cours et 150 heures de projet appliqué à leur secteur d’activité. « L’idée, explique Frédéric Louradour, est d’étudier quels sont les impacts du développement durable dans sa filière, qu’il s’agisse des lettres, des sciences, du droit… » Accessible en formation initiale mais également continue, car « il y a des besoins de remise à niveau en entreprise », mentionne Frédéric Louradour, le DU devrait aussi rapidement pouvoir être suivi en e-learning.

Le développement durable constitue enfin l’un des domaines phares de la recherche menée à l’UVSQ, autour de l’Observatoire de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ) qui allie des missions de recherche, d’observatoire et de formation dans le domaine des sciences de l’univers.


Gouvernance et sensibilisation

Présidente de la commission développement durable de la Conférence des présidents d’université (CPU) , Sylvie Faucheux a créé en 2010 une commission similaire dans son établissement. « Cinq axes ont été définis, qui vont être déclinés en 80 objectifs prioritaires, à partir de 42 indicateurs », détaille Frédéric Louradour, vice-président « DD » de la commission. L’UVSQ s’est engagée à « développer la gouvernance participative, être acteur du développement durable des territoires, diminuer et maîtriser ses impacts environnementaux, favoriser, par la création de formations spécifiques, la transition vers une économie verte, et renforcer sa position d’excellence dans ce domaine de recherche ».

L’UVSQ s’est en outre dotée d’un réseau d’acteurs dans le domaine du développement durable, à travers notamment ses deux fondations partenariales : Fondaterra (Fondation européenne pour des territoires durables), qui joue le rôle d’incubateur de projets innovants, et Mov’eoTec , centrée sur les transports et la mobilité durable. Enfin, l’UVSQ a contribué à créer une chaire internationale industrielle sur les écoinnovations, baptisée « Econoving » et portée par le PRES UniversSud.

Des journées de formation sont par ailleurs ponctuellement organisées pour sensibiliser les personnels, tandis qu’au quotidien une signalétique particulière a été mise en œuvre par le biais de la mascotte t.éco , qui porte différents messages sur les déchets, l’énergieou encore les déplacements.


Implication des étudiants


« Nous voulons casser l’image des écolos qui s’enchaînent aux arbres ! »

En construisant peu à peu cette politique, Sylvie Faucheux a souhaité y associer les étudiants. Vice-présidente développement durable, Marion Fleurance copréside la commission thématique avec Frédéric Louradour, signe, selon elle, que « l’étudiant est un acteur essentiel de l’université ». « Mon rôle, continue la jeune fille inscrite en M1 sciences de l’économie des territoires et de l’environnement, consiste à collecter toutes les initiatives étudiantes qui s’appliquent au développement durable. Je les présente à la commission qui essaie de porter ces projets en leur apportant un soutien technique, financier ou en termes de conseil. Cela permet aussi de conférer une plus grande visibilité aux projets existants. »

Financé en partie par la commission, le magazine étudiant span style="font-style: italic;">Faculté d’agir a ainsi vu le jour en 2010, dans un but de sensibilisation : « Nous voulons casser l’image des écolos qui s’enchaînent aux arbres, s’amuse Marion, et apporter des informations qui concernent vraiment les étudiants. Le tout sur un ton fun ! »

Par ailleurs, alors qu’un jardin partagé existe déjà sur le campus de Versailles, un autre est en projet à Saint-Quentin pour la rentrée 2011. L’objectif ? « Permettre aux étudiants d’avoir accès à une alimentation plus équilibrée avec des légumes de saison qu’ils produisent localement eux-mêmes », raconte Marion Fleurance, qui évoque aussi le projet de création d’une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) au sein de l’université.

De son côté, l’association Icare a introduit un recyclage de piles, bouchons et cartouches d’imprimantes sur un bâtiment. Mais « c’est à l’université de prendre ça en charge », considère Marion Fleurance, qui espère voir de telles pratiques généralisées : « La commission développement durable devrait nous donner plus d’ampleur et de marges de manœuvre. » Reste, maintenant, à concrétiser et à pérenniser tous ces projets.

Sophie Blitman | Publié le