Ces associations qui mettent en musique les universités

Aurélie Djavadi Publié le
Ces associations qui mettent en musique les universités
Choeur et orchestre de Sorbonne Universités, mai 2017 // ©  Sorbonne Universités / Léo Andrès
Orchestres et chorales animent la vie culturelle universitaire. Mais ces associations, qui regroupent des amateurs venus de toutes les filières, œuvrent également à la réputation des établissements et à leur dynamique interne. À l'occasion de la Fête de la musique, zoom sur le rôle de la pratique musicale à l'université.

Brême, Bologne, Maastricht ou encore Leipzig : étudiant en histoire à l'université de Strasbourg, Hervé Moritz a déjà vu du pays. Merci Erasmus ? S'il doit bien au célèbre programme européen d'échanges l'un de ces voyages, les autres s'inscrivent dans un tout autre cadre : celui de l'OUS (Orchestre universitaire de Strasbourg), dont il est le président. L'association est membre du réseau européen des orchestres d'université, grâce auquel elle s'implique dans un projet d'envergure internationale par an. En avril 2017, elle était à Louvain, en Belgique. "Cela contribue à la cohésion des 75 participants, ce qui rejaillit sur la musicalité de notre jeu," se réjouit l'étudiant. Et valorise par la même occasion l'image de leur établissement.

Des points à gagner, sur la scène internationale

"Que ce soit en répétition publique à Paris ou en concert en Chine, notre travail reflète des valeurs de partage et d'excellence", assure quant à elle Océane Urgell-Drobnik, administratrice du Cosu (Chœur et orchestre de Sorbonne Universités), l'un des plus importants ensembles musicaux de l'enseignement supérieur, qui affiche au compteur une trentaine de représentations par an.

Et les établissements ne s'y trompent pas : à l'heure où grandit la compétition universitaire mondiale, ils peuvent compter sur ces ambassadeurs de choix. À Aix-Marseille université, dotée depuis 2015 d'un orchestre symphonique, on en est convaincu. "Considérez le top 100 du classement de Shanghai : tous les établissements développent une véritable politique culturelle, assure Robert Fouchet, conseiller "culture" du président Yvon Berland. Les jeunes musiciens apprécient de pouvoir continuer à pratiquer leur art en parallèle de leurs études, et ce, dans de bonnes conditions. C'est un élément d'attractivité, au même titre que le sport."

Considérez le top 100 du classement de Shanghai : tous les établissements développent une véritable politique culturelle.
(R. Fouchet)

Stimuler le dialogue en interne

Vecteurs de rayonnement des universités à l'international, les orchestres peuvent aussi impulser un élan au sein même des établissements. "Ils permettent à des personnes de filières et d'horizons différents de se retrouver autour d'un projet commun. Cela rappelle qu'une université n'est pas une simple juxtaposition de facultés : ce message nous tient à cœur et justifie notre soutien à l'OUS", reconnaît Mathieu Schneider, vice-président culture et sciences en société de l'université de Strasbourg.

À l'université du Maine, Catherine Potel, présidente du chœur, dresse le même constat et tient à souligner le côté intergénérationnel de son association, "accessible aux étudiants comme aux personnels. Ceux qui nous rejoignent restent en général plusieurs années, de sorte qu'à côté des échanges strictement musicaux les plus jeunes trouvent toujours un interlocuteur pour évoquer les questions qui les préoccupent, en matière d'orientation, d'examens ou d'insertion".

Reste que les orchestres ne rassemblent "que" quelques dizaines d'étudiants, dans des campus en accueillant plusieurs milliers... "Nous avons 55 participants dans l'orchestre, 25 dans le chœur et 25 autres dans le jazz band. Si l'on regarde ces chiffres, cela peut sembler restreint, concède Robert Fouchet, mais il se crée en fait une émulation. De plus, l'association, qui accueille aussi bien des ingénieurs et des internes en médecine que des sociologues, rebat le cliché de la culture vue comme la chasse gardée des littéraires."

Un ancrage territorial renforcé

Sans aller jusqu'en Chine, la pratique musicale universitaire consolide aussi et surtout l'ancrage territorial des établissements. C'est le cas à Brest, avec l'orchestre universitaire de la ville. Dirigés par un professeur d'alto du conservatoire municipal, les étudiants de l'ensemble breton ne se contentent pas d'accompagner des événements universitaires. Sollicités par des collectivités, les jeunes bénévoles se sont notamment produits sur la presqu'île de Crozon, lors du Festival du bout du monde.

À Strasbourg, qui s'apprête à accueillir en 2018 le Festival européen des orchestres universitaires, on réfléchit aux liens à créer avec l'orchestre de la ville : "Nous aimerions inviter le chef à parrainer la manifestation et à travailler à la synergie des publics", glisse Mathieu Schneider. "C'est important de montrer qu'une université n'est pas uniquement un lieu de formation et de recherche mais aussi un espace de diffusion culturelle pour la région", conclut Hervé Moritz.

Aurélie Djavadi | Publié le