GDF Suez veut se rapprocher de l'université

Propos recueillis par Cécile Peltier Publié le
GDF Suez veut se rapprocher de l'université
Philippe Lazzarotto // © 
Pour faire face à ses nouveaux besoins de recrutement, le géant mondial du gaz déploie une politique active en direction de l’enseignement supérieur. Le groupe cherche notamment à mieux cibler ses actions en direction des universités et des étudiantes en général. Interview de Philippe Lazzarotto, responsable sourcing de talents chez GDF Suez.

Vous avez pris votre poste un an après la création de GDF Suez. La politique de recrutement des jeunes diplômés a-t-elle subi des évolutions notables ?

Depuis la naissance du groupe, la nature des besoins et l'échelle de recrutement ont évolué. Aujourd'hui, GDF Suez poursuit son développement, notamment à l'international. Son recrutement aussi s'est diversifié et élargi en termes de profils de compétences.

Sur la période 2011-2015, nous prévoyons 100.000 embauches, dont environ la moitié en France. Depuis le début de l'année, nous avons recruté plus de 3.500 CDI en France. 15% à 20% sont des cadres, surtout des jeunes diplômés de formations techniques et scientifiques, mais beaucoup aussi issus de formations managériales.

Sur quelle base déterminez-vous ces besoins ?

Les besoins "corporate" sont définis au niveau du groupe. Nous nous appuyons sur les objectifs fixés par les responsables RH des différents métiers consolidés, ainsi que leurs retours qualitatifs sur les recrutements précédents. L'équipe sourcing de talents émet des propositions d'établissements cibles et d'actions qui font ensuite l'objet d'une validation par les responsables RH. Toutefois, certaines "business units" ont des besoins de recrutement très spécifiques, gérés de manière assez décentralisée.

Quels sont vos établissements cibles ? Des universités ? Des écoles ?

70% de nos collaborateurs sortent de grandes écoles d'ingénieurs ou de management, en France et à l'international. Nous entretenons des relations privilégiées avec 25 d'entre elles : les écoles "parisiennes", et en province, l'Ense3 à Grenoble, l'ENSEEIHT à Toulouse, Centrale Lyon, etc.

Nous recrutons aussi des universitaires de niveau master ou doctorat en physique, chimie et énergie, spécialistes des maths appliquées pour la modélisation.... Ils représentent au total 30% des embauches chez les cadres. Nous travaillons beaucoup avec l'UPMC, la Sorbonne, Dauphine, Sciences po, ainsi que l'UVSQ et les universités de Bordeaux, Toulouse ou La Rochelle, et les IAE de Paris ou d'Aix.

Percevez-vous une différence entre ces deux catégories d'acteurs ?

La distinction universités/grandes écoles ne veut plus dire grand-chose pour un groupe mondial. Nous recrutons d'excellents profils scientifiques sortant de l'université, mais aussi de très bons BTS. Il est juste un peu plus difficile de cibler nos actions auprès des universités, tant les profils de formation et de parcours sont variés... La principale contrainte réside dans le manque de lisibilité des formations.

Le second obstacle se situe au niveau des étudiants, moins préparés à la recherche d'un emploi que leurs camarades d'écoles de commerce ou d'ingénieurs. Nous avons souvent face à nous des jeunes encore indécis.

De quelle manière lever ces verrous ?

Nous avons des propositions de partenariats de groupements d'universités et/ou d'organisations : collaborations sur des problématiques RH de recrutement, apprentissage, stages, aide à l'insertion... Mais il est encore un peu tôt pour en dire plus, le processus de décision étant en cours.

On sent du côté des entreprises comme des universités une vraie volonté de rapprochement, ainsi qu'une réflexion sur l'amélioration de la lisibilité des formations.

Quelles sont vos priorités en matière de sourcing de talents pour 2012-2013 ?

Nous souhaitons poursuivre notre politique de diversification à l'égard des universités. Nous avons par ailleurs un objectif important de recrutement de femmes, qui devra concerner au moins une embauche sur trois.

Innover pour parler aux jeunes
Outre les traditionnelles présentations en amphi ou la participation à des forums, en matière de marque employeur, GDF Suez essaye d'innover. "La Golden Mission", qui permet à des jeunes diplômés de faire le tour du monde des métiers du groupe, en fait partie. Les participants témoignent de leur expérience à travers des vidéos qu'ils peuvent poster sur Facebook ou YouTube. Des plateaux télé leur permettent aussi de dialoguer en direct avec des étudiants. GDF Suez est également partenaire de l'association Sife France qui accompagne les étudiants dans la mise en œuvre de projets de développement durable.
Propos recueillis par Cécile Peltier | Publié le