Démission à l'IAE de Caen : un contrat avec l'université pour sortir de la crise

Cécile Peltier Publié le
Démission à l'IAE de Caen : un contrat avec l'université pour sortir de la crise
IAE de Caen // ©  Université de Caen Basse-Normandie
Un contrat d’objectifs et de moyens. C'est la solution prônée par la direction de l'IAE démissionnaire et acceptée par la présidence de l'université pour résoudre le conflit qui les oppose depuis fin février 2015. En jeu : de nouvelles dispositions en matière de formation continue pour faire face au manque "chronique" de moyens. 

La discorde entre la direction de l'IAE (institut d'administration des entreprises) démissionnaire et l'université de Caen Basse-Normandie est en phase de résolution, après la rencontre mercredi 4 mars 2015 du président, Pierre Sineux, et d'une délégation de l'institut. "Nous allons vers un contrat d'objectifs et de moyens pour l'IAE, et le texte permettant de fixer les axes stratégiques partagés est presque finalisé", précise Stanislas Hommet, vice-président délégué à la communication de l'université. Un dispositif réclamé par la direction de l'IAE, susceptible de lever les difficultés pointées en matière de formation continue en lui rendant de l'autonomie.

Le directeur de l'institut, Pascal Aurégan, et ses trois directeurs délégués (Sandy Campart, Jean-Marie Briquet et Albéric Tellier), ont quitté leurs fonctions le 24 février 2015 à la suite d'une série de différends avec l'université. Principal point de blocage : l'application du nouveau cadre réglementaire indemnitaire en matière de formation continue, voté le 30 janvier par le CA de l'université dans le cadre des compétences élargies.

"Sous-dotation chronique"

La direction démissionnaire ne conteste pas ce nouveau cadre, à l’élaboration duquel elle a participé, mais les rigidités qu’il génère dans la gestion quotidienne de la formation continue, pour laquelle elle disposait jusqu’ici d’une certaine autonomie. Cette activité est centrale et rémunératrice pour l'institut qui revendique "plus de 3 millions d’euros de recettes propres". Le nouveau cadre et l’informatisation qui s’ensuit mettent fin à des pratiques – tel le dépassement du plafond indemnitaire légal, etc. – qui permettaient dans un contexte de "sous-dotation chronique de postes d’enseignants-chercheurs et de contractuels" de gérer la pénurie.

"Alors qu’avec des effectifs relativement modestes – une quarantaine d’enseignants-chercheurs permanents pour près de 2.000 élèves – il était par exemple déjà extrêmement difficile de répondre à la demande des entreprises en matière de formation continue, ce nouveau cadre réduit de beaucoup notre marge de manœuvre en termes horaires”, déplore Pascal Aurégan.

"Nous devons, faute de moyens, renoncer à certains projets de formation continue, mais aussi de formation initiale, et de recherche",  ajoute Sylvie Cieply, maître de conférences à l’IAE et représentante SGEN-CFDT. Autre problème pointé : le manque de rapidité dans la prise de décision met l’IAE en position de faiblesse par rapport aux écoles de commerce, ses concurrentes directes sur le secteur de la formation continue.

retrouver de la souplesse

La rédaction d'un contrat d’objectifs et de moyens doit résoudre ces difficultés. À la clé : un certain nombre de délégations possibles en matière financière ; des délégations de gouvernance et de recrutement de contractuels administratifs et enseignants (sur les ressources propres dégagées) en matière de formation continue... "Cela nous permettrait par exemple d’éviter d’aller demander la permission chaque fois que nous avons besoin d’un poste de contractuel et de travailler de manière plus souple sur nos conventions avec les entreprises", illustre Pascal Aurégan. "Ce texte va être l’occasion de définir ensemble et sur plusieurs années des objectifs en matière de formation continue et les moyens nécessaires pour les mettre en œuvre. C’est une bonne nouvelle !", confirme Stanislas Hommet.

Malgré ces avancées, le directeur démissionnaire refuse de se prononcer sur un éventuel retour à son poste : "Je ne veux pas faire de ce dossier une affaire de personnes, l’intérêt de ce travail est de remettre les choses à plat. On verra où nous en sommes lors de la réunion du comité d’institut le 31 mars, date effective de notre démission."


Cécile Peltier | Publié le