À l'université Versailles-Saint-Quentin, le gel des emplois ne passe pas

Morgane Taquet Publié le
À l'université Versailles-Saint-Quentin, le gel des emplois ne passe pas
Seulement 19 postes ouvriront en 2017 à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. // © 
L'UVSQ vient d'approuver un budget 2017 à l'équilibre, après plusieurs années de tension budgétaire. Un budget qui ne satisfait pas l'intersyndicale CGT/Snesup qui appelle à un dégel des emplois.

"La santé financière me semble saine, mais les marges de manœuvre sont extrêmement réduites." C'est ainsi que le président de l'UVSQ, Didier Guillemot, qualifie la situation financière de son université, suite au vote de son budget 2017, mardi 6 décembre 2016. Une centaine de manifestants, selon le Snesup, s'est réuni à l'occasion du conseil d'administration pour protester contre les mesures budgétaires, à l'appel d'une intersyndicale CGT/Snesup.

"Ma responsabilité de président est de proposer un budget à l'équilibre qui puisse être accepté par le recteur. C'est-à-dire que les dépenses prévisionnelles ne doivent pas dépasser les recettes prévisionnelles. Évidemment, cela ne laisse pas beaucoup de marges de manœuvre", concède Didier Guillemot.

Selon le président, le déficit représenterait 7,4 millions d'euros si toutes les demandes des UFR avaient été prises en compte. Après avoir frôlé la cessation de paiements en novembre 2013 et traversé une crise sans précédent, l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines en termine cette année avec son plan progressif de retour à l'équilibre et vote, en 2017, un budget initial sans déficit.

UNE CAMPAGNE D'EMPLOIS INSUFFISANTE

C'est la campagne de recrutement qui cristallise les tensions. Selon le budget voté mardi, 19 postes sont ouverts : six d'enseignants, six d'enseignants-chercheurs et sept de personnels BIATSS (bibliothécaires, ingénieurs, techniciens de service et de santé). S'y ajoutent 25 postes ouverts à la titularisation dans le cadre de la loi Sauvadet.

"La campagne d'emplois est quasi-nulle alors qu'il y a plus de 60 départs en retraite", rappelle Brigitte Chauvin, enseignante-chercheuse au laboratoire de mathématiques à l'UVSQ et secrétaire de la section Snesup de Versailles.

Les postes existent, mais l'université ne souhaite pas les pourvoir, et préfère recruter des contractuels dans certaines composantes : "depuis trois ans, 200 postes ont été gelés", ajoute Brigitte Chauvin. L'intersyndicale demande la création d'"au moins 20 postes de BIATSS et 20 postes d'enseignants-chercheurs en 2017, ainsi qu'un plan de dégel sur trois ans de l'ensemble des postes gelés depuis 2013."

Je préfère solder la dette.
(D. Guillemot)

"La campagne d'emplois n'est clairement pas satisfaisante au regard des besoins, admet le président. J'aurais évidemment souhaité offrir plus, mais le budget ne le permet pas." Et d'insister sur la question du sous-encadrement. "Nous avons affûté nos arguments auprès du ministère et nous avons été entendus. L'UVSQ pourrait bénéficier de 800.000 euros en masse salariale par an en année pleine", dans le cadre de l'allocation des moyens supplémentaires alloué via l'enveloppe de 100 millions d'euros annoncée par le ministère en juillet dernier. Le président insiste également sur le chantier de déprécarisation mis en place à son arrivée. Il est proposé à tous les personnels employés par l'université en contrat à durée déterminée depuis plus de quatre ans, non pas une titularisation mais un contrat à durée indéterminée.

Sur la question de la dette remboursée à l'État, "1,6 million d'euros ont déjà été remboursés, il reste encore 1,8 million dont 800.000 euros en 2017", affirme le président. Contrairement au souhait de l'intersyndicale, il n'est pas question de la rééchelonner : "Je préfère solder la dette", répond Didier Guillemot. Quant au fonds de roulement, "il est de 29 jours dont 12 jours mobilisables, ce qui est un petit peu en dessous des 15 jours recommandés", ajoute-t-il.

DES PRIMES QUI NE SONT PAS À LA HAUTEUR

Autre élément déclencheur de la mobilisation de personnels, la question des primes, alors que le conseil d'administration a voté le rehaussement du plafond des primes pour les vice-présidents du conseil d'administration mardi 6 décembre 2016.

Le président dit comprendre l'émotion des personnels, mais se veut rassurant. "Il s'agit seulement d'un plafond pour se mettre au diapason des universités voisines, mais l'enveloppe n'a absolument pas été modifiée, il n'y a donc pas d'impact budgétaire."

Et d'insister sur le chantier indemnitaire qui sera ouvert début 2017. "Les primes dans notre université ne sont comparativement pas à la hauteur de celles de nos voisines. Il s'agit de faire un état de lieux et de trouver des options pour améliorer ces primes." D'ici là, l'intersyndicale appelle au boycott du gala des 25 ans de l'établissement et exige la redistribution des économies sous forme de primes aux personnels.

Morgane Taquet | Publié le