Vous venez de prendre vos fonctions de secrétaire général de l'enseignement catholique. Quels sont vos projets ?
Ma première mission sera de mettre en œuvre le nouveau statut de l’enseignement catholique qui a été adopté en avril dernier. Ce texte remplace le précédent qui avait plus de 20 ans. Il témoigne de l’intérêt renouvelé des évêques pour l’enseignement catholique, par exemple à travers leur rôle dans la nomination des chefs d’établissement, et réaffirme sa double vocation de service d’Eglise et de service d’intérêt général. Mais j’insiste : nos écoles sont et resteront résolument ouvertes à tous.
Autre tâche importante : accompagner l’évolution des établissements, appelés à travailler davantage en réseau. Les établissements peuvent aussi utilement travailler avec les paroisses et les mouvements de jeunesse : scouts, MEJ (mouvement eucharistique des jeunes), JOC (jeunesse ouvrière chrétienne). Il est dommage que chacun travaille de son côté.
En juin dernier, la Convention nationale de l’enseignement catholique qui s’est tenue au parc Floral à Vincennes a mis enfin l’accent sur la lutte contre les inégalités, en regardant de près les conditions économiques de l’ouverture à tous, mais aussi l'accueil des élèves à besoins particuliers, notamment ceux en situation de handicap. Nous devons continuer à expérimenter, et à nous montrer innovants.
Certains, notamment les syndicats de l'enseignement public, trouvent anormal que le gouvernement finance le principal moyen de dérogation à la carte scolaire, à savoir l’enseignement privé sous contrat. Que répondez-vous à ce type d’attaque ?
La carte scolaire ne peut pas nous concerner. Cela ne serait pas légal. Il faudrait pour cela que nos écoles appartiennent à l’Etat, ce qui n’est pas le cas puisqu’elles appartiennent à des associations de type loi 1901. Rappelons que depuis la loi Debré (1959), ces écoles ont signé un contrat avec l’Etat, en vertu duquel l’Etat rémunère notamment leurs enseignants. En contrepartie, ces écoles s’engagent à suivre les mêmes programmes que dans l’enseignement public et à accueillir tous les élèves, qu’ils soient catholiques ou non.
Mais les familles contribuent aussi au financement des établissements. Ainsi le personnel non enseignant n’est pas rémunéré par l’Etat et l’entretien des bâtiments est à la charge de l’école. Nous partageons les objectifs d’équité et de promotion de la personne qui sont ceux de l’école française ; mais nous revendiquons la liberté de nous associer à cet effort de notre manière propre.
A la Catho de Lille, 70% des étudiants viennent de l’enseignement catholique
Quels sont vos liens avec l’enseignement supérieur catholique ?
L’enseignement supérieur catholique repose sur trois pôles entièrement autonomes les uns par rapport aux autres. D’abord, il y a les instituts catholiques regroupés au sein de l’UDESCA (union des établissements d’enseignement supérieur catholique) qui compte 40.000 étudiants. Il s’agit des cinq universités catholiques situées à Angers, Lille, Lyon, Paris et Toulouse.
La FESIC (Fédération d'écoles supérieures d'ingénieurs et de cadres) regroupe, quant à elle, 32.000 étudiants, 19 écoles d’ingénieurs (ECAM, ISEP, La Salle-Beauvais…) et sept écoles de management (ESSEC, EDHEC, ESSCA, IESEG…).
Le secrétariat général de l’enseignement catholique ne coordonne que le troisième pôle, à savoir les filières de l’enseignement supérieur développées au sein des lycées privés sous contrat, avec principalement les classes préparatoires et les BTS, ce qui représente 57.000 étudiants.
Nous travaillons en étroite collaboration et privilégions les passerelles afin de veiller à la continuité de l’offre pédagogique. Les établissements supérieurs catholiques viennent évidemment plus facilement proposer leur formation dans nos écoles. Mais c'est très variable d'une région à l'autre. Dans certaines facultés comme la Catho de Lille, 70% des étudiants viennent de l'enseignement catholique car c'est une université qui offre un panel très large de formations, de la médecine au droit. Ce n'est pas encore le cas à Paris, où l'enseignement est plus axé sur la théologie, et où moins de 10% des étudiants sont issus de nos établissements.
Nombre d'établissements : 9.005
Nombre d'élèves : 2 millions
Nombre d'enseignants : 129.807
Contribution des familles : entre 400€ par an en primaire et 800€ par an an lycée (hors cantine).