Écoles d'avocats : verdict rendu pour la réforme de l'examen d'entrée

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Écoles d'avocats : verdict rendu pour la réforme de l'examen d'entrée
Les IEJ continueront à être des centres d'examen et à prendre en charge la correction des épreuves, l'élaboration des sujets des oraux et la nomination des jurys. // ©  Denis Allard/REA
Annoncée en décembre 2015 par Thierry Mandon, la réforme de l’examen d’entrée en école d’avocats était déjà actée, mais les modalités pratiques de sa mise en œuvre en 2017 restaient en suspens, suscitant l’inquiétude des IEJ. Ces derniers conservent finalement un certain nombre de prérogatives.

C'était l'une des grandes inquiétudes des 44 IEJ (Instituts d'études judiciaires), qui pilotent aujourd'hui, de A à Z, leurs examens d'entrée en école d'avocats. Avec la création d'un examen national à la rentrée 2017, allaient-ils devenir de simples exécutants chargés d'organiser des épreuves devenues nationales ?

Le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a tranché et maintient un certain nombre de prérogatives à ces instituts. Thierry Mandon les a détaillées lors d'une journée de formation du barreau parisien, jeudi 7 juillet 2016. Chaque année, près de 10.000 étudiants présentent ces examens à l'issue du M1 et ils sont environ 3.500 à être reçus.

LES IEJ, centres d'examen

À la rentrée 2017, première année d'application de la réforme, les IEJ continueront à être des centres d'examen et à prendre en charge la correction des épreuves, l'élaboration des sujets des oraux et la nomination des jurys.

"Nous sommes soulagés", indique à EducPros Pierre Crocq, président de l'association des IEJ. "Nous craignions une disparition de certains instituts mais leur maintien en tant que centres d'examen les protège a priori. C'est une décision importante pour le respect du maillage territorial", estime-t-il.

Création d'une commission nationale

Les épreuves d'admissibilité, communes à tout le territoire, ainsi que les grilles de correction, seront élaborées par une nouvelle commission présidée par un universitaire, et composée pour moitié d'universitaires et pour moitié d'avocats.

Qui plus est, afin de mettre fin au mélange des genres actuel – les enseignants des IEJ élaborent les examens tout en préparant leurs étudiants –, "les membres siégeant dans cette commission ne pourront pas enseigner dans une école de préparation à l'examen d'entrée, qu'elle soit publique ou privée", précise le cabinet de Thierry Mandon.

En termes de calendrier, Pierre Crocq souligne la nécessité de mettre en place, "au plus vite", cette commission, qui "devra se mettre au travail dès l'automne pour régler les nombreux détails pratiques de la réforme". Un décret et un arrêté devraient être publiés en juillet 2016.

Dix ÉPREUVES AU LIEU DE seize

Pierre Crocq se réjouit également de la réforme du contenu des épreuves. Celles-ci passeront de 16 à 10, et de nombreuses options seront supprimées. "On se recentre sur les matières les plus importantes. Le choix des options donnait lieu, de la part des étudiants, à des stratégies qui réduisent la sélectivité des examens et introduisent des biais entre candidats", explique Pierre Crocq.

"L'objectif est de renforcer l'égalité entre étudiants", insiste-t-il. Les épreuves d'admission seront également rénovées et comprendront deux oraux : un oral d'anglais et un grand oral de droits et libertés fondamentaux.

Cette réforme que le Conseil national des barreaux (CNB) appelait de ses vœux depuis 2013 devrait permettre d'"harmoniser les compétences des avocats", estime Pascal Eydoux, président du CNB. Actuellement, avec 44 examens, préparés et corrigés par les 44 IEJ, "les disparités entre centres, et notamment en termes de taux de réussite, sont grandes".

Un calendrier des épreuves national

Le nouvel examen suivra un calendrier national, "fixé une fois pour toutes", précise le cabinet du secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon. Une mesure dont "l'objectif est d'accroître, encore une fois, l'égalité entre les étudiants", en permettant à l'ensemble des reçus d'accéder aux stages en cabinet d'avocats en même temps.

Les écrits auront lieu le 1er septembre de chaque année et les oraux le 2 novembre. La proclamation des résultats se fera quant à elle le 1er décembre pour tous les IEJ.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le