Enseignement supérieur : le manifeste des villes moyennes

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La fédération des villes moyennes a consacré, mercredi 17 avril, ses 4èmes rendes-vous de l'intelligence locale à l'enseignement supérieur et la recherche. Alors que les débats parlementaires vont débuter sur le projet de loi ESR, la FVM veut démontrer, à travers un manifeste et des propositions, comment l'enseignement supérieur de proximité est une des clés de la compétitivité.

"Soucieuses de l’avenir de leur bassin de vie, les villes moyennes ont compris très tôt le rôle essentiel de la formation et de l’innovation pour le développement économique et social. Les maires des villes moyennes ont impulsé une dynamique de projets et consacrent des financements (investissements et frais de fonctionnement) très importants en faveur des formations universitaires et de la recherche appliquée. Ils investissent également dans l’amélioration des conditions de vie étudiante. Ils contribuent enfin au rapprochement entre deux mondes traditionnellement éloignés : l’université et les entreprises.

Les villes moyennes et leurs intercommunalités accueillent 20% de la population étudiante. 36,4% des jeunes en STS et près de 41% de ceux en IUT. Elles sont le siège de 264 sites d’enseignement supérieur, dont 19 universités de plein exercice ou assimilées et 126 sites de proximité appelés « antennes universitaires ». Le succès des sites d’enseignement supérieur dans les villes moyennes et leurs intercommunalités tient à un investissement continu et volontaire des élus qui jouent un rôle essentiel pour créer les conditions d’un travail commun mobilisant tous les acteurs. L’enseignement post-bac dans ces villes contribue à l’équilibre sur le territoire d’une offre diversifiée de formations. Il répond aussi à une finalité sociale d’accessibilité  à l’enseignement supérieur, y compris universitaire.

OUVERTURE SOCIALE ET PERFORMANCE

La volonté de démocratiser l’enseignement supérieur, la saturation des grands pôles universitaires, ainsi que le projet d’un développement économique dynamique sont à l’origine du choix des maires d’implanter, dès les années 80, des formations universitaires dans les villes moyennes.

La réussite des étudiants est un enjeu éducatif et économique. Elle constitue aussi un enjeu de justice sociale car elle est très inégalement répartie. La proximité permet l’accès aux formations post-bac à des jeunes qui n’auraient pu suivre de cursus pour des raisons principalement financières. L’enseignement supérieur dans les villes moyennes fait la part belle à l’ouverture sociale. Le taux d’étudiants boursiers y est bien supérieur à la moyenne nationale (38% de boursiers à Agen, 50% à Castres et Albi, par exemple).

 La spécificité de l'enseignement supérieur en villes moyennes tient à l’existence d’une large palette de formations, à la présence de laboratoires et à un transfert de technologie vers les entreprises facilité par la proximité. Il tient aussi au tissu économique de ces villes et agglomérations, caractérisé par un réseau dense de PME-PMI qui ont besoin d’innovation pour rester compétitives.

 Les sites d’enseignement post-bac des villes moyennes, et notamment les antennes universitaires, procurent une valeur ajoutée réelle, des cursus attractifs, une cohérence entre offre de formations et tissu économique. Les effets bénéfiques sont indéniables pour les étudiants : qualité de l’accueil, effectifs à taille humaine, proximité des employeurs, et des taux de réussite supérieurs à ceux constatés dans les grandes villes.[…]

La loi LRU n’a pas suffisamment pris en compte l’atout des synergies entre les acteurs et la nécessité de leur permettre de participer à la gouvernance et à la définition des stratégies.


L’EXCELLENCE TERRITORIALE POUR LA VISIBILITE INTERNATIONALE

 […] L’enseignement supérieur, hors des capitales régionales, est souvent assimilé par le monde académique à l’aménagement du territoire qui, pour certains, ne relève pas des missions de l’enseignement supérieur… La FVM soutient une tout autre approche, fondée sur les faits : l’excellence territoriale est un atout, complémentaire de l’excellence internationale.

L’argument du surcoût des sites déconcentrés, qui ne repose sur aucune évaluation globale, peut être combattu par une meilleure coordination des structures d’enseignement et de recherche pour mutualiser le fonctionnement, les actions et les besoins. Sans oublier que les collectivités locales s’impliquent financièrement dans les sites, réduisant d’autant le supposé surcoût de la déconcentration, du moins pour les universités […].

La gouvernance partenariale des sites est essentielle à leur développement et à leur cohérence avec leur environnement. Mais la loi LRU n’a pas suffisamment pris en compte l’atout des synergies entre les acteurs et la nécessité de leur permettre de participer à la gouvernance et à la définition des stratégies.

LA PROXIMITE : CLE POUR L’INNOVATION ET L’EMPLOI

 […] Les implantations d’enseignement supérieur et de recherche constituent un soutien au tissu économique en créant des emplois qualifiés dont les entreprises ont besoin. Étant au plus près des filières locales de l’industrie et des services, elles constituent un acteur majeur du transfert de technologie. Et réciproquement, la proximité au milieu économique est un atout pour la recherche en procurant des terrains d’expérimentation, source de financements exceptionnels, permettant de faire remonter la demande économique et sociale.

La compétitivité et l’innovation dépendent ainsi largement du dialogue et des partenariats engagés par les collectivités locales, les entreprises et les structures d'enseignement et de recherche fondamentale et appliquée. La mise en place d'une gouvernance partenariale et locale est essentielle pour favoriser l'anticipation, la réactivité et la cohérence avec les évolutions économiques et sociétales."

Lire l'intégralité du manifeste de la FVM et l'ensemble de ses propositions.

 

Des propositions de la fédération des villes moyennes

 

- Ajouter dans les missions de service public de l’enseignement supérieur et de la recherche la dimension de "cohésion territoriale" et pas seulement l’attractivité du territoire national.

 - Rendre obligatoire l’association de la région et des autres collectivités territoriales aux contrats pluriannuels d'établissement.

 - Permettre aux collectivités locales « financeurs » de participer à la gouvernance et à la définition de la stratégie universitaire.

 - Conforter les formations post-bac dans les sites de proximité et, en particulier, les implantations universitaires, pour atteindre l’objectif de 50% d'une classe d'âge diplômés du supérieur.

 - Demander à la Cour des comptes de réaliser un audit sur les coûts réels complets et l’efficience des formations universitaires "délocalisées".

 - Réformer le système d’allocation de moyens aux universités dans une logique de démocratisation de la réussite.

 - Évaluer et valoriser l’impact de proximité des écoles d’ingénieur et des écoles professionnelles spécialisées, qu’elles soient publiques ou privées.

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