"2,01* ; 1 000 000** ; 22%*** ; 40%****... ou la fâcheuse habitude d'entendre parler de la jeunesse par des taux, des pourcentages, des graphiques, des valeurs absolues, la plupart du temps alarmistes. Et la valeur des individus, la valeur de la parole des jeunes citoyens, de leur rôle dans et pour la société : quelle donnée statistique nous la révèle ? Aucune !
Bien que les chiffres soient des repères indispensables pour les pouvoirs publics, nécessaires pour dresser un état des lieux général, ils ne suffisent pas. La jeunesse n'est pas une science exacte. Nous ne pouvons faire l'économie des témoignages, des récits de vie, de la confrontation avec les quotidiens. Je dis bien « les quotidiens ». Parce que non, le jeune « témoin » n'existe pas.
C'est vrai, les Françaises et les Français entendent parler de la jeunesse. Mais entendent-ils parler la jeunesse ?
Ont-ils conscience de qui elle est vraiment ? Prenons l'exemple de l'hyperconnexion des jeunes : elle ne fait pas forcément d'eux une génération de « geeks » repliés sur eux-mêmes. Ce cliché cache la vitalité et la créativité de la majorité. « On dit » que la jeunesse est casanière : dans les faits elle exprime au contraire son goût pour la découverte, son ouverture d'esprit et son besoin d'indépendance. « On dit » qu'elle est dépolitisée : or elle se bat, en nombre, pour alerter, faire connaître et reconnaître ses combats et ses engagements.
La réalité est tellement paradoxale. Les jeunes, les mieux à même de mettre des mots justes sur la vie qu'ils mènent, ne sont pourtant entendus. Ils ne sont tout simplement pas ceux que l'on écoute. Or, nous ne pourrons apporter des réponses adaptées qu'à des difficultés relevées par ceux qui les vivent au quotidien."
* Le taux de fécondité en France, n°2 en Europe
** Le nombre de jeunes en situation de grande précarité
*** Le pourcentage de jeunes dans la population active
**** La part des jeunes parmi les chômeurs
