10 millions d’euros, le joli cadeau d’un diplômé à l’Institut Mines-Télécom

Céline Authemayou Publié le
Après avoir agité le petit monde du numérique en gagnant le rachat de SFR contre Bouygues, Patrick Drahi, patron d’Altice, poursuit sur sa lancée médiatique. Cet ancien diplômé de Polytechnique et de Télécom ParisTech vient de faire don de 10 millions d’euros à l’Institut Mines-Télécom. Cet argent, recueilli par la fondation Télécom servira à financer le développement des MOOC dans les dix écoles membres de l’institut. Guy Roussel, président de la fondation, revient sur ce mécénat de luxe.

Guy Roussel, président de la fondation TélécomUn don de 10 millions d'euros émanant d'un particulier, c'est un "gros coup" ! Avant ce mécénat, quels liens entreteniez-vous avec Patrick Drahi, au sein de la fondation ?

Patrick Drahi est très proche de la fondation depuis plusieurs années. En 2011, il s'est lancé dans le financement de bourses internationales, permettant chaque année à une dizaine d'étudiants étrangers de venir se former dans l'une des écoles de l'IMT (Institut Mines-Télécom). Cet engagement court pour dix ans, à raison de 100.000 euros par an.
En décembre 2013, l'Institut a présenté son plan stratégique pour les quatre prochaines années. Parmi les projets emblématiques, il y a le développement des MOOC. Patrick Drahi a été très sensible à ce thème et a décidé de soutenir financièrement ce projet. Une convention de mécénat vient donc d'être signée : le montant total du don est de 10 millions d'euros, échelonnés sur dix ans.

Est-ce une exigence de la part de Patrick Drahi de flécher de façon très claire sa contribution ?

Ce dossier lui tenait à cœur, certes, mais de toutes façons, au sein de la fondation, nous faisons en sorte que les dons soient affectés à des projets de développement et ne servent pas à couvrir les frais de fonctionnement. De plus, les mécènes sont très impliqués dans la gouvernance de la fondation, ce qui crée des liens privilégiés.

Créée en 2008, la fondation Télécom avait récolté, lors de sa première campagne 2008-2012, 21,5 millions d'euros. Vous partez avec une belle longueur d'avance pour la nouvelle campagne !

En effet, c'est le premier don significatif de cette nouvelle campagne, baptisée "Ambition 2020, cap sur le numérique". L'objectif est de développer le nombre de chaires d'entreprise, mais aussi de renforcer nos liens avec les diplômés des écoles. Lors de la première campagne, seulement 5 % des dons récoltés émanaient des alumnis. Notre objectif est d'atteindre 20 %.

L'exemple de Patrick Drahi est emblématique, puisqu'il est lui-même diplômé de Télécom ParisTech...

En effet ! Et nous sommes convaincus que le don est l'aboutissement d'une relation forte. En France, contrairement aux pays anglo-saxons, les diplômés n'ont pas pour habitude de donner à leur école. Plusieurs raisons expliquent cette situation : tout d'abord, les établissements sont financés par l'argent de l'Etat et les jeunes se sentent peu concernés. Leur première réaction est de dire : je paye des impôts et ceux-ci servent à financer les établissements. Mais aujourd'hui, la situation est beaucoup plus complexe. Et si nous voulons conserver notre statut d'excellence, il est indispensable que les diplômés s'impliquent.

L'augmentation des droits de scolarité annoncée par le ministère du Redressement productif est-elle finalement aussi une manière d'impliquer davantage les élèves ?

Avoir à payer plus pour effectuer ses études n'est jamais agréable, mais cette situation permet de montrer que la formation coûte de l'argent. Depuis quelque temps, on assiste à une prise de conscience graduelle des diplômés : ces derniers commencent à nous demander combien coutent vraiment les formations dispensées, quels sont les frais auxquels les écoles doivent faire face. Jusqu'à présent, personne ne se posait la question.

A l’IMT, un collectif dénonce la hausse des droits de scolarité
Après le syndicat étudiant UNEF, c’est au tour du collectif IMT de dénoncer la hausse des droits de scolarité, effective dès la rentrée 2014 dans toutes les écoles d’ingénieurs dépendant du ministère du Redressement productif.
Le collectif, qui réunit enseignants, chercheurs, diplômés et étudiants des écoles de l’IMT (Institut Mines Télécom), a lancé une pétition sur Internet, avec deux principales revendications : le retrait pur et simple de l’arrêté modifiant les droits de scolarité et le maintien de la subvention de l’Etat à l’IMT. "Comme on peut l’observer dans d’autres établissements, cette hausse n’augmentera pas les moyens de nos écoles puisqu’elle s’articule à une baisse de la subvention de l’État, argumente le collectif. Elle fait au contraire reposer en partie sur les familles la prise en charge du service public de l’enseignement supérieur alors que sa gratuité est un principe constitutionnel." Le 14 avril 2014, la pétition réunissait 170 signataires.
Céline Authemayou | Publié le