A-S. Barthez : "Nous créons plusieurs milliers de places en master pour la rentrée 2021"

Amélie Petitdemange Publié le
A-S. Barthez : "Nous créons plusieurs milliers de places en master pour la rentrée 2021"
Le droit à la poursuite d'études est durci dès la rentrée 2021. // ©  David Carreno Hansen/plainpicture
Un décret présenté le 12 janvier au Cneser va durcir les conditions du droit à la poursuite d'études dès la rentrée 2021. En parallèle, de nouvelles places ouvriront en master et Trouvermonmaster deviendra une plateforme unique de candidature. Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l'Enseignement supérieur et de l'Insertion professionnelle (DGESIP), explique ces ajustements.

Le droit à la poursuite d'études garantit depuis 2017 une proposition de master aux diplômés de licence. Pourtant, de nombreux étudiants n'ont pas d'affectation malgré leur recours auprès du rectorat. Comment améliorer la mise en place de ce droit à la poursuite d'études ?

L’offre de master est constituée de 170.000 places et plus de 95% des étudiants titulaires d’une licence poursuivent en master ou ne demandent pas à exercer leur droit de poursuite, par exemple pour s’insérer professionnellement. La poursuite d'études est donc réelle.

Anne Sophie Barthez
Anne Sophie Barthez © S. Lascoux

Entre 2017 et 2019, 1,5% des titulaires de licence souhaitaient faire valoir leur droit à la poursuite d'études via le recours auprès du recteur. Les saisines donnaient alors lieu une fois sur deux à au moins une proposition et elles étaient acceptées par un étudiant sur trois.

Un changement a cependant été opéré en 2020 : les masters de droit qui sélectionnaient encore à l'entrée du M2 se sont aussi mis à la sélection en M1. En 2020, il y a donc eu 7.000 saisines, au lieu des 3.000 habituelles. En outre, le boom démographique en première année de licence, que nous avons connu il y a trois ans, va se reproduire cette année à l’entrée en master. Ces éléments nous ont fait réagir et nous avons souhaité réaliser des ajustements.

En quoi consistent exactement ces ajustements ?

L'exercice du droit de saisine est modifié. Nous exigeons désormais des étudiants qu'ils candidatent dans cinq masters et dans au moins deux mentions de master distinctes. Nous demandons également à ce que ces candidatures soient adressées à au moins deux établissements différents. L'objectif est d'amplifier et de diversifier ces candidatures.

Nous exigeons désormais des étudiants qu'ils candidatent dans cinq masters et dans au moins deux mentions de master distinctes.

En outre, lorsque le recteur recevra ces candidatures, il pourra librement faire une proposition au candidat dans un master qui n'est pas de sa région académique sans avoir à en demander l’autorisation au recteur de la région académique visée.

Enfin, le mode d'examen de ces demandes change. Nous allons fluidifier encore davantage le droit à la poursuite d’études en créant des commissions rassemblant, à l’échelle de la région académique, tous les établissements proposant une offre de master. Cette réunion permettra, un peu comme pour les CAES (Commissions d’accès à l’enseignement supérieur, NDLR) dans la procédure Parcoursup, une recherche collective de solution. Nous rompons ainsi avec le "tête-à-tête" du rectorat avec chaque président d’université.

Le Hcéres formule plusieurs recommandations, dont le raccourcissement du calendrier de la campagne de saisine. Allez-vous prendre en compte ces recommandations ?

Bien sûr et la plupart d’entre elles le sont déjà. Pour qu'une proposition non retenue puisse bénéficier plus rapidement à un autre, nous demanderons en effet de répondre dans un délai de huit jours.

Quant aux étudiants en situation de handicap, ils auront droit à un réexamen de leur candidature par le recteur à partir de la rentrée prochaine, comme sur Parcoursup.

Le nombre de candidats en master est en forte augmentation. Le nombre de places va-t-il augmenter ?

Nous allons créer plusieurs milliers de places en master pour la rentrée 2021 alors que nous ne financions jusque-là que des places de premier cycle. Les établissements sont en train de nous indiquer le nombre de places dont ils ont besoin et nous les incitons bien sûr à en créer dans les filières très demandées comme en éco-gestion, sciences de la vie et de la terre, et droit.

La plateforme trouvermonmaster évolue elle aussi, de quelle manière ?

D’autres évolutions sont attendues en 2022 et 2023 et ont trait à la plateforme trouvermonmaster qui consolide, en un lieu unique, toute l'offre de formation en master.

En 2023, ce sont même les candidatures aux masters qui pourront être directement effectuées via la plateforme trouvermonmaster

A la rentrée 2022, deux nouveaux et importants éléments d'information seront mis à la disposition des étudiants afin de mieux éclairer leurs choix d’orientation : les attendus de chaque master et le taux de pression exercé sur chacun d’eux compte tenu du nombre de candidatures.

En 2023, ce sont même les candidatures aux masters qui pourront être directement effectuées via la plateforme. Il s’agit là d’un important gain de temps et de confort pour les étudiants qui n'induit pas pour autant, et nécessairement, un calendrier identique de candidature. Dès cette année toutefois, les établissements se sont engagés à ne pas répondre aux candidats au-delà du 30 juin afin de permettre aux étudiants d’exercer leur droit de saisine au plus tôt.

Amélie Petitdemange | Publié le