Luc Johann (Lille) : "le recteur de région n'a pas un rôle hiérarchique"

Propos recueillis par Céline Authemayou Publié le
Luc Johann (Lille) : "le recteur de région n'a pas un rôle hiérarchique"
L'académie de Lille se caractérise par un nombre très important d'établissements classés REP et REP+. // © 
Luc Johann a quitté l’académie de Limoges pour rejoindre en septembre 2015 celle de Lille. Le super-recteur de la région académique Nord-Pas-de-Calais-Picardie entend faire de la lutte contre le décrochage scolaire sa priorité.

nullAprès Limoges, académie de petite taille et rurale, vous rejoignez une structure sept fois plus grande. Outre ce changement d'échelle, quelles sont les principales différences entre ces deux académies ?

Il est vrai que l'académie de Lille cumule les gros chiffres, avec notamment 852.800 élèves et 51.000 enseignants. Mais la principale spécificité de ce territoire réside dans son nombre très important de zones d'éducation prioritaire. L'académie compte 78 REP et 41 REP+. Ces chiffres sont les plus élevés de France.

La région, très peuplée, est également celle qui connaît le niveau de vie le plus faible de métropole. Force est de reconnaître que les débats autour de la réussite scolaire et de la refondation de l'école prennent ici un sens particulier. Les familles comptent beaucoup sur l'école pour assurer un avenir à leurs enfants.

Dans ces conditions, il est donc crucial de construire une relation de confiance avec tous les acteurs du monde éducatif.

Ces spécificités régionales changent-elles fondamentalement la nature de votre poste ?

Le métier reste le même. Il est guidé par une seule question : comment entraîner avec moi les enseignants et les collaborateurs vers une stratégie commune au service de l'élève ? Je suis là pour mettre de l'huile dans les rouages. Le recteur est immergé au sein de la communauté et il doit être capable de jouer un rôle de facilitateur.

En revanche, ce qui change dans une grosse académie comme celle de Lille, c'est le pilotage. À Limoges, j'avais mis en place un conseil pédagogique et académique pour construire une gouvernance autour du dialogue. Cette structure était déjà présente à Lille, je l'ai simplement élargie aux personnels de direction, pour les associer aux réflexions en qualité d'expert. Je crois vraiment à ce modèle de pilotage. Le conseil pédagogique et académique étant pour moi une instance de réflexion et d'aide à la décision indispensable.

Vous êtes arrivé à Lille en septembre 2015. Quels sont, depuis votre prise de fonctions, les chantiers prioritaires ?

L'une de mes priorités concerne la lutte contre le décrochage. Il faut aller plus vite, plus loin. Différents dispositifs existent pour accompagner les décrocheurs, mais je pense qu'il faut axer notre travail sur la prévention : comment faire en sorte de ne pas en arriver au décrochage ?

De façon plus générale, le sujet de la réussite scolaire est un enjeu fort. Prenez les résultats au baccalauréat : ils sont, à Lille, très proches de la moyenne nationale. De même, le taux de passage des bacheliers professionnels dans le supérieur est plutôt correct. Mais il faut voir quel accompagnement leur est proposé par la suite. La question se pose également pour les bacheliers technologiques intégrés en IUT. Mais ces sujets sont loin d'être spécifiques à notre académie...

Vous êtes devenu en décembre 2015 recteur de la région académique Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Comment voyez-vous ce rôle de "super-recteur" des académies de Lille et d'Amiens ?

La création de ce titre correspond à une évolution de nos organisations régionales. Le recteur de région académique n'a pas un rôle hiérarchique mais il est là pour porter la parole de ses collègues auprès des instances territoriales. C'est en tout cas comme cela que je conçois la fonction. C'est pourquoi le dialogue est constant avec mon homologue d'Amiens, Valérie Cabuil.

Actuellement, nous travaillons à la mutualisation de certains services. Il s'agit là de faire preuve de bon sens : les mutualiser certains, c'est se demander comment nous pourrions apporter un meilleur appui. Le dossier est en cours de discussion au sein du comité régional académique (CRA), les premières pistes devraient être connues à la fin du semestre 2016.

Propos recueillis par Céline Authemayou | Publié le