Alain Menand (directeur à l’AERES) : « La méthodologie a été mise au point avec l’accord des écoles d’art évaluées»

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Alain Menand (directeur à l’AERES) : « La méthodologie a été mise au point avec l’accord des écoles d’art évaluées»
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Suite à l’article d'Educpros du 24 mars 2009 et intitulé « Les directeurs des écoles d’art se mobilisent contre le rapport de l’AERES », nous avons interviewé Alain Menand, directeur de la section des formations et des diplômes à l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Pour mémoire, rappelons que les experts de l’Agence avaient rendu un avis sous conditions sur l’éventuelle obtention du grade de master pour le DNSEP (diplôme national supérieur d’expression plastique). Ce diplôme est délivré par les 48 écoles d’art du ministère de la Culture.

Le rapport de l’AERES est-il l’avis de l’Université sur les écoles d’art ?

Absolument pas, car nous avons choisi un comité d’experts issu du milieu artistique avec des universitaires mais aussi des enseignants d’école d’art, et des professionnels (artistes, directeurs de musée, de fondations, etc.). La méthodologie a d’ailleurs été mise au point avec l’accord des écoles évaluées. A chaque fois que nous évaluons des formations nous nous adaptons au domaine considéré. Ainsi, il n’était évidemment pas envisageable de constituer un comité d’experts composé uniquement d’universitaires. Le CV des experts qui ont mené l’expertise est en ligne sur notre site . Mais une évaluation n’est pas une décision : ce sera ensuite aux deux ministères [Ndlr : Enseignement supérieur et Culture] de trancher.

Avez-vous tenu compte de la rivalité entre écoles d’art et université ?

Il y a plus débat que rivalité et on a essayé de mettre en avant les points d’accord. Ainsi nous préconisons aux écoles de publier un livret de l’étudiant. C’est une mesure simple à mettre en place et qui donnerait aux formations  une meilleure lisibilité. D’ailleurs, certaines l’ont déjà fait. Nous demandons aussi que l’école affiche un cursus plus clair, avec un enseignement plus progressif. Autre chose, nous préconisons que soit vérifiée la qualité des enseignants, que les professionnels choisis soient des personnalités reconnues. Nous voulons enfin que les procédures d’évaluation des élèves soient plus claires.

Est-ce qu’on peut demander à une école d’art de faire de la recherche ?

Oui ! La recherche c’est faire progresser les connaissances et les pratiques. Personnellement, je pense que l’Université n’a pas ce monopole. Mais, comme l’a souligné le rapport, une définition plus précise de la recherche en art est à établir. L’Agence a ouvert une porte à cette réflexion. Nous avons demandé que les étudiants rendre un mémoire (certains le font déjà), qui ne soit pas uniquement lié à leur projet artistique, où ils devront faire une analyse, prendre du recul et rédiger. Autant de qualités qui leur seront utiles en vue de leur prochaine insertion professionnelle.

Ensuite, nous demandons que pour l’enseignement théorique, et seulement cette partie, il y ait une majorité d’enseignants docteurs assistés de titulaires de master. Les écoles d’art ont peur qu’on leur impose des professeurs issus de l’université, mais ce seront toujours elles qui recruteront leurs enseignants. La nécessité d’avoir des docteurs est imposée à la fois par le niveau de qualification nécessaire pour les  enseignements théoriques et par le fait que les  masters doivent être adossés à la recherche.

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