Françoise Kogut-Kubiak, chargée d’études au CEREQ : « Les bacs pro, désormais plus orientés vers la poursuite d’études, sont mis en concurrence avec les bacs technologiques »

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant Publié le
Françoise Kogut-Kubiak, chargée d’études au CEREQ : « Les bacs pro, désormais plus orientés vers la poursuite d’études, sont mis en concurrence avec les bacs technologiques »
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Créé au printemps 1986, le baccalauréat professionnel compte aujourd’hui 75 spécialités. Une préparation au brevet d'études professionnelles (BEP) rénové ou au certificat d'aptitude professionnelle (CAP) est intégrée dans ce parcours. Cette évolution vise à favoriser la poursuite d’études et à limiter les sorties sans qualification. Avant d’évaluer les effets de cette réforme, le CEREQ (Centre d'études et de recherche sur les qualifications) publie un bilan de vingt ans de bac pro . Françoise Kogut-Kubiak, ingénieur chargée d’études au CEREQ, est l’une des auteurs de cette enquête intitulée « Vingt ans de bac pro : un essor marqué par la diversité ».

Quel bilan dressez-vous de ces vingt ans de bac pro ?

Le premier constat est que le baccalauréat professionnel a trouvé sa place dans l’offre de diplômes. Il s’est bien développé dans un délai relativement court. Seulement, la situation est aussi très disparate selon les spécialités. Les effectifs d’élèves sont très variables, de 14.000 élèves pour le bac pro commerce à un élève pour la spécialité mise en œuvre des matériaux option matériaux céramiques… Cette disparité se constate également dans la proportion d’apprentis : 18 % en moyenne, mais certains n’en ont aucun, d’autres n’ont que des apprentis, et sur les taux de réussite : 80 % en moyenne, mais de 27 à 100 % selon les spécialités.

Vous soulignez en outre que les secteurs professionnels se sont très diversement emparés de ce diplôme. Pourquoi ?

Le baccalauréat n’a en effet pas fait l’objet partout du même accueil. Tout dépend des diplômes qui existaient déjà dans les secteurs et qui ont perduré. Par exemple, la coiffure comme les banques n’ont pas de bac pro car ils ont conservé leurs propres diplômes. Dans certains domaines industriels à forte composante technologique mais également dans les secteurs tertiaires comme le secrétariat, le bac techno a conservé sa suprématie. D’autres, comme le bois, la restauration et le bâtiment, maintiennent deux parcours en parallèle : la voie CAP-BP et la voie BEP-bac pro.

Peut-on déjà anticiper les effets de la réforme du bac pro en trois ans sur l’offre de formation ?

Il est trop tôt pour voir les évolutions à venir. On peut tout de même noter que ces bacs pro désormais plus orientés vers la poursuite d’études sont mis en concurrence avec les bacs technologiques. Mais tout dépend là encore des spécialités. Dans certains secteurs, le bac pro, qui est un diplôme de niveau IV, correspond aux besoins de recrutement des entreprises. Dans d’autres, les besoins sont plutôt au niveau III, exigent donc une poursuite d’études. Une réalité vraiment très contrastée donc.

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant
Le 9 avril 2010

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant | Publié le