L'Institut Montaigne veut supprimer le ministère de l'Enseignement supérieur

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L'Institut Montaigne veut supprimer le ministère de l'Enseignement supérieur
Le rapport de l'Institut Montaigne propose de supprimer le ministère de l'Enseignement supérieur pour le remplacer par deux agences indépendantes // ©  Camille Stromboni
Augmenter les droits d'inscription en licence à hauteur de 500 €, proposer des formations pluridisciplinaires et sélectives, et remplacer à terme le secrétariat d'État à l'Enseignement supérieur par deux agences indépendantes. Dans un rapport sans concession publié jeudi 2 avril, l'Institut Montaigne formule des propositions chocs pour faire évoluer l'université.

Remplacer à terme le secrétariat d'État à l'Enseignement supérieur par deux agences indépendantes, l'une chargée de l'allocation des moyens aux universités et l'autre de leur évaluation : c'est l'une des propositions avancées par l'Institut Montaigne dans un rapport rendu public jeudi 2 avril 2015 et consacré à "une nouvelle ambition" pour l'université.

Préfacé par Christian Forestier et rédigé par Jean-Marc Schlenker, ancien président du comité de suivi de la loi LRU, ce document de 70 pages dresse un bilan sévère de quinze ans de réformes de l'enseignement supérieur : "Le système français a atteint un tel niveau de complexité qu'il en est devenu illisible. Les réformes successives de l'enseignement supérieur n'ont cessé d'ajouter de nouvelles instances (Pres, Comue...) sans expliquer la cohérence d'ensemble du système", relève l'Institut Montaigne. Le rapport dénonce encore "l'hypocrisie et le gâchis" d'un système qui pratique massivement la sélection par l'échec tout en se défendant de toute forme de sélectivité.

augmentation des droits d'inscription dès la licence

Le rapport avance des propositions fortes en termes d'organisation des enseignements, de gouvernance et de gestion des ressources enseignantes. Première des préconisations : la mise en place de filières interdisciplinaires et sélectives "comportant des exigences plus fortes, et pour lesquelles la validation de prérequis sera une condition nécessaire à l'inscription", "l'augmentation des droits d'inscription en licence, de façon à ce qu'ils atteignent environ 500 € par an", et des droits libres en master, enfin des droits d'inscription plus élevés pour les étudiants non communautaires, une idée avancée fin janvier par France Stratégie.

Soulignant l'importance de créer "une communauté de destin" au sein des universités, le rapport propose de "faire converger les statuts des enseignants et des chercheurs à l'université sur la base d'une annualisation de leur temps de travail", en les soumettant à des "procédures d'évaluation régulières et transparentes".

S'agissant de la gouvernance des établissements, le rapport prône "un système véritablement incitatif d'allocation des moyens", la revalorisation de la part allouée selon les indicateurs de performance, et l'allègement de "l'emprise de l'administration centrale" sur les établissements. Dernier volet du rapport : le renforcement de l'université comme "outil de rayonnement des territoires" via le rapprochement avec les entreprises, le développement d'une culture managériale et le rôle assumé de formation initiale et continue d'un bassin de population donné.

Ce rapport de l'Institut Montaigne ne mésestime pas l'ampleur du chantier et des transformations qu'il suggère. Mais, comme l'écrit Christian Forestier dans son avant-propos, pointant les "dysfonctionnements du système éducatif" dont hérite l'université : "Il n'est désormais plus possible de différer ces réformes au prétexte que le système éducatif dans son ensemble ne se transforme pas."

Lire le rapport de l'Institut Montaigne "Université : pour une nouvelle ambition"

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