Nicolas Cheimanoff (Mines ParisTech) : «Notre classement constitue un véritable outil de communication à l'international»

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Nicolas Cheimanoff (Mines ParisTech) : «Notre classement constitue un véritable outil de communication à l'international»
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AVANT-PREMIERE Mines ParisTech publie le jeudi 25 juin 2009 pour la troisième année consécutive son « classement international professionnel des établissements d'enseignement supérieur ». Avec toujours pour seul critère : le nombre d'anciens élèves de l'établissement occupant le poste de P-DG dans une des 500 plus grandes entreprises internationales. Conçu comme un contrepoint au classement de Shanghai, ce palmarès a fait l'objet de vives critiques en France. Nicolas Cheimanoff, directeur des études de Mines ParisTech, revient en avant-première pour Educpros sur les objectifs de ce classement et les retombées pour son établissement.

Votre classement n'a pas été épargné par la critique : recours à un seul critère - les diplômes des P-DG -, pertinence de cet indicateur, opération de promotion des grandes écoles françaises... Malgré tout, vous le pérennisez avec la sortie de cette troisième édition. Pourquoi ?
Aucune critique n'a remis en cause nos objectifs de départ. En France, nous avons agi par provocation pour dire que nous ne pouvions pas raisonner exclusivement sur le classement de Shanghai et construire une politique de l'enseignement supérieur uniquement en fonction de ce ranking. À l'international, nous avons voulu montrer que la France est un pays où l'on peut faire ses études. Ce classement donne une visibilité à l'école, mais aussi au système d'enseignement supérieur français dans son ensemble. L'année dernière, dans la période qui a suivi la publication du palmarès, la version anglaise a été téléchargée 3 000 à 4 000 fois par mois sur notre site Internet. Il y a quelques semaines, je recevais encore des mails qui demandaient quand sortait le nouveau classement. Le critère de la formation des P-DG choque beaucoup moins à l'étranger que dans l'Hexagone.

Avez-vous apporté des évolutions à votre classement au fil des éditions ?
Nous regardons de près les diplômes qu'ont obtenu les P-DG. Combien sont titulaires d'un PhD ? Combien ont décroché un MBA ? Un travail que nous n'avons pas achevé, mais qui nous semble pertinent. Depuis cette année, nous nous livrons aussi à une comparaison par pays pour mesurer l'attractivité des systèmes de formation. Nous nous sommes demandé quel score aurait obtenu un pays si les dirigeants de « ses » entreprises avaient été formés exclusivement dans « ses » universités, et nous l'avons comparé au score du pays obtenu dans notre classement. Nous avons ensuite établi un ratio par pays entre les points obtenus et les « points théoriques ». Un ratio supérieur à 1 signifie que le pays est attractif et forme plus que ses propres dirigeants. Cela rend comparable des pays comme l'Autriche (2,75) et les États-Unis (1,15). Avec un ratio de 1,14, la France démontre son attractivité.

Quel est le temps que vous consacrez à cette étude ?
L'investissement s'est révélé très lourd la première année. Il fallait constituer la base de données. Heureusement, les 500 P-DG ne changent pas chaque année. Cela facilite notre travail. Aujourd'hui, l'élaboration du ranking représente l'équivalent d'un mois à temps complet pour une personne. Sans compter les nombreux mails à gérer après la publication.

Ce classement vous permet aussi de promouvoir votre école...
Nous n'avons pas mis au point le classement pour que Mines ParisTech soit bien classé. Il s'agissait au départ d'une étude interne pour voir comment faire évoluer le classement de Shanghai. Les bons résultats des établissements français nous ont convaincus de diffuser l'enquête. Le classement constitue un véritable outil de communication à l'international. Nous envoyons le classement à toutes les universités mentionnées, ainsi qu'à toutes les entreprises européennes. Une cinquantaine d'établissements d'enseignement supérieur de différents pays - Canada, Espagne, Corée entre autres - nous ont contactés pour compléter ou modifier le ranking.
Sans pouvoir vraiment le mesurer, le classement a sans aucun doute une influence positive sur notre recrutement d'étudiants étrangers. Nos responsables des relations internationales ne sont pas mécontents de montrer l'enquête lors de leurs missions à l'étranger. Du côté des entreprises, en revanche, les retours sont plus mesurés. Siemens Allemagne nous a tout de même contactés pour des précisions.

Avez-vous rencontré les auteurs du classement de Shanghai pour leur présenter vos travaux ?
Nous avons pris des contacts avec le professeur Liu à l'origine du classement de Shanghai, pour lui proposer d'intégrer notre critère. Il y était a priori favorable, mais seulement si nous reconstituions le parcours académique des P-DG depuis 1920, comme il le fait pour les prix Nobel. Mais c'est totalement impossible.



Un classement stable

L'université de Tokyo, Harvard, puis Stanford. Le trio de tête du classement professionnel de Mines ParisTech reste inchangé pour cette troisième édition. Comme l'année dernière, quatre établissements français se classent parmi les 15 premiers (les établissements qui ont formé 4 dirigeants ou plus) : HEC (6e), l'ENA (10e), l'École polytechnique (14e), Sciences po Paris (15e). En tout, la France compte 28 établissements parmi les 377 classés et fait partie des trois pays les plus représentés avec les États-Unis et le Japon. « Le classement est assez stable. Une permanence qui nous rassure sur la qualité de notre étude », confie Nicolas Cheimanoff.
L'intégralité du classement sera disponible à partir du 29 juin 2009 sur le site de Mines ParisTech.

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le