Recherche : un classement en chasse un autre

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L’Institut Montaigne a réalisé fin 2007 un classement des universités françaises dont les résultats, d’après ce dernier, « ne doivent pas trop différer des conclusions confidentielles de la vaste étude du ministère (MESR) ». Cette dernière classerait les laboratoires selon leur performance et serait, selon l’Institut, "quasiment classée Secret Défense". Educpros.fr a mené l’enquête.

Le classement des meilleurs laboratoires et départements français proposé par l’Institut Montaigne repose sur un seul critère : le nombre d’enseignants-chercheurs membres de l’Institut universitaire de France (IUF) depuis sa création en 1991 par Claude Allègre. « Il n’est pas nécessaire de monter une usine à gaz pour classer nos universités, commente Daniel Laurent, conseiller scientifique au sein de l’Institut Montaigne. Trois heures ont suffi pour aboutir à des conclusions qui ne sont pas surprenantes. »


C’est ainsi que les cinq premiers établissements dans le domaine scientifique sont Paris 6, Paris 7, Grenoble 1, Paris 11 et Toulouse 3. En sciences de la société et sciences de l’homme et des humanités, Paris 1 est leader, devant Paris 10, Aix-Marseille 1 et Lyon 2 (ex æquo à la troisième place), suivies de Toulouse 1, puis de Paris 4 et Paris 7. La prédominance des universités parisiennes n’est que le fait du hasard, puisque l’Institut universitaire de France « a été conçu pour que l’excellence d’un enseignant-chercheur puisse être reconnue et favorisée dans son université d’appartenance et non par la voie traditionnelle d’une nomination dans un grand établissement parisien », rappelle l’Institut Montaigne.


Un parallèle avec le rapport Goulard

Très peu connu hors de l’Hexagone, l’IUF bénéficie d’une bonne notoriété franco-française. Le nombre de ses membres est un critère qui retient aussi toute l’attention du MESR. Si ce dernier ne dispose pas d’une enquête classée « Secret Défense », comme cela nous a été confirmé par différents interlocuteurs, il a sous la main toute une batterie de critères qui permettent d’élaborer de nombreux tableaux d’honneur. Dans son rapport publié en mars 2007, François Goulard propose un « classement des universités selon leur investissement dans la recherche ». Élaboré sur la base d’un autre critère unique, le nombre de thèses produites par an, il se rapproche de celui de l’Institut Montaigne, même si la comparaison reste peu aisée car les universités sont déjà regroupées par PRES. Au-delà des querelles de rang, l’intérêt réside dans l’analyse d’autres critères examinés par l’ancien ministre délégué. Après avoir recensé « les effectifs dans les laboratoires labellisés par le ministère et/ou un organisme, le nombre de “publiants”, le budget obtenu pour les appels d’offres ANR, le nombre de PEDR, le nombre de membres de l’IUF... il est remarquable, conclut-il, que tous ces critères convergent, qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs-quantitatifs. » Dès lors, que nous apprend le classement de l’Institut Montaigne ? 

Où sont passées les données ?

Le président de la commission recherche à la CPU, Jacques Fontanille estime qu’il est plus pertinent de se pencher sur la qualité des diplômés plutôt que de comptabiliser les récompenses des personnels. « Peut-on juger de la performance d’un établissement à partir de quelques individualités ? » s’interroge-t-il, sachant que la reconnaissance individuelle n’a de sens pour l’établissement que si celui-ci en est pour partie responsable. Cet ancien membre de l’IUF rappelle que « les juniors postulent par eux-mêmes, alors que les seniors sont cooptés par leurs pairs. En outre, les universités les plus importantes en taille disposent d’un vivier plus conséquent de candidats, souligne-t-il. Plutôt que d’un classement, il s’agit d’une photographie illustrant la capacité de chaque université à attirer, en début de carrière, les meilleurs enseignants-chercheurs. » Un critère pertinent, vu sous cet angle, mais qui ne se suffit pas à lui-même. Manquent tous les autres cités plus haut... Ces derniers ne font peut-être pas l’objet d’une étude sous embargo, mais restent quand même, au-delà de tout classement, inaccessibles au grand public, université par université.


Les meilleurs départements universitaires : 

SCIENCES                             SHS

1 Paris 6 (50)                           1 Paris 1 (28)

2 Paris 7 (33)                           2 Paris 10 (21)

3 Grenoble 1 (32)                 3 Aix-Marseille 1 (15)

4 Paris 11 (27)                         3 Lyon 2 (15)

5 Toulouse 3 (26)                 4 Toulouse 1 (13)

6 Strasbourg 1 (18)                 5 Paris 4 (12)

7 Bordeaux 1 (16)                 5 Paris 7 (12)

8 ENS Lyon (13)

8 Lyon 1 (13)

8 Montpellier 2 (13)

8 Rennes 1 (13)

9 Nice (11)

Source : Institut Montaigne, décembre 2007.

Les informations ci-dessus ne retiennent que les universités qui comptent plus de dix membres à l’IUF (ce nombre est indiqué entre parenthèses).

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