Georges Molinié (Paris 4-Sorbonne) : « Jean-Robert Pitte a perdu les élections »

Propos recueillis par Grégory Danel Publié le
Les résultats des élections aux différents conseils de Paris 4 devaient être rendus officiels le 22 février 2008. Comme Educpros l’indiquait dès le 20 février, les listes emmenées par l’actuel président, Jean-Robert Pitte et son opposant, Georges Molinié se partagent à parts égales les élus au conseil d’administration. Cependant, eu égard au nombre de voix qui se sont portées sur sa liste, M. Molinié, ex-président, revendique la victoire. Dans une interview exclusive, il dénonce la politique conduite par M. Pitte et envisage, s’il était élu président de rapprocher Paris 4 de Paris Universitas.

Pensez-vous avoir remporté les élections du 19 février dernier ?  

J’estime que mon compétiteur les a perdu et que je suis sur la base de les gagner. Si les deux listes ont remporté chacune 7 sièges au conseil d’administration. La liste dont j’ai défendu les couleurs « Avenir de la Sorbonne » a recueilli 200 voix de plus qu’ « Excellence des Humanités » au collège B. Nous sommes légitimes car une majorité des voix des personnels de Paris 4 s’est portée sur notre projet. Maintenant six personnes (élus étudiants et Iatoss) doivent encore voter…   

D’ici à l’élection du président, redoutez-vous des pressions ou des retournements d’ailliance ?

  Je ne joue pas le scénario du pire. Je fais confiance à l’honnêteté et à la clarté politique des étudiants et des personnels techniques. A scénario normal, le résultat est clair : la liste « Avenir de la Sorbonne » doit remporter la présidence.  

Selon vous, que traduit la très forte participation à ces élections ?

Ce type d’élection n’a jamais eu lieu. Il est donc difficile d’avoir des éléments de comparaison. Mais je crois que la forte participation est l’expression d’un rejet violent de la politique de Jean-Robert Pitte. Prenons le vote étudiant. Près de 10 %. Ils ont été deux fois plus nombreux à voter qu’à la précédente élection. Est-ce étonnant ? Je ne le pense pas. Quand un président passe son temps à dire qu’il y a trop d’étudiants et qu’ils sont tous des idiots ou des voyous, une majorité d’entre eux pensent que c’est un peu saumâtre et veulent le faire savoir dans les urnes.  

Quelles sont les différences entre les deux listes ?

Il n’y a pas la moindre ambiguïté entre la liste de Jean-Robert Pitte et la mienne. Inspiré par la pensée libérale, le programme de Jean-Robert Pitte est fondé sur la professionnalisation en liaison avec les besoins du monde économique. « Avenir de la Sorbonne » estime au contraire que notre université est avant tout un lieu de formation, d’acquisition du savoir et de la pensée critique.  

On a pu vous présenter comme les tenants d’un certain conservatisme universitaire.  

C’est assez étrange…On nous a aussi présenté comme la liste accueillant des personnalités d’extrême-gauche ou alors d’extrême-droite. Je crois surtout que, face à au programme « libéralo-sarkozico-bushiste » de Jean-Robert Pitte, nous incarnons la diversité républicaine opposée à la sélection par l’argent à l’université.  

Que pensez vous de la loi LRU ?  

Elle ne me plait pas du tout. Elle a vidé les étudiants et les personnels administratifs des conseils d’administration. C’est une loi qui fait fonctionner l’université comme s’il n’y avait pas d’étudiants. Maintenant je n’en fais pas une affaire de religion. Il n’y a pas non plus que des éléments mauvais dans ce texte.  

Si vous deviez être élu, quelle serait la philosophie de votre présidence ?  

J’essaierai de rétablir la diversité démocratique dans notre université. Je veux également une université moderne : Paris 4 doit être un établissement accessible pour le plus grand nombre, le moins cher possible et…avec le moins de CRS possible. Il faudra aussi rompre avec notre splendide isolement. Il est suicidaire de vouloir rester seul. il existe deux grandes possibilités de connexion pour Paris 4. Il nous faut rejoindre l’ensemble le plus fort. Et pour moi, c’est Paris Universitas.

Propos recueillis par Grégory Danel | Publié le