EdTech Exchange est né il y a quelques mois. Comment a émergé l'idée d'une telle communauté, dédiée aux start-up EdTech ?
Tout a commencé quand deux amis entrepreneurs se sont retrouvés autour d'un verre pour discuter de leurs start-up respectives ! George Burgess avait lancé Gojimo [application de révision] et Justin Smith, Educational App Store [site qui recense et certifie les applications éducatives].
Le réseau a grandi autour d'eux, se développant de façon naturelle dans leur secteur d'activité, à savoir les EdTech. George et Justin ont alors commencé à diriger cette communauté d'entrepreneurs, et EdTech Exchange a formellement vu le jour en mai 2016.
L'objectif de cette organisation est d'offrir à ses membres un accompagnement, un soutien mais aussi de proposer toute une série d'événements, conçus comme des lieux d'échange et de partage de bonnes pratiques. EdTech Exchange réunit des entrepreneurs EdTech qui sont dans le même état d'esprit. On les encourage donc à raconter leur expérience, les difficultés qu'ils rencontrent, leurs questionnements. Ils peuvent ainsi recevoir mais aussi donner des conseils.
Dîner mensuel, mentorat, soutien... Vous proposez toute une série d'événements. Les entrepreneurs EdTech ont-ils besoin, plus que d'autres, d'un tel réseau d'entraide ?
Les entrepreneurs qui se lancent dans les technologies de l'éducation viennent souvent du milieu éducatif : bon nombre d'entre eux étaient auparavant enseignants. Ils ne disposent donc pas tous d'une culture entrepreneuriale. C'est pour cette raison qu'il est utile que nos membres puissent s'adresser à leurs pairs, confrontés aux mêmes problématiques.
Les entrepreneurs qui se lancent dans les technologies de l'éducation viennent souvent du milieu éducatif. Ils ne disposent donc pas tous d'une culture entrepreneuriale.
Lors de nos dîners mensuels, les membres, qui peuvent être des concurrents directs, discutent ouvertement de leur entreprise en vertu des règles Chatham House [règle tacite de respect de la confidentialité des échanges].
Il faut bien voir que le secteur EdTech est un secteur très collaboratif. Tous les acteurs sont animés par un même désir : celui d'améliorer les conditions d'éducation.
Combien de membres ont rejoint votre communauté ? Les start-up françaises sont-elles présentes ?
Nous avons actuellement une soixantaine de membres actifs et nous espérons agrandir encore la communauté en 2017. Nous comptons plusieurs membres européens, ainsi que des membres venus d'Australie et des États-Unis. Nous n'avons pas encore d'entrepreneurs français, mais nous leur souhaitons la bienvenue !
Par ailleurs, bien qu'actuellement nous n'acceptions comme membres que des fondateurs de start-up, nous cherchons à élargir notre réseau en l'ouvrant aux responsables éducatifs, tels que les directeurs d'établissement. Ce qui nous permettrait à l'avenir de travailler plus étroitement avec les établissements d'enseignement.
Pour intégrer EdTech Exchange, les entrepreneurs doivent être à la tête d'une start-up ayant déjà levé un minimum de 100.000 £ [soit 116.000 €]. Pourquoi fixer un tel ticket d'entrée ?
Nous avons constaté que, pour que la discussion soit équilibrée, mieux valait avoir autour de la table des entrepreneurs dont les start-up sont au même "niveau" de développement. Ils ont été bien souvent confrontés aux mêmes problématiques. C'est pour cette raison que nous avons fixé ce seuil de 100.000 £. Il peut s'agir de financements (levée de fonds) ou de revenus générés par la structure.
Par ailleurs, quand les entreprises ne remplissent pas encore ce critère d'adhésion, nous leur offrons des invitations à nos autres activités de réseautage, organisées tout au long de l'année.
En France, les observateurs décrivent un marché EdTech sous-capitalisé, sans visibilité. Ces constatations s'appliquent-elles aussi au Royaume-Uni ?
Sans conteste, elles s'appliquent aussi au Royaume-Uni et plus généralement à l'Europe. Il y a beaucoup de discussions et d'échanges autour des EdTech. Les gens trouvent passionnante cette activité ; de nombreux acteurs sont désireux d'y participer.
Pour autant, il y a toujours un manque d'investissements dans le secteur. Ce marché est encore incertain et les investisseurs sont donc réticents à s'y engager, malgré la médiatisation qui entoure le secteur...