Barthélémy Jobert (nouveau président de l'université Paris-Sorbonne) : "Le calendrier prévu pour l'Idex est rendu caduc par la diminution des moyens"

Propos recueillis par Camille Stromboni Publié le
Barthélémy Jobert a été élu à la présidence de l'université Paris-Sorbonne (Paris 4) le 19 mars 2012. Le professeur d'histoire de l'art revient sur cette victoire, et son premier sujet de préoccupation : l'Idex Sorbonne Université, dont fait partie son établissement.

Vous avez été élu à une large majorité [17 voix, 3 votes blanc, 1 vote nul] à la présidence de l'université Paris-Sorbonne (Paris 4). Quelle est votre réaction ?

Le vote lors des élections aux conseils centraux avait déjà été très clair, avec une importante participation et une forte majorité pour les listes que j’animais . Cela donne une forte légitimité à nos élus, confirmée par ce vote du conseil d'administration. Nous vivons ainsi une transition apaisée.

Quel était l'enjeu de l'élection ?

L'Idex "Super" [Sorbonne université à Paris pour l’enseignement ou la recherche], ou plus précisément comment notre établissement, première université française en humanités et sciences humaines, voulait se positionner au sein de Sorbonne Université.

La liste concurrente préconisait davantage un certain repli sur soi, quand notre liste avait pour volonté de construire une université nouvelle. Le scrutin nous a donné raison, montrant que la communauté dans son ensemble était prête à bouger.

Quelle est votre priorité ?

Sorbonne Université, qui est notre horizon à quatre ans. Cette université unique, dont les composantes [les 6 établissements] verront leur autonomie assurée, a pour l’instant la forme d’une FCS [Fondation de coopération scientifique]. Ce choix correspond à notre philosophie : une université ouverte à tous, démocratique, et garantissant au mieux l’autonomie de chacun de ses membres, dont il faut souligner qu’ils ne se chevauchent pas d’un point de vue disciplinaire.

"Super" doit nous servir à cette transformation, d’où son originalité : un périmètre d’excellence qui correspond à tous les établissements, à l’enseignement comme à la recherche, et à tous les niveaux, de la licence au doctorat, avec une répartition significative de ce point de vue des financements obtenus (40%  pour la recherche, 30% pour  la formation, 25% pour la vie étudiante).

Quelles sont les prochaines étapes à Paris 4 pour la création de cette université nouvelle ?

La situation est plus compliquée que prévu, notre dotation étant bien plus faible que celle demandée [900 millions d'€ , contre 1,4 milliards d'€ demandé]. Le calendrier que nous avions établi est rendu caduc par cette diminution des moyens. Nous sommes donc en train de reconfigurer le projet.

Celui-ci avait pourtant été le seul à obtenir l'unanimité des votes du jury, avec les notes maximum pour chacun des critères. Etant donné les dotations des trois premiers projets retenus [Strasbourg, Bordeaux, Paris Sciences et Lettres], nous pouvions attendre une dotation plus élevée, puisqu'il restait, nous disait-on, plus de 5 milliards d'euros à partager entre les 5 lauréats de la seconde vague. Cela n'a pas été le cas [seuls 6.35 milliards ont été attribués aux 8 lauréats Idex , alors que 7.7 milliards avaient été annoncés].

Des règles du jeu avaient été établies, elles ont été changées en cours de route. On peut d'ailleurs s’étonner que les premiers reçus par le ministre de l’Enseignement supérieur soient ceux qui ont été recalés à l'Idex . Le gouvernement prend ses responsabilités politiques, de même que le CGI [Commissariat général à l'investissement]. Chacun pourra juger.

Lire aussi

- La biographie de Barthélémy Jobert
- Le billet de Pierre Dubois, blogueur EducPros : La liste Jobert l’emporte à Paris 4 et toutes ses chroniques sur les élections dans les universités avec le tag Elections

Propos recueillis par Camille Stromboni | Publié le