Emmanuel Ethis (président de l'université d'Avignon) : «Les universités sont légitimes pour collecter directement la taxe d'apprentissage»

Propos recueillis par Guillaume Mollaret Publié le
Le président de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Emmanuel Ethis, plaide pour que les universités puissent devenir organismes collecteurs de la taxe d’apprentissage (OCTA) afin d’être plus en prise avec le monde économique du territoire dans lequel elles sont installées. Interview

Lors du colloque annuel de la CPU à Marseille début février, vous avez émis l’idée que les universités deviennent des OCTA. En quoi seraient-elles légitimes pour cela ?

Les universités ont une mission d’insertion professionnelle sur le territoire via leurs formations. Dès lors, quoi de plus normal à ce qu’elles perçoivent directement la taxe d’apprentissage ? Nous sommes des universités autonomes avec des missions d’insertion professionnelle, via les diplômes que nous délivrons, sur les territoires auxquels nous sommes attachés. Aujourd'hui, ce sont les chambres consulaires régionales qui prélèvent automatiquement cette taxe, mais, au regard de ces missions que nous confère la loi sur les libertés et les responsabilités des universités depuis 2007, il serait logique et légitime que, pour une meilleure insertion professionnelle et un meilleur dialogue avec le monde économique, nos universités deviennent directement collectrices.

 
Aujourd’hui, votre université perçoit indirectement le produit de la taxe d’apprentissage. Qu’est-ce qu’une perception directe changerait ?

Avant 2005 et la loi de programmation pour la cohésion sociale, les universités pouvaient percevoir directement la taxe d’apprentissage. Depuis, en quatre ans à Avignon, le montant de la taxe d’apprentissage encaissé par l’université a baissé de 60%, alors que, paradoxalement, la majorité de nos diplômes sont professionnalisants et que nous avons développé l'apprentissage en alternance dans un nombre élargi de nos formations. Aujourd’hui, les démarches administratives pour récupérer cette taxe sont devenues très lourdes pour une université comme la nôtre. Le Vaucluse compte beaucoup de PME. C’est moins le montant que nous pouvons percevoir que l’intérêt de la rencontre avec le tissu économique. Devenir OCTA permettrait aussi de faire évoluer nos diplômes dans une plus grande concertation avec le monde économique.


À quel montant estimez-vous que l’enseignement supérieur pourrait prétendre ?

Au niveau national, sur les 2 milliards d’euros que rapporte chaque année la taxe d’apprentissage, près de la moitié devrait naturellement être affectée aux universités autonomes. Or, une partie nous échappe…

Propos recueillis par Guillaume Mollaret | Publié le