V. Esposito Vinzi : "Dès la rentrée, 100% des étudiants de l'Essec seront formés aux enjeux sociaux et environnementaux"

Dahvia Ouadia Publié le
V. Esposito Vinzi : "Dès la rentrée, 100% des étudiants de l'Essec seront formés aux enjeux sociaux et environnementaux"
L'Essec introduit l'apprentissage des enjeux de la transition écologique et sociale pour tous ses étudiants. // ©  Laurent Grandguillot/REA
L'Essec a lancé début juin sa stratégie de transition écologique et sociale, nommée "Together". Vincenzo Esposito Vinzi, son directeur général, revient sur sa mise en place et les enjeux à venir dans ce domaine.

Vous avez initié un changement stratégique autour de la transition écologique et sociale. En quoi consiste-t-il ?

Les enjeux de la transition écologique et sociale au sein de l’école sont cruciaux. Nous avons amorcé une stratégie à 360° pour opérer cette transition dans une démarche de co-construction avec l’ensemble des acteurs de l’Essec - les professeurs, les étudiants et les alumni.

Vincenzo Esposito Vinzi
Vincenzo Esposito Vinzi © ESSEC

Cette démarche concerne tous les aspects de l’école, l’enseignement, la recherche mais aussi l’Essec en tant qu'organisation.

Quels sont les axes de votre stratégie ?

Dès la rentrée, 100% de nos étudiants seront formés aux enjeux sociaux et environnementaux contemporains. La démarche proposée est transversale afin d'irriguer l'ensemble de la formation de ces questions : les problématiques sociétales et environnementales seront intégrées dans les cours fondamentaux de l'école.

Il est aussi prévu d'ajouter des cours et notamment des Masters of science autour de ces thématiques pour renforcer les enseignements. Et nous lançons à la rentrée 2020 un Mooc spécifiquement "climat et entreprise" avec le cabinet de conseil Carbone4 et une "sustainability case factory", créée pour produire et diffuser des cas pédagogiques adaptés aux enjeux contemporains.

La démarche proposée est transversale afin d'irriguer l'ensemble de la formation de ces questions.

La dimension recherche n’est pas oubliée dans notre stratégie. Nous avons notamment une chaire climat et changement parce qu’il nous semble essentiel de créer des connaissances sur ces thématiques au-delà de la transmission des savoirs.

Pourquoi avoir lancé ce chantier ?

Des étudiants se forment chez nous de manière pertinente pour répondre aux nouveaux besoins. Nous considérons important que le management et toutes les disciplines avancent dans une approche multidisciplinaire et décloisonnée.

Il faut aussi anticiper l’évolution dans les entreprises. Il existe des fonctions dédiées à l’environnement et la RSE, mais c’est une culture qu’il faut insuffler. Il peut y avoir des responsables RSE, nécessaires aux entreprises, mais ils ne peuvent pas travailler en silo. Il doit y avoir des liens avec la finance, la comptabilité, les ressources humaines, le marketing, etc.

Donc notre objectif c’est bien de former les managers et les leaders de demain en donnant du sens à leur action. Ainsi, même s’ils travaillent dans des secteurs classiques, comme la finance, ils sauront participer à l’irrigation de ces enjeux dans leur entreprise grâce à leur formation.

Cette transition engage aussi l’Essec en tant qu’organisation, quelles actions prévoyez-vous pour aller dans ce sens ?

Cette question de la cohérence est pour nous essentielle. Concrètement, nous mettons en place une gestion environnementale exemplaire des campus nous engageant à diminuer de 25% notre empreinte carbone sur les trois prochaines années.

Il existe des fonctions dédiées à l’environnement et la RSE, mais c’est une culture qu’il faut insuffler.

Nous allons par exemple proposer une alimentation plus locale et plus saine dans nos points de restauration et démultiplier les ateliers d’éco-citoyenneté. Par ailleurs, le campus de Cergy va être transformé pour être plus "vert" avec une climatisation naturelle et non mécanique, une récolte d’eau de pluie et une réduction globale de sa consommation d’énergie.

Les écoles de commerce sont réputées pour les longs séjours à l’international. Comment faites-vous pour concilier internationalisation et gestion de l'empreinte carbone ?

Effectivement les voyages, l’international sont des éléments importants d’une grande école de management. Quand on calcule l’empreinte carbone d’une école, les voyages ont un impact significatif. Or, les mobilités sont essentielles pour découvrir d’autres réalités à l’international mais on peut les organiser de manière plus responsable en termes de nombre et de modalités. Nous travaillons sur la durée, la destination et les modalités des mobilités internationales.

Mais il est aussi important que ce cheminement soit fait globalement y compris par les classements qui ont souvent des critères qui poussent les écoles à maximiser l’international et donc à augmenter l’empreinte carbone.

Au-delà des questions écologiques, la transition sociale fait aussi partie de votre stratégie. Que faites-vous de différenciant ?

Cette dimension est cruciale pour nous. Nous avons mis en place depuis de nombreuses années des dispositifs qui font aujourd’hui référence. Tout d’abord, l'Essec est pionnière dans la mise en place de l’apprentissage dans les écoles de commerce, un vecteur d’ouverture sociale.

Nous avons mis en place depuis de nombreuses années des dispositifs qui font aujourd’hui référence.

Nous misons aussi sur l’égalité des chances et la diversité sociale. Nous avons créé une chaire économie urbaine ainsi qu’un centre égalité des chances qui accompagne les lycéens dans leur orientation dans le supérieur. Pour le centre égalité des chances, nous avons l’ambition d’accompagner deux fois plus d’établissements scolaires d’ici 2022 avec la formation de près de 2.500 enseignants pour un impact sur 60.000 élèves de 400 collèges et lycées.

Enfin, nous avons comme objectif d’accueillir 27% d’étudiants boursiers. Aujourd'hui nous en accueillons 22%, ce qui est déjà bien, mais nous voulons aller plus loin.

Votre école est impliquée dans l’I-Site et s’engage aux côtés de CY Cergy Paris Université. Comment travaillez-vous ensemble ?

L'Essec est aussi une école du territoire. Nous travaillons main dans la main sur le projet de l’I-Site et notamment sur ces questions de transitions écologiques et sociales. Nous venons par exemple de passer l’évaluation BSIS avec les acteurs du territoire pour voir quel est notre impact financier localement.

Plusieurs scénarios semblent se dessiner pour la rentrée 2020 dans la plupart des établissements. Quels sont les enjeux de votre côté ?

Nous avons notamment comme sujet d’incertitude de savoir si les étudiants internationaux vont pouvoir venir en France, que ce soit pour l'obtention du visa ou en raison d'une appréhension psychologique du fait de la crise sanitaire. Par ailleurs, nous nous préoccupons évidemment du protocole sanitaire de la rentrée.

Nous avons assuré la continuité pédagogique dès le début du confinement, avec une semaine de décalage pour des questions humaines et notamment permettre aux étudiants internationaux de rentrer chez eux.

Pour la rentrée, nous prévoyons effectivement d’adapter les cours avec des approches hybrides entre présentiel et distanciel. Nous équiperons 100% des salles pour qu’à la fin du premier trimestre les étudiants puissent être à 100% en présentiel, 100% à distance ou en dual. Dans ce contexte il est important de définir comment le numérique va enrichir l’expérience pédagogique de l’étudiant.

Dahvia Ouadia | Publié le