Dauphine ouvre sa licence à Londres pour retenir les lycéens français à l'étranger

Étienne Gless Publié le
Dauphine ouvre sa licence à Londres pour retenir les lycéens français à l'étranger
Université Paris Dauphine © B. Dimet // © 
Se rapprocher des lycéens français à Londres pour ne pas les laisser échapper à la concurrence des universités sélectives anglaises. C'est l'objectif poursuivi par Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine, en ouvrant à la rentrée 2014 une antenne dans la capitale britannique pour sa première année de licence économie et gestion.

Officiellement, l'université Paris-Dauphine ouvre un parcours international de licence à des étudiants de toutes nationalités. Mais en réalité, ce sont bien les lycéens français de Londres qui sont ciblés en premier lieu par cette possibilité offerte de suivre le cursus Dauphine sur leur lieu de résidence, dans un environnement international.

"Les lycéens français à Londres voient que les universités britanniques sélectives fonctionnent bien. La perspective de revenir à Paris s'inscrire dans une classe prépa ne les enthousiasme guère. Pas plus qu'elle n'enthousiasme leurs parents", constate Laurent Batsch. Pour le président de Dauphine, pas de doute : l'ouverture de la première année en licence d'économie et gestion répond à une demande potentielle forte.

La capitale londonienne concentre quelques 8 à 9.000 lycéens français. Outre le lycée français Charles de Gaulle, un second doit ouvrir à Wembley à la rentrée 2015.

Ce parcours international répond au souhait des pouvoirs publics d’attirer vers l’enseignement supérieur français les bacheliers des lycées français de l’étranger (L.Batsch)

Dauphine, spécialisée dans les sciences de gestion, ne souhaite pas voir les meilleurs lycéens s'inscrire dans les universités anglaises ou même américaines. Une préoccupation qui rejoint celle du gouvernement, d'après Laurent Batch : "Ce parcours international répond au souhait des pouvoirs publics d’attirer vers l’enseignement supérieur français les bacheliers des lycées français de l’étranger. L'idée, c'est de se rapprocher d'eux pour ne pas les voir s'échapper".

Les 30 à 35 élèves de la première promotion seront recrutés parmi les bacheliers issus des lycées français de l'étranger en particulier ceux de Londres, mais les résidents du Royaume-Uni, titulaires du bac britannique, pourront également postuler. Concrètement, ils feront leurs classes dans les locaux mis à disposition par l'institut français de Londres près du lycée Charles de Gaulle.
Quatre semestres durant, ils étudieront les fondamentaux en économie, droit, gestion ou langues et civilisation. Pour leur troisième année de licence, ils devront ensuite soit rejoindre le campus parisien de Dauphine, soit partir dans l'une des universités partenaires, dans le cadre d'un double diplôme.
Côté enseignants, Sylvie Rolland, maître de conférences en marketing, qui assure la direction scientifique de la chaire performance des organisations à Dauphine, va s'installer à Londres à temps plein pour diriger ce projet. Reste cependant à financer celui-ci.

des frais d'inscription de 9.000€ par an

"Le programme devra s'autofinancer car nous ne recevons aucune subvention publique", explique Laurent Batsch. Pour y parvenir, les frais d'inscription à Dauphine Londres seront calés sur le prix de la scolarité au lycée français, estimés à 9.000€.
Une bonne affaire pour les étudiants ? Oui , assure le président de Dauphine qui chiffre à environ 12.000£ (14.200€) le montant annuel des frais d'inscription dans une université londonienne. "On mobilisera aussi les ressources de la Fondation Dauphine, les donateurs seront sollicités", confie le président de l'université qui compte "équilibrer le projet cette première année, mais pas faire de marge".

Au-delà de la question de la rentabilité, l'implantation de Dauphine à Londres doit lui permettre de peaufiner sa politique volontariste à l'international. L'université, "qui joue dans la cour des grandes écoles" comme le dit son président, avait déjà ouvert en 2009 à l'étranger un premier campus, l'institut Tunis Dauphine. Si les bénéfices en termes d'images peuvent être tentants, difficile, cependant, pour d'autres universités de reproduire ce modèle, alors que nombre d'entre elles traversent une période de disette budgétaire.

Étienne Gless | Publié le