Insertion professionnelle : les ingénieurs systèmes chassés par les entreprises

Sylvie Lecherbonnier Publié le

Les profils d’ingénieurs recherchés par les entreprises évoluent ; Elles sont en quête d’ingénieurs pluridisciplinaires qui savent concevoir des systèmes de plus en plus complexes à la frontière de différents univers technologiques. Fort de ce constat, le pôle de compétitivité Systém@tic a identifié dès 2006 une pénnurie à venir de compétences sur les systèmes complexes ; Comment mettre en adéquation l’offre de formation et cette nouvelle demande des entreprises ? Quel est le profil type de l’ingénieur système ? Quels sont les besoins dans les cinq années à venir ? Le pôle francilien a chargé un groupe de travail composé à parité d’industriels et d’académiques de mener l’enquête. Alain Bravo, directeur général de Supélec et animateur du groupe de travail, a rendu ses conclusions courant 2008. Surprenant.

Problèmes de définition. D’abord faut-il savoir de quoi l’on parle. La définition de « système complexe » varie selon les pays, les interlocuteurs (académique ou entreprises) et parfois même d’une entreprise à l’autre. Une voiture, un télephone portable, un avion… tout est système aujourd’hui. Pour parler le même langage, le groupe de travail s’est donc d’abord attelé à l’élaboration d’une cartographie des compétences systèmes. Celle-ci met en valeur cinq familles de savoir-faire à acquérir : le management de projet, l’approche système, les aptitudes personnelles, l’aptitude à l’innovation et les socles techniques et méthodologiques.

12000 recrutements à prévoir. Une enquête emploi a ensuite confirmé les intuitions sur l’ampleur des besoins. Parmi les soixante-dix entreprises, grands groupes comme PME, qui ont répondu, seules 22% estiment disposer au sein de leurs équipes de compétences systèmes adaptées à leurs besoins et 65% affirment avoir du mal à recruter des ingénieurs systèmes. Au final, les entreprises interrogées prévoient près de 12 000 recrutements d’ingénieurs systèmes dans les cinq prochaines années. Des chiffres impressionnants «  à prendre avec précaution » selon Alain Bravo, qui souligne les difficultés que rencontrent les entreprises à préciser leurs besoins.

Douze formations identifiées. Parallèlement, le pôle s’est lancé dans un référencement des formations systèmes, non exhaustifs à ce jour. En est née une typologie qui dégage trois profils de cursus : les premiers offrent une « sensibilisation au système », les suivants délivrent une « culture système » et les troisièmes entrent dans le « cœur de cible ». Douze parcours ont été passées au crible et, au final, seuls deux présentent ce dernier profil : la formation qualifiante « ingénierie systèmes » de Supélec et le master des systèmes industriels complexes proposé par l’Ecole polytechnique, l’université Paris-Sud 11 et l’INSTIN. Un nombre de cursus qui semble bien faible au regard des attentes des industriels.

Feuille de route. Le pôle ne compte pas s’arrêter là. Il a désormais prévu de travailler sur deux axes : développer un vivier de compétences systèmes, et affiner et valoriser les besoins de recrutement des entreprises. La création de nouveaux cursus sera à prévoir. Restera ensuite à attirer les étudiants vers ces formations.

Une bourse de « stages systèmes »
Parmi les outils développés dans le cadre de l’étude sur les compétences systèmes , le pôle de compétitivité Systém@ti a expérimenté une bourse de « stages systèmes ». Avec un double objectif : faire dialoguer académiques et entreprises et attirer des étudiants vers les métiers de l’ingénierie systèmes. Sept stages ont déjà été effectués. Cette bourse devrait prochainement prendre davantage d’ampleur avec une mise en ligne des offres sur le site Internet du pôle .

(Article rédigé en octobre 2008)

Sylvie Lecherbonnier | Publié le