Insertion des jeunes femmes ingénieurs : les écarts de salaires toujours aussi flagrants

Sandrine Chesnel Publié le
Insertion des jeunes femmes ingénieurs : les écarts de salaires toujours aussi flagrants
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Les jeunes femmes ingénieurs ne s’orientent pas toutes en priorité vers les spécialités qui leur garantissent la meilleure insertion professionnelle et le meilleur salaire. C’est le principal enseignement de l’étude « Mutationnelles 2011 » (1), commandée par Orange. Une radiographie des femmes ingénieurs et scientifiques en France qu'EducPros publie en exclusivité.

Alors que l’agroalimentaire et la chimie comptent parmi les secteurs qui les rémunèrent le moins bien comparativement aux hommes, les jeunes femmes aspirantes ingénieurs continuent, année après année, à placer ces secteurs dans leur trio de tête quand elles choisissent leur spécialité, puis plus tard, leur emploi. Dans le détail, l’écart salarial entre les garçons et les filles atteint 60% dans l’agroalimentaire et 50% dans l’industrie pharmaceutique, quand il n’est « que » de 18% tous secteurs confondus.

Des salaires inférieurs de 1% à… 60%

Des chiffres qui ne semblent pas affoler les entreprises qui emploient des ingénieurs, puisqu’en 2010 elles ont globalement engagé moins d’actions en faveur de la parité qu’en 2009. Celles qui font le moins d’efforts dans ce domaine sont celles des médias, du secteur du bois, du papier et de l’imprimerie, ainsi que celles du secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche.

Un secteur d’activité réussit quand même à atteindre le Saint-Graal – l’égalité salariale entre les hommes et les femmes : il s’agit des télécoms, où l’écart de salaire est égal à un tout petit 1%. C’est aussi dans celui-ci que les femmes ingénieurs sont les mieux rémunérées, avec un salaire médian brut de 58.000 €.

Plus globalement, en 2010, le secteur du numérique (production de matériels, services informatiques, télécommunications) a été le premier secteur recruteur de femmes ingénieurs, devant l’agroalimentaire et la chimie (même palmarès pour les hommes ingénieurs). C’est donc logiquement dans ce secteur que le taux de femmes ingénieurs à la recherche d’un emploi est le plus faible : seulement 5%, contre une moyenne de 7,2% pour l’ensemble des femmes ingénieurs.

Des choix d’orientation malheureux

Autre enseignement de cette étude très détaillée : année après année, les filles continuent de s’orienter vers les filières qui ne sont pas les plus créatrices d’emplois. En 2010, 35% ont obtenu un diplôme dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la chimie où l’employabilité est moyenne. À l’inverse, la filière des nouvelles technologies de l’information et de la communication, bien qu’étant parmi les plus porteuses en termes d’emplois, attire moins d’étudiantes qu’il y a trois ans (– 5% de femmes formées dans cette filière entre 2007 et 2010).

En conséquence, la proportion de femmes en recherche d’emploi reste supérieure à 7%, alors que davantage de femmes ingénieurs ont été recrutées en 2011 par rapport à 2010.

(1) L’étude « Mutationnelles » est réalisée par Global Contact pour Orange à partir de données issues des enquêtes annuelles du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF) et de la Conférence des grandes écoles (CGE).


Femmes/hommes : le grand écart

• Les 3 secteurs d’emplois où elles sont le mieux rémunérées :
– les télécommunications (58.139 € brut) ;
– l’énergie (57.500 € brut) ;
– la finance (55.038 € brut).

• Les 3 secteurs d’emplois où ils sont les mieux rémunérés :
– l’hébergement et la restauration (73.000 € brut) ;
– l’énergie (72.826 € brut) ;
– l’industrie chimique (69.970 € brut).

Où travaillent les femmes ingénieurs ?

La répartition des femmes ingénieurs par secteur rejoint à quelques nuances près celle des hommes : on les retrouve majoritairement dans les SSII (7,6% des effectifs de femmes ingénieurs), dans la fabrication de matériels de transport et l’aérospatial (7,3%) et dans les activités d’ingénierie (6,4%).

Dans le trio de tête des secteurs côté masculin, figurent aussi les SSII, le transport et l’aérospatial, mais en troisième place ex æquo arrivent l’armement et la construction.

Sandrine Chesnel | Publié le