Stages hors-cursus interdits : ce qui a changé dans les universités

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Stages hors-cursus interdits : ce qui a changé dans les universités
Bibliothèque de l'université Le Havre © C.Stromboni - mai 2011 // © 
Plus d’un an après le vote du décret interdisant les stages "hors-cursus", où en sont les universités ? Après le casse-tête des premiers mois, les établissements se sont organisés - sans la circulaire promise – en interprétant cette interdiction de manière souple. A l’heure où le stage est encouragé dès la licence, sans pour autant être obligatoire.

Une vigilance renforcée. C’est le principal impact du décret interdisant les stages hors-cursus de l’été 2010, après une période de tâtonnement pendant laquelle certaines universités avaient arrêté de signer les conventions de stage quand ces derniers n’étaient pas obligatoires.

Michel-Henri-Gensbittel-Paris4-SorbonneDes enseignants vérifient le lien entre le stage et la formation

La condition exigée par les universités est simple : le stage doit être en lien avec la formation. Côté contrôle, les enseignants sont de plus en plus mis à contribution pour évaluer ce lien, accompagnés du bureau de stage.

"Un enseignant titulaire de l’UFR doit en attester, indique Michel-Henri Gensbittel, chargé de mission sur l’insertion professionnelle auprès du président de la Sorbonne. Il est le tuteur pédagogique de l’étudiant, et réalise le suivi et l’évaluation du stage."

Mise en place des évaluations post-stage ...

L'évaluation post-stage, inscrite dans le décret , est une autre pratique qui s’est développée pour ces stages optionnels. "L’objectif est d’aider les étudiants à tirer le meilleur parti du stage, en prenant bien conscience des compétences acquises", note le responsable de Paris 4. "Un retour qui n'existait pas auparavant", indique Jean-Louis Colin, vice-président CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire) de l’université Paris 7.

Jean-Louis-Colin-université-Paris7... avec plus ou moins de succès

A Poitiers, la vice-présidente Formation, Françoise Lambert, reconnait tout de même un bémol : seule la moitié des 250 étudiants, inscrits dans un DU « stage » [diplôme d’université – destiné aux étudiants inscrits dans un autre cursus de l’établissement], a été réellement évaluée (via un rapport de stage plus ou moins conséquent selon la durée du stage, de 1 à 6 mois).

"Nous sommes en train de travailler avec les responsables pédagogiques pour résoudre cela", indique-t-elle. La faible volonté des étudiants d’obtenir ces DU pourrait expliquer cette désaffection.

Des stages inclus ou non dans les maquettes, avec ou sans ECTS

Ces stages facultatifs prennent différentes formes selon les universités.

"Le stage est forcément inscrit dans la formation comme un stage optionnel", indique Michel-Henri Gensbittel pour la Sorbonne, où l’obtention de crédits ECTS dépend des UFR.

A Paris 3, le stage est l’une des options au sein de l’UE professionnelle obligatoire. A Paris 7, ces stages non-obligatoires ne sont pas inscrits dans les maquettes le plus souvent. L'établissement souhaite amplifier leur intégration dans les maquettes afin d'assurer l’obtention de credits ECTS.

A Poitiers, deux possibilités sont ouvertes : les DU "stages" (qui ne donnent donc aucun ECTS) et une UE libre en licence, avec 3 ECTS à la clé. Aucun étudiant n’a pourtant choisi cette UE.

"C’est un problème de transition, le tournant a été un peu rapide, note la vice-présidente Formation. Il s’agit également d’une question pratique : nous avons banalisé, pour cette UE libre, des créneaux trois soirs par semaine, ce qui permet facilement de suivre un cours mais qui est plus compliqué pour un stage."

Le problème du calendrier va se poser en licence

Ce problème concret risque de se poser également pour la mise en place du nouvel "arrêté licence", qui encourage les stages des la licence .

"Pour les master 2 professionnels, des périodes sont aménagées pour les stages. Mais en licence, je pense que cela va être très difficile de trouver assez de temps dans l’année universitaire, estime Patrick Fargès, responsable du BAIP (bureau d’aide à l’insertion professionnelle) de l’université Paris 3. Nous allons regarder, formation par formation, comment alléger les emplois du temps, mais il n’est pas sûr que cela soit possible."

D’autant que l’aménagement de plusieurs mois pour un stage suppose qu'un nombre suffisant d’entreprises jouent le jeu, en embauchant ces jeunes étudiants en stage...

Le décret a-t-il mis fin aux inscriptions fictives à l’université ?

Lire notre dossier sur letudiant.fr : Réussir son stage étudiant

Une année de césure à l’université ?

Reste une option en suspens, prévue par le décret : la possibilité de faire une année de césure, comme en école de commerce. A notre connaissance, aucune université ne l'a, pour l'instant, mise en place.

"Nous y réfléchissons avec nos collègues du PRES Paris Cité et à la conférence des vice-présidents CEVU. Mais nous ne voyons pas comment inventer des frais de scolarité pour une année de ce type", indique Patrick Fargès, responsable du BAIP de l’université Paris 3.

Lire aussi

"Une fois n’est pas coutume, et quitte à déparer quelque peu dans le monde feutré de l’enseignement supérieur, j’ai envie de vous exposer ici les raisons d’une exaspération qui sourd en moi depuis quelque temps."

La tribune de Xavier Cornu, directeur général délégué (enseignement – recherche – formation) de la CCIP : Halte-là, cessons de dévoyer la pratique des stages !

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