Recrutement des jeunes diplômés : quand les réseaux sociaux s’en mêlent

Catherine de Coppet Publié le
Recrutement des jeunes diplômés : quand les réseaux sociaux s’en mêlent
Réseaux sociaux // © 
Les entreprises, de plus en plus présentes sur les réseaux sociaux, intègrent progressivement ces nouveaux outils dans leur politique RH. En matière de recrutement, l’efficacité varie selon les profils recherchés.

Un phénomène récent mais qui va s'accélérant. Voilà comment on pourrait qualifier le recours des entreprises aux réseaux sociaux, et plus particulièrement l'entrée de ces nouveaux outils dans les processus de recrutement. En 2012, une enquête TNS-Sofres évaluait à 51% les recruteurs utilisant les réseaux sociaux régulièrement ou ­occasionnellement.

Le lancement en juin dernier d'un partenariat entre Pôle Emploi et Viadeo pour une agrégation réciproque des offres d'emploi atteste de leur place désormais incontournable. "Nous avons décidé de nous positionner sur les réseaux sociaux en 2010 ; depuis, tous nos concurrents ont fait de même", confirme Camille Bédart, DRH de Valtech, entreprise spécialisée dans le conseil en e-business. Mais dans quelle mesure cette évolution concerne-t-elle le recrutement des jeunes diplômés ?

Utilisation passive des réseaux sociaux

Une question à mettre en perspective avec l'évolution des pratiques des jeunes eux-mêmes. Présents massive­ment sur Facebook, étudiants et jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à investir les réseaux sociaux professionnels, à savoir LinkedIn et Viadeo : ils étaient 53% en 2011 et désormais 79% à posséder un compte, selon une étude publiée en juin dernier par l'Edhec et Jobteaser (1). Pour autant, leur utilisation de ces réseaux dans la recherche d'emploi reste limitée. "Les étudiants ont un usage assez passif des réseaux sociaux, sur le modèle de Facebook, où l'on partage sans toujours chercher à prendre contact, alors que les réseaux professionnels exigent d'être plus actifs", analyse Grégory Herbé, DG de MyJobCompany, site d'emploi fondé sur la cooptation via les réseaux sociaux.

L'utilisation des réseaux professionnels par les jeunes pour la recherche d'emploi reste limitée

Qu'en est-il du côté des DRH ? Entre décider d'être présent sur les réseaux sociaux et les adopter véritablement pour recruter, il y a un écart important. "Beaucoup d'entreprises ne savent pas se servir de ces réseaux, notamment Facebook qui permet d'asseoir sa notoriété et non de capter directement de nouveaux candidats", souligne Grégory Herbé.

Pour Valtech, l'utilisation des réseaux professionnels a été justifiée par la difficulté à recruter certains profils, jeunes diplômés ou personnes possédant 4 à 5 ans d'expérience. "En l'occurrence dans des métiers 'pénuriques' ou aux compétences techniques très pointues", poursuit la DRH. Aujourd'hui, cette entreprise réalise près de 40% de ses embauches via les réseaux sociaux. "Cette proportion s'explique aussi par le fait que les candidats que nous cherchons ont des affinités avec ces nouvelles technologies qui sont notre cœur de métier", précise Camille Bédard.

Quand ce n'est pas pour dénicher la perle rare, les recruteurs passent par les réseaux sociaux pour soigner leur marque-employeur, même lorsque leur attractivité vis-à-vis des jeunes diplômés est forte. Ainsi Ernst & Young ne reçoit chaque année pas moins de 45.000 CV. L'entreprise de conseil a notamment créé sur LinkedIn un groupe réunissant les anciens stagiaires passés par la société, "une communauté privée qui nous permet de garder le contact une fois le diplôme obtenu, commente ­Frédéric Huynh, responsable recrutement, sinon nous utilisons uniquement ce réseau pour embaucher des personnes expérimentées". Autre action menée, la création d'une page Facebook pour la France il y a un an et demi. In fine, les recrutements se font d'abord via les CV reçus par le site Internet de l'entreprise.

vers un sourcing de plus en plus diversifié

Quid de l'avenir de ces outils ? "Il y a un désamour net des candidats et des entreprises pour les jobboards traditionnels où les annonces se perdent dans la ­masse, estime Gregory Herbé. Tout l'intérêt des ­réseaux sociaux réside dans leur capacité de diffusion." Ce qu'a bien compris MyJobCompany qui rémunère les particuliers coopteurs lorsqu'une embauche devient effective grâce à leur entremise.

Au-delà des nouveaux usages de ces outils, les spécialistes du recrutement s'accordent à promouvoir une approche plurielle des méthodes de sourcing. "Les réseaux sociaux sont là pour décupler l'impact des actions de fond, comme les relations écoles et l'organisation d'événements de recrutement", conclut Frédéric Huynh.

(1) Étude juin 2013 EDHEC/JobTeaser : "Recrutement des étudiants sur les nouveaux canaux, mobile et réseaux sociaux : mythe ou réalité ?"


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