S. Lavigne (TBS Education) : "Avec le nouveau campus, nous voulons faire vivre l'école sur son territoire"

Isabelle Fagotat Publié le
S. Lavigne (TBS Education) : "Avec le nouveau campus, nous voulons faire vivre l'école sur son territoire"
Stéphanie Lavigne répond aux questions d'EducPros. // ©  David Herrero
Projets immobiliers à Toulouse et Paris, lutte contre les discriminations, sport… TBS Education, l'école de commerce toulousaine, mise sur plusieurs axes pour se développer et se démarquer. Stéphanie Lavigne, directrice de l'école, nous explique ces projets.
Stéphanie Lavigne, directrice de TBS Education
Stéphanie Lavigne, directrice de TBS Education © David Herrero

Après avoir mis fin en septembre 2023, au projet de construction d'un nouveau campus, TBS Education annonçait son nouveau projet immobilier toulousain, fin janvier 2024. Les locaux vont être modernisés et installés sur deux sites : l'un au cœur de la Ville rose et l'autre, à Quint-Fonsegrives, où l'école dispose déjà d'un campus.

L'objectif est de créer un "lieu de vie innovant et expérientiel, au sein duquel apprenants et professeurs pourront s'épanouir pleinement", nous explique Stéphanie Lavigne. La directrice, en poste depuis 2019, souhaite ainsi promouvoir une école plus inclusive fondée sur le "bien-être pédagogique".

Le projet de TBS education est centré sur le "bien-être pédagogique". Que recouvre cette notion pour vous ?

L'idée, c'est de considérer l'école comme un lieu de vie et de transformation dans laquelle l'étudiant ne va pas uniquement acquérir des compétences en finance ou marketing, mais également développer des valeurs et du savoir-être.

Cette notion de bien-être, qui répond à la quête de sens et d'identité des étudiants, implique le renouvellement de nos campus.

Après les travaux menés à Barcelone, la construction d'un campus à Casablanca et l'acquisition d'un ancien lycée à Paris, nous allons investir sept millions d'euros pour rénover notre site parisien, cet été. L'année 2024 marque aussi le lancement de notre projet de campus à Toulouse.

Après l'arrêt du projet lancé en 2019, quelle est votre nouvelle stratégie immobilière pour le site toulousain ?

Nous venons de voter un projet à 100 millions d'euros qui devrait voir le jour à la rentrée 2028. La surface de ce campus va passer de 10.000 à 20.000 m², voire 30.000 m².

Dans ce nouveau projet, l'école sera implantée sur deux sites. Dans le centre-ville de Toulouse, à Lascrosses, nous serons installés dans un bâtiment de 8.000 m², qui appartient à notre actionnaire, la CCI de la Haute-Garonne.

Nous aurons un autre campus, celui d'Entiore à Quint-Fonsegrives : l'école est déjà propriétaire de 10 hectares de foncier sur ce site.

Pourquoi avoir abandonné votre projet initial de construction d’un campus dans le quartier de Compans-Caffarelli ?

Ce projet était devenu trop risqué : il nécessitait l'achat d'un foncier et était devenu irréalisable. Alors qu'il était initialement estimé à 120 millions d’euros, il atteignait les 200 millions d'euros, après réévaluation, à l'été 2023. Cela était intenable pour une école qui fait 65 millions de chiffre d’affaires. Mettre toute notre capacité d’investissement dans ce projet était trop dangereux.

Nous avons donc fait appel une société spécialisée qui a analysé une trentaine de biens immobiliers à Toulouse et autour de la ville, dont nos propriétés. Nos fonciers sont ressortis en tête de la notation. Nous avons donc décidé de les garder même si ce n’était pas l'idée originelle. 

Quelles sont les caractéristiques du futur campus ?

Il y aura de nouveaux lieux d'apprentissage, un lieu de restauration, de nombreux espaces extérieurs, des terrains de sport… La création d'une résidence étudiante et de jardins potagers partagés est également à l'étude.

Avec ce campus nous voulons faire vivre l'école sur son territoire. Des espaces événementiels y seront intégrés et pourront être utilisés pour des événements internes comme la remise des diplômes mais aussi pour des manifestations extérieures. Nous pourrons organiser des événements d'envergure, pour des entreprises, par exemple, et des agoras ouvertes, un peu sur le modèle anglo-saxon.

Nous avons en effet de nombreux partenariats avec des entreprises et établissements d'enseignement supérieur en Occitanie. L'école est membre partenaire de l'Université de Toulouse et nous collaborons avec Toulouse School of Management (TSM) et Toulouse School of Economics (TSE) en matière de recherche. Nous proposons des doubles diplômes avec Sciences po Toulouse et des écoles d'ingénieurs comme l'Enac et l'Insa…

L'idée, c'est aussi que l'école se transforme, avec cette certitude que les jeunes que l'on forme aujourd'hui reviendront prendre des piqûres de formation régulières. Nous avons pour objectif de renforcer notre offre de formation tout au long de la vie. On veut que le campus soit aussi ouvert à ce type de public.

Quelle est la place du sport dans ce projet et dans votre stratégie ?

Il y aura de nombreux espaces sportifs couverts et extérieurs sur le nouveau campus ; la pratique sportive y sera mise à l’honneur. L'école est en train de prendre un virage important autour du sport de haut-niveau, du sport bien-être et du sport loisir.

Nous développons les partenariats et allons proposer trois cursus autour du sport : un bachelor en septembre 2024 et un master of science à la rentrée 2025.

Pour les sportifs de haut niveau, nous allons ouvrir un bachelor online et asynchrone, en parallèle de notre formation de reconversion.

Comment se positionne l'école en matière de mixité sociale ?

Parmi nos étudiants, nous avons une grande diversité de parcours avec des profils atypiques. Pour le programme Grande école (PGE), nous recrutons 350 jeunes issus de classe prépa et 350 étudiants issus de BTS, bachelors, BUT, licence…

Notre objectif est de lever les freins à l'accès des personnes moins favorisées à des hautes études. Nous proposons des frais de scolarité modulés en fonction des revenus de la famille de l'étudiant : la réduction peut représenter jusqu'à 50% du tarif. Il existe aussi la fondation qui distribue des bourses à des étudiants méritants.

L'alternance est aussi un sujet qui me tient à cœur car c'est un excellent moyen de promouvoir la diversité sociale. Environ 85% des étudiants en M2 du PGE sont actuellement en apprentissage.

Vous mettez également l'accent sur la notion d'impact et d'école inclusive. Qu'est-ce que cela implique ?

Il y a un travail important qui est fait autour des violences et des discriminations, notamment sexistes et sexuelles. Nous avons, par exemple, au sein de l'école un centre d'assistance psychologique avec des consultations gratuites pour les étudiants. Pour nous, la violence est complétement rédhibitoire ; nous estimons que l'école a une responsabilité envers les jeunes et la société.

Nous attachons de l'importance à la notion d'impact et de RSE. L'école a d'ailleurs récemment obtenu le statut de société à mission [en 2021] qui inclut des objectifs sociaux et environnementaux.

Nous incitons les jeunes à s'engager dans des associations étudiantes pour se professionnaliser. Nous essayons de leur faire prendre conscience de l'impact de leurs décisions sur les autres et sur la planète.

Isabelle Fagotat | Publié le